
Autres informations / 01.06.2009
Disparition de vincent o’brien un entraîneur de légende s’en est allé
C’est une véritable légende
des courses européennes et mondiales qui s’en est allée lundi 1er juin. Vincent
O’Brien est mort chez lui, en Irlande, à l’âge de 92 ans. Il aura quasiment
traversé toute la seconde moitié du XXe siècle des courses, signant
quelques-unes de ses plus belles pages. Il est communément considéré comme le
plus grand entraîneur de tous les temps. Il est aussi à la base de la création
du consortium irlandais d’élevage Coolmore, lancé avec son gendre John Magnier,
l’actuel patron de Coolmore, et un de ses principaux propriétaires, Robert
Sangster.
Un palmarès inégalable
Le palmarès de Vincent
O’Brien est inégalable par sa dimension et son envergure. Par sa dimension
d’abord, il a remporté la bagatelle de quarante épreuves classiques auxquelles
il faut ajouter trois “Arc” et trois “King George” [Lire “Son palmarès”]. La
simple évocation des chevaux qu’il a préparés et présentés situe la hauteur de l’œuvre
: Nijinsky, Ballymoss, Alleged, The Minstrel, El Gran Señor, Sadler’s Wells et
Roberto.
Par son envergure ensuite, il
compte les plus grandes et mythiques courses d’obstacle à son tableau
d’honneur. C’est en effet en obstacle que le maître avait commencé sa carrière.
Il détient d’ailleurs en la matière plusieurs records. Par exemple, il est le
seul entraîneur à avoir sellé trois vainqueurs consécutifs du Grand National
d’Aintree, entre 1953 et 1955. Ses chevaux avaient pour noms Early Mist, Royal
Tan et Quare Times. Il a aussi remporté quatre fois le Gold Cup de Cheltenham,
notamment grâce au coup de trois de Cottage Rake de 1948 à 1950. Knock Hard, en
1953, lui a apporté son autre succès.
Un visionnaire
Parti de la petite ferme
familiale du comté de Cork, il achète, en 1951, 285 acres de terrain près du
village de Rosegreen dans le comté de Tipperary pour 17.000£. Sans le savoir,
Vincent O’Brien plante alors, au propre comme au figuré, les bases du centre
d’entraînement mondialement connu de Ballydoyle, annexe d’entraînement du
complexe international de l’élevage, appelé plus tard Coolmore. C’est au début
des années 1970 qu’il construit ce syndicat de l’élevage avec John Magnier et
Robert Sangster.
Le pari est audacieux. Il
s’agit d’acheter des poulains de grande origine, souvent américains, pour les
exploiter ensuite à Ballydoyle et fabriquer ainsi de futurs étalons. Et le
génie de Vincent O’Brien aura été de découvrir et “faire” Northern Dancer,
étalon américain qui allait révolutionner les courses et l’élevage mondial.
Northern Dancer qui est le père du phénomène Nijinsky, étalon décevant, et
surtout de Sadler’s Wells, cheval classique et surtout l’étalon qui va sceller
la domination de Coolmore sur toute l’Europe, avec désormais Galileo et
Montjeu, ses deux fils leaders.
Des titres de tous ordres
Les titres de Vincent O’Brien
sont nombreux et parfois inattendus. Treize fois meilleur entraîneur d’Irlande,
deux fois de Grande-Bretagne, en 1966 et 1967, il a aussi été deux fois
meilleur entraîneur d’obstacle en Grande-Bretagne lors des saisons 1952-53 et
1953-54. Mais le titre qui a peut-être été le plus sensationnel et fait encore
référence dans le monde anglo-saxon est sa première place à un grand sondage
organisé par le Racing Post en 2003. L’entraîneur arrivait largement en tête
devant une autre légende vivante, le jockey Lester Piggott, le partenaire de
nombre de ses grands succès… Comme autre titre vu de France, on peut citer sa
place comme… père du premier entraîneur installé hors de France à gagner le
Prix du Jockey Club. C’était en 1982 grâce à Assert, vainqueur de notre Derby
pour le compte de son fils David. L’année suivante, le père suivait la voie du
fils avec le succès de Caerleon.
