
Autres informations / 06.10.2009
Sea the stars…
Le père : Cape Cross, un bon étalon sans flamme
Cape Cross est un étalon difficile à situer. Il a six
générations qui ont couru et il a fait deux champions : Ouija Board, grande
gagnante classique, et Sea the Stars. Ses autres vainqueurs de Gr1 le sont dans
l’hémisphère Sud. En sus, ce miler, qui a gagné les Lockinge Stakes (Gr1), a
produit plusieurs bons chevaux comme Russian Cross, Sabana Perdida, Treat
Gently, Hatta Fort, Halicarnassus, tous vainqueurs de Groupe 2, bloqués à ce
niveau.
Ce petit-fils de Green Desert reproduit la qualité de son
père sans pour autant transmettre la vitesse de cette lignée : en effet, ses
deux stars ont réussi sur 2.000/2.400m. C’est pour cela qu’il demeure un étalon
un peu mystérieux, très soutenu depuis son entrée au haras, mais avec des
résultats qui ne sont pas à la hauteur des espoirs placés en lui, à l’exception
de Sea the Stars et de Ouija Board. Il faut dire qu’il était plutôt cher à
50.000€ la saillie, et que sa popularité initiale provenait surtout de son
physique impressionnant et de son père, grand sire of sires outre-Manche. Mais
une petite défiance s’est installée quand les éleveurs se sont rendu compte que
ce miler au modèle remarquable ne donnait ni vitesse, ni précocité, ce qui est
dévalorisant de nos jours en terre anglo-saxonne.
Or, ses produits galopent, mais pas dans les segments que
prisent le marché. Il est aujourd’hui à 35.000€, entre deux eaux, malgré l’évidente
robustesse de sa production. Ce qui fait défaut à ses enfants, c’est la
capacité à enthousiasmer les turfistes par des exploits, malgré ses deux stars
pétries de classe. D’autant plus qu’il “marque” énormément ses produits, et il
ne fait aucun doute que Sea the Stars lui ressemble physiquement, reproduisant
son manque de distinction et sa structure impressionnante.
À l’inverse de son frère Galileo, issu du grand Sadler’s
Wells, on peut avancer que l’extraordinaire qualité de Sea the Stars semble
plutôt provenir de cette immense reproductrice qu’est devenue Urban Sea.
Cependant, il est clair que le croisement a été remarquable, surtout sur le
plan des modèles des deux géniteurs.
La mère : la transmission de l’énergie pure
Après cette victoire dans “l’Arc”, on parle évidemment
beaucoup d’Urban Sea, et la présence du sympathique Christopher Tsui, le fils
de Madame Tsui, ainsi que de Jean Lesbordes, l’entraîneur de la jument
légendaire, y est pour beaucoup.
Jean Lesbordes avait “deviné” Urban Sea depuis le jour où il
l’acquit yearling à Deauville au prix de réserve. Elle fit un prix quelconque
de 280.000 francs, et ce prix était alors motivé par la relative légèreté de la
pouliche, bien qu’elle marchât très énergiquement comme le vit Jean Lesbordes.
Elle gagna à 2ans sans éclat, mais déjà, Jean confiait à
l’éleveur qu’elle serait une toute bonne et qu’elle avait
simplement besoin de temps. Elle progressa à 3ans où elle gagna deux Listeds,
prit des places dans les Groupes pour Pouliches et en particulier une très
significative troisième place dans le “Vermeille”, performance de fin de saison
qui laissait augurer des lendemains plus saillants. Elle se reposa après le
“Vermeille”, et elle fit une réapparition convaincante à 4ans dans le Prix
Exbury (Gr3) qu’elle gagna facilement devant l’incassable Marildo. Elle venait
de franchir un palier, remportant ainsi son premier groupe. Elle se rendit,
pour faire plaisir à Madame Tsui, à Sha Tin en avril où ni le voyage, ni le
climat ne lui convinrent. Elle se remit doucement et revint en forme pendant
l’été, enchaînant une Listed facile et surtout le Prix Gontaut-Biron, devant
les mâles de surcroît. La voie était ouverte et cette victoire présageait de sa
compétitivité dans “l’Arc”, le but secret du tandem Tsui/Lesbordes.
Le terrain était lourd le 3 octobre 1993, et Urban Sea était
comme jamais, venant à point comme souvent les femelles à l’automne, comme elle
l’avait déjà montré l’année précédente dans le “V”ermeille. Jument de saison,
elle fut merveilleusement pilotée par Éric Saint-Martin qui avait compris que
la corde, le jour de “l’Arc”, est un véritable tapis roulant. Elle l’emporta
sans coup férir, à la régulière, à l’énergie, ne baissant jamais de pied dans
les deux cents derniers mètres.
Une légende débutait entre Urban Sea et le monde des courses
et de l’élevage : une roturière venait d’accéder au firmament. Une jument
animée par la rage de vaincre avait inscrit son nom en lettres de feu au
palmarès de cette fantastique finale, seize ans avant son fils.
Est-il nécessaire de détailler à nouveau l’invraisemblable
production d’Urban Sea ? Galileo, Black Sam Bellamy, Urban Ocean, My Typhoon,
All too Beautiful, Melikah et bien sûr Sea the Stars. Pas moins de sept
gagnants de Groupes dont quatre de Groupe 1. Avec pour caractéristique commune
une énergie inébranlable qui les pousse au poteau, comme si la fée électricité
s’était penchée sur les berceaux de toute la production d’Urban Sea, la
légende.
SEA THE STARS…
La lignée maternelle : la galaxