
Autres informations / 12.02.2009
Jean-louis burgat : « les sociétés de courses doivent se comporter comme un producteur à part entière
LA GRANDE INTERVIEW
Pour parler de l’avenir des
courses à la télévision, la personne la mieux placée est Jean-Louis Burgat. Il
est en effet le seul à avoir une aussi riche expérience des deux univers.
Rappelons qu’avant de devenir producteur d’émissions hippiques (dont La Grande
Course…), il a exercé des responsabilités de tous niveaux sur quasiment toutes
les chaînes. D’abord journaliste politique, il a notamment été à l’origine de
7sur7. Sa société, LéoVision, fait désormais partie du groupe Lagardère.
Jour de Galop. – Votre
société, LéoVision, produit actuellement La Grande Course sur Canal+. Comment
avez-vous ressenti sa décision de ne plus diffuser les Quintés+ ?
Jean-Louis Burgat. – A titre
personnel, ce n’est pas une bonne nouvelle dans l’absolu, puisque LéoVision est
le producteur de l’émission. Mais après tout, j’ai déjà connu trois diffuseurs
différents et, à chaque fois, la transition s’est passée sans difficulté. Si je
raisonne sur un plan plus global, j’aurais souhaité que nous puissions aller
négocier avec les futurs diffuseurs avant que Canal+ n’annonce son retrait.
C’est toujours plus facile de négocier sans pression
Cette décision vous a-t-elle
étonné ?
Je ne connais pas les
motivations profondes de la direction des sports de Canal+. On peut imaginer
que la chaîne veut faire des économies. C’est vrai que les courses ne sont ni
le football, ni le cinéma, ni le film pornographique du samedi soir… Mais
Canal+, c’est une grande soupe, faite de foot et de cinéma, dans laquelle il
faut rajouter du sel. Le sel, ça a été les corridas, le Superbowl, certaines
émissions people. Ce sont ces émissions qui apportent la « petite touche à la
mode ». Les courses ne se sont jamais imposées comme cette petite touche. Mais
quand même ! En France, il y a un constat : 6 à 7 millions de personnes ont
besoin de regarder le Quinté+ et les courses sont, globalement, dans une phase
ascendante. C’est curieux d’arrêter alors que les audiences sont plus fortes
que jamais. Savez-vous que, le dimanche du Prix d’Amérique, la moyenne
d’audience a été aussi haute que les meilleures émissions de la journée, comme
les Guignols de l’Info. Après une période difficile où c’est Canal+Sport qui
diffusait les courses, La Grande Course gagnait 10.000 à 15.000 téléspectateurs
chaque dimanche. Evidemment, il existe encore une possibilité, c’est que Canal+
ait tenté un coup de bluff pour faire monter les enchères…
Doit-on regretter le choix de
Canal+ ?
Pendant longtemps, Canal+ a
apporté tout ce dont les courses avaient besoin. Elle a beaucoup modernisé le
sport hippique, l’a rendu plus sexy. Cette chaîne a un grand talent pour mettre
en scène le sport. A l’époque où Michel Denisot et moi avons tout fait pour que
les courses soient sur Canal, je crois que la mariée était très belle. Sans
mettre en cause les équipes, cela fait quelque temps que Canal+ n’inventait
plus rien, parce les moyens étaient de plus en plus limités. La Grande Course a
par exemple été diffusée en différé pendant les JO…
Aujourd’hui, on ressent un
certain pessimisme dans les courses. Est-il justifié ?
Je pense que non. On nous
pousse à faire la Révolution et c’est une très bonne chose ! Il fallait passer
par là. Le départ va pousser les courses à une réflexion qui tardait à se
lancer. Il faut vite tout reconstruire. Et arrêter de réfléchir comme au temps
du Tiercé de Léon Zitrone, avec une chaîne unique retransmettant une seule
course le dimanche. Le Tiercé de Léon Zitrone est mort depuis bien longtemps.
Il faut oublier tout ce qui s’est développé depuis. Aujourd’hui, en semaine,
les gens qui veulent voir le Quinté+ sont devant leur télé, et non pas sur
l’hippodrome. Il faut donc réfléchir en priorité au « spectacle télé » et non
au « spectacle hippodrome ».
On parle déjà de France
Télévisions pour reprendre le Quinté+. Que pensez-vous de cette piste ?
