
Autres informations / 07.05.2009
Eric hoyeau : « la france me semble moins affectée que nos partenaires traditionnels »
Voici la seconde partie de la
grande interview d’Eric Hoyeau, Président d’Arqana, dont la première partie a
été publiée dans notre édition précédente.
Jour de Galop. – Tout le
monde sait que le contexte économique mondial n’est guère porteur actuellement.
À quoi vous attendez-vous pour la Breeze-up de Saint Cloud du 9 mai ?
Eric Hoyeau. – Par rapport à
l’Irlande et l’Angleterre, j’envisage un contexte différent pour la France.
Je vous rappelle que
l’Irlande se bat contre une surproduction avérée, et que la crise qui la frappe
a eu des conséquences directes sur le marché du cheval, dans la mesure où tous
les nouveaux clients irlandais étaient liés aux réussites spectaculaires
enregistrées sur le marché immobilier et financier. Tous ces individus ont
disparu avec la crise, et la secousse est rude pour nos amis irlandais qui
doivent reconstituer un tissu d’acheteurs.
Quant aux britanniques,
hormis leur soutien à quelques grandes épreuves, leur système de courses
périclite et, comme chacun le sait, le lien traditionnel entre le propriétariat
et le monde de la finance veut que l’Angleterre des courses souffre beaucoup de
la crise financière qui a touché le cœur même de la clientèle.
C’est pourquoi j’envisage des
effets atténués en France qui me semble moins affectée que nos partenaires
traditionnels. Nos courses continuent de croître, constat décisif qui fait de
la France hippique un espace privilégié dans un environnement européen baissier
et morose. Si vous y ajoutez la timide mais encourageante reprise des marchés
boursiers, il me semble que notre marché devrait régresser dans une proportion
moindre que celle de nos concurrents européens.
Est-ce que vous risqueriez un
pronostic ?
Certes non, car cela dépend
de trop de facteurs, et que ce n’est pas mon rôle. En revanche, l’analyse que
je vous ai livrée m’incite à croire que notre baisse se situera dans la partie
basse de la fourchette constatée sur les marchés américains et européens. Or
ceux-ci, pour leurs ventes de 2ans montés, ont affiché des baisses entre 15 à
30% ces dernières semaines, entre la Floride et Newmarket. En un mot, j’espère
qu’Arqana sera en recul de 15/20% par rapport à nos chiffres de 2008 qui
étaient en forte progression. Il me faut aussi préciser que cet optimisme
relatif repose sur le constat que nous faisons depuis trois ans : la
progression régulière de la qualité des sujets présentés à cette vente qui
demeure nouvelle pour notre pays. En inspectant les lots qui seront à
Saint-Cloud vendredi et samedi, j’ai eu le sentiment que nous avions franchi un
nouveau palier qualitatif. C’est pourquoi je me sens autorisé à être serein
pour cette vacation.
Oui, mais cette qualité
n’est-elle pas imputable aux 2ans nés à l’étranger, et à la présence de
nombreux vendeurs irlandais en particulier ?
Sur cette question sensible,
il faut être précis et aller au fond des choses et des chiffres. Au départ,
nous avions environ 400 inscrits à cette vente, et il faut que vous sachiez
que, parmi eux, il n’y avait que 33% des sujets qui étaient qualifiés pour la
prime "Fr". Cela nous semblait insuffisant et nous avons
"orienté" notre sélection de telle façon qu’à l’arrivée, nous avons
43% des présentés qui ont droit à la prime. Ce qui signifie que nous avons joué
à fond la carte française, ce qui fait partie des objectifs d’Arqana.
Il ne faut pas se laisser
abuser par la nationalité des vendeurs car la répartition est plus troublante
qu’on ne pourrait le croire, et il me semble intéressant que vos lecteurs
connaissent la statistique. On s’aperçoit en effet que seulement 60% des sujets
présentés par les vendeurs hexagonaux ont droit à la prime, ce qui signifie que
les vendeurs français présentent 40% de chevaux sans prime au sein de leur lot.
À l’inverse, 25% des sujets présentés par les vendeurs étrangers ont droit à la
prime "Fr", ce qui est considérable.
Ces chiffres sont
effectivement inattendus…
Ils démontrent la grande
imbrication de nos élevages et de nos marchés qui veut, dans le cas de notre
vente Breeze-up, que les français présentent bon nombre de poulains étrangers,
et que les vendeurs étrangers viennent avec 25% de poulains français. Ce qui a
pour effet de relativiser les répartitions trop hâtives et les jugements qui en
découlent.
D’autant plus que les
poulains "Fr" dans les lots des vendeurs étrangers ont le plus
souvent été achetés par ces derniers aux ventes de yearlings d’Arqana, achetés
à des éleveurs français qui étaient ravis de trouver alors des clients. Notons
que ces mêmes éleveurs français doivent être comblés de voir leurs yearlings
revenir au pays pour se retrouver vraisemblablement dans des écuries
françaises.
Vous avez changé de date de
vente, retardant celleci d’un bon mois par rapport aux années antérieures.
Quelles étaient vos raisons ?
J’avais d’abord une priorité
technique de modification du calendrier en raison des Tattersalls Craven Sales.
La proximité de date entre notre vente d’avril et la vente de Newmarket (2
jours) compliquait la logistique des consigners qui ne pouvaient suivre de près
les sujets destinés à St Cloud. Ceci ne favorisait pas nos démarches pour
tenter d’obtenir une amélioration des sujets à vendre en France. De plus, la
possibilité de s’adosser à la journée des Poules d’Essai favorise la visibilité
de notre vente et lui confère une identité et une attractivité évidente. Il ne
faut jamais hésiter à jouer la synergie avec les grands événements hippiques
comme les classiques Poules d’Essai.
Enfin, j’ai toujours souhaité
reculer cette date car j’ai remarqué que la vente arrivait bien tôt en avril en
regard de la maturité des sujets préparés en France.
À partir de ce constat et à
la vue des galops et des poulains, je suis certain que vendeurs et acheteurs se
retrouveront pour confirmer et entériner notre décision de reculer la date, en harmonie
avec le timing que requiert cette préparation aux ventes. Il faut donner du
temps aux chevaux…
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