Une longévité exceptionnelle
De son premier vainqueur le 20
mai 1943 à Limerick Junction
(aujourd’hui l’hippodrome de Tipperary) à sa dernière victoire avec Mysterious
Ways le 17 septembre 1994 au
Curragh, les victoires à tous
les niveaux se sont enchaînées. Outre les épopées de Nijinsky ou d’Alleged,
Vincent O’Brien a signé de nombreux succès internationaux. De ce point de vue,
la victoire de Sir Ivor dans le Washington International en 1968 avait fait
beaucoup de bruit. En 1990, il glanera encore une grande victoire américaine
avec Royal Academy dans le Breeders’ Cup Mile.
Une vie de famille
primordiale
La vie de succès de Vincent
O’Brien aura toujours été marquée du sceau de la famille. Constat suffisamment
rare pour être relevé. C’est dans la ferme familiale du comté de Cork en 1943
que le jeune homme commence l’entraînement après avoir été l’assistant de son
père Dan. Et c’est
entouré de toute sa famille
qu’il a quitté ce monde, comme l’a précisé un communiqué, lundi. « Lui [Vincent
O’Brien, ndlr] et sa femme Jacqueline ont passé l’hiver à Perth, en Australie,
où leur fils David vit dorénavant avec sa famille. En raison de sa santé
décroissante, il est revenu à son domicile irlandais la semaine dernière. A la
fin, il était entouré de sa femme, de ses cinq enfants, de ses petitsenfants,
gendres et belles-filles. Il manquera à toute sa famille et à ses amis. »
L’école de l’obstacle :
l’école des plus grands Vincent O’Brien adorait l’obstacle, et il domina cette
discipline avant de régner sur le plat européen.
Mais il ne reniera jamais ses penchants initiaux, et il pensait que l’école de
l’entraînement de l’obstacle était le marchepied idéal pour devenir un grand
entraîneur, prétendant que l’entraîneur d’obstacle est un bien meilleur
“soigneur” que ceux qui débarquent dans le plat avec des origines prestigieuses.
De plus, il a souvent rappelé que ceux de l’obstacle travaillaient la
“résistance” de leurs sujets, et cet aspect lui semblait essentiel.
Rappeler ce parcours et sa
philosophie de l’entraînement nous incitera évidemment à tracer le parallèle
avec l’itinéraire du plus grand entraîneur français des vingt dernières années,
André Fabre, d’Auteuil à Longchamp.
Son palmarès
Nous reviendrons sur les
grands chevaux entraînés par Vincent O’Brien, du premier, Ballymoss, en 1957,
au dernier, Royal Academy, en 1990. Un chapelet de noms prestigieux qui ont
marqué les années 70 et 80, la plupart montés par le prodigieux Lester Piggott,
avec lequel il formait un team indissociable.
Rappelons ici le palmarès du
maître de Ballydoyle :
3 Prix de l’Arc de Triomphe :
Ballymoss (1958), Alleged (1977, 1978)
3 King George VI and Queen
Elizabeth II Stakes : Ballymoss (1958), Nijinsky (1970), The Minstrel (1977)
6 Derby d’Epsom : Larkspur (1962),
Sir Ivor (1968),
Nijinsky (1970), Roberto
(1972), The Minstrel (1977),
Golden Fleece (1982).
5 Derby d’Irlande : Ballymoss
(1957), Nijinsky (1970), The Minstrel (1977), El Gran Señor (1984), Law Society
(1985)
1 Prix du Jockey Club :
Caerleon (1983)
3 St. Leger : Ballymoss
(1957), Nijinsky (1970), Boucher
(1972)
9 St. Leger irlandais : Barclay
(1959), White Gloves (1966), Reindeer (1969), Caucasus (1975), Meneval
(1976), Transworld (1977), Gonzales
(1980), Leading
Counsel (1985), Dark Lomond
(1988)
2 Oaks : Long Look (1965),
Valoris (1966)
2 Irish Oaks : Ancasta
(1965), Aurabella (1965)
42000 Guinées : Sir Ivor
(1968), Nijinsky (1970),
Lomond (1983), El Gran Señor
(1984)
52000 Guinées irlandaises :
El Toro (1958), Jaazeiro
(1978), Kings Lake (1982),
Sadler’s Wells (1984), Prince
of Birds (1988)
11000 Guinées : Glad Rags
(1966)
21000 Guinées irlandaises :
Valoris (1966), Lady
Capulet (1977), Godetia
(1979)
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