
Autres informations / 27.05.2009
Michel de gigou : « avec les aqps, nous avons recréé le pur-sang anglais »
Dimanche, les AQPS ont
remporté trois des quatre Groupes de la journée. Rendons Grâce (Video Rock)
s’est logiquement imposé dans le Gras Savoye Prix de Longchamp (Gr3), Rubi Ball
(Network) a fait sien le Gras Savoye Cinéma Prix Ferdinand Dufaure (Gr1),
tandis que Realmont (Khalkevi) s’est
classé troisième de cette
même épreuve. Et dans le Gras Savoye Prix La Barka (Gr2), ce sont trois AQPS
qui ont trusté le podium. Portal’s Toy (Go Between) a brillé devant Questarabad
(Astarabad) et Porto Rico (Video Rock). Michel de Gigou, Président de
l’Association nationale des éleveurs AQPS, nous a livré son analyse sur
l’évolution de la race.
Jour de Galop. – Les caractéristiques
fondamentales des AQPS par rapport aux pur-sang ont-elles changé ?
Michel de Gigou. – Dans les
années 1990, les AQPS ont remporté les plus grandes courses d’obstacle comme le
Grand Steeple-Chase de Paris et le Gold Cup de Cheltenham. Il faut regarder les
statistiques. Entre 1991 et 2002, la race s’est offert le Grand Steeple à huit
reprises ! Ils ont toujours été d’excellents sauteurs car ils possèdent une
belle avant-main avec des épaules profondes. Nous élevons des chevaux pour
sauter et la discipline de l’obstacle n’est pas une discipline au rabais. Par
ailleurs, depuis quelques temps, ils sont tout aussi précoces que les pur-sang.
Dire que les AQPS tardent à venir est de moins en moins vrai. La preuve par les
résultats : Rubi Ball, Rendons Grâce, Questarabad, sont autant de chevaux qui
réussissent à Auteuil dès l’âge de 4ans. Ce sont, de bonne heure, des chevaux
très compétitifs.
On assiste à l’évolution
d’une nouvelle race…
Avec les AQPS, nous avons
recréé le pur-sang anglais. Les “AQ” constituent une race qu’on aurait pu
appeler le pur-sang français. Car nous avons utilisé le même système que les
Anglais. Nous avons pris nos juments de chasse, de carriole ou des trotteuses,
nous avons ensuite pris du pur-sang et nous avons encore remis du pur-sang
anglais. >>
Nous avons ensuite fait notre
sélection pour faire des chevaux d’obstacle. Car lorsque vous regardez les pedigrees,
au niveau de la deuxième mère surtout, ce sont souvent des juments de cross.
C’est la meilleure discipline pour transmettre des aptitudes d’obstacle.
Et les AQPS s’exportent et
réussissent très bien à l’étranger…
Dès qu’un AQPS gagne une
bonne course pour “AQ” en plat à 3ans, les courtiers appellent les
propriétaires car ils savent qu’ils vont pouvoir le vendre aux Anglais.
Comment expliquez-vous une
telle convoitise de nos amis d’outre-Manche ?
Notre programme a été
renforcé. Maintenant, nous avons des courses pour les jeunes et un programme
pour les femelles en obstacle comme en plat. L’inscription des AQPS au stud-book
a également changé beaucoup de choses. Désormais, les Anglais savent que
lorsqu’ils achètent un AQPS, ils achètent un cheval de course.
Combien de poulinières AQPS
a-t-on en France ? Je pense que nous en avons entre 2.500 et 3.000 alors qu’il
y a dix ans, elles étaient entre 700 et 800.
Deux régions élèvent des
AQPS, le Centre et l’Ouest, existe-t-il un fossé entre les deux ?
Non, aucune. Cependant, il
est vrai qu’il existe une sorte de petite compétition. Le Centre est très
organisé car très concentré autour de Cercy. Les élevages de l’Ouest sont
davantage dispersés dans la région, même s’il existe un noyau autour du Lion
d’Angers. Il y a des éleveurs dans la Manche, en Normandie ou en Bretagne. Mais
de bons chevaux sortent des deux régions. La preuve encore par les faits :
Rendons Grâce a été élevé au Haras de Saint-Voir dans le Centre et Mon Môme
(Passing Sale), gagnant du Grand National de Liverpool, vient du
Maine-et-Loire.
À la tête de l’Association
depuis 1991, quelles ont été vos grandes actions ?
Je n’ai évidemment rien fait
tout seul. Je me suis entouré d’une équipe soudée, constituée de personnes
fiables et fidèles. Ensemble, nous avons accompagné l’arrivée des chevaux
français en Angleterre. Il faut aussi souligner l’action de François Doumen en
la matière. Il a été l’homme qui a fait naître l’AQPS en Angleterre avec The
Fellow (Italic), qui s’est produit là-bas entre 1992 et 1994, sous son
entraînement. Depuis le début des années 1990, nous nous attelons à cette
tâche. Et nous incitons les associations régionales à faire venir les Anglais
chez nous. Nous avons également renforcé le programme des AQPS comme je vous
l’expliquais. En plat, nous avons par exemple un programme pour les juments
d’âge avec le Prix Chloris en point de mire.
L’action la plus évidente
est-t-elle l’inscription d’une race AQPS au stud-book ?
Il est vrai que l’apparition
des AQPS au stud-book [janvier 2006, ndlr] est la partie la plus visible de
notre action. Nous nous sommes battus car nous voulions avoir les moyens
d’orienter notre élevage comme nous le souhaitions. Avec cette inscription au
stud-book, il est plus facile d’évoluer car tout est plus clair pour le
commerce. Et puis, au long de ces années de présidence, nous nous sommes
évidemment appliqués à faire accepter les AQPS sur le turf français. Car je
vous assure qu’au début, ce n’était vraiment pas évident ! Je me rappelle une
remarque d’un grand entraîneur disant que le Prix de Craon ne pouvait pas se
tenir à Longchamp car les AQPS allaient abîmer la piste… Mais désormais, la
race est acceptée. Nous évoluons aux côtés des pur-sang comme des partenaires.
Sans doute parce que nous n’avons jamais eu une position sectaire.
Quels sont les projets de
l’Association à court et à moyen termes ?
Un site Internet est en cours
de réalisation. Le projet devrait être validé le 16 juin. Nous avons ensuite
d’autres projets à plus long terme comme de développer la race avec des mâles
AQPS. Nous n’en avons aujourd’hui que très peu.
Après 18 ans de présidence,
passer le flambeau vous est-il venu à l’esprit ?
Oui. C’est vrai que j’y
pense. À deux ans des nouvelles élections de France Galop, je me demande si ce
n’est pas le bon moment pour passer la main.
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