Effectivement, nous avons
besoin d’une grande chaîne, surtout pour le Quinté+ du dimanche. La priorité
actuelle, c’est d’ouvrir l’audience. Les grilles de rentrée commencent déjà à
se construire. Pour la grosse émission, celle du Quinté+, il s’agit d’être
prêt, dans un mois, à proposer une émission totalement nouvelle. Mais ce ne
sera pas le seul défi que vont devoir relever les sociétés de courses…
« Pour négocier dans de
bonnes conditions, les sociétés de courses doivent se comporter comme un
producteur à part entière, type Delarue ou Endemol, qui vont voir les chaînes
pour leur vendre un
programme. »
A quoi pensez-vous ?
La première chose, c’est que
les courses ne doivent pas chercher un diffuseur, mais des diffuseurs. Il nous
faut réfléchir un peu comme l’a fait le football récemment.
C’est-à-dire dans une logique
de lots ». Nous aussi nous avons plein de
produits à vendre : le Quinté+, les directs, les Groupes, une ou plusieurs
émissions magazine à construire, de nouveaux jeux à lots ». Nous aussi nous avons plein de
produits à vendre : le Quinté+, les directs, les Groupes, une ou plusieurs émissions
magazine à construire, de nouveaux jeux à mettre en place etc. Nous devons
réinventer notre produit, qui doit devenir multiple pour convenir à de multiples
diffuseurs : spécialistes, continuels, nationaux…
Il faut chercher l’audience
et multiplier les supports. Je ferais une comparaison avec la presse hippique :
JDG a apporté quelque chose de plus, a fait progresser tout le système, sans
chercher à nuire aux autres. Au contraire, sa création a été bénéfique pour
l’ensemble du système.
Au début, on a accusé Canal+
de tuer tous les sports qu’elle diffusait… alors qu’au contraire, Canal+ a tout
relancé en multipliant les occasions de voir un événement sportif. Je vois
l’avenir des courses à la télévision de la même manière : plus il y aura de
diffuseurs et de diffusions, et plus les gens auront envie de venir ou de
revenir aux courses !
Enfin, pour négocier dans de
bonnes conditions, les sociétés de courses doivent se comporter comme un
producteur à part entière, type Delarue ou Endemol, qui vont voir les chaînes
pour leur vendre un programme. Il faut appâter les chaînes et surtout, ne pas y
aller comme des victimes expiatoires qui supplient d’accepter leurs images !
Vous qui connaissez bien les
coulisses du PAF, vous ne pensez tout de même pas que les courses sont
attendues comme le Messie ?
J’ai lu ce qu’a écrit un de
vos confrères mardi : pour moi, il se trompe
complètement. A travers le
monde, la diffusion des courses n’a pas cessé de croître. Il y a beaucoup plus
de retransmissions aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Prétendre qu’il y aurait
une crise de la diffusion des courses, c’est à la fois malvenu et mal analysé.
La réalité montre tout le contraire. Quand je vois le nombre de chaînes qui
veulent reprendre le signal de l’Arc… L’exemple de la BBC, c’est le petit bout
de la lorgnette.
Mais plus précisément,
avez-vous une idée des diffuseurs qui seraient intéressés par les courses ? Je
pense à l’exemple d’Orange, qui est capable de faire un produit étonnant grâce
au numérique. On regarde un film et puis tout d’un coup, il y a un bip qui
signale que la course va partir. Automatiquement, le film s’interrompt et l’on
regarde la course.
A la fin, le film reprend
automatiquement à l’endroit précis où il s’était arrêté ! Il y aussi le
téléphone portable, la TMP [Télévision mobile personnelle, ndlr]…
Chez Lagardère aussi, des
gens ont envie de réfléchir aux courses. Comme Patrick Le Lay, l’ancien patron
de TF1. Vraiment, la donne a changé. Personne ne connaît le résultat, mais il y
a de l’avenir dans notre secteur.
La balle est maintenant dans
le camp des sociétés de courses… Dans l’Institution, les responsables ont
toutes les qualités pour bien gérer ce dossier. Par exemple, Hubert Monzat a
parfaitement compris que France Galop avait besoin de pros de la télévision
pour traiter la question. Quant à Isabelle Coltier, pour le Cheval Français, à
l’image des autres responsables du trot, elle a une très bonne gamberge. Elle a
une vision très précise de son public. Il suffit de voir la qualité de sa
communication pour faire venir le public sur les hippodromes. La seule
catastrophe, ça serait si le trot et le galop, comme cela a existé dans le
passé, négociaient séparément leurs droits télé. Les courses sont un ensemble.
Il n’y a que les spécialistes pour faire la différence entre trot et galop.
Orange est capable de faire
un produit étonnant grâce au numérique. On regarde un film et puis tout d’un
coup, il y a un bip qui signale que la course va partir. Automatiquement, le film
s’interrompt et l’on regarde la course.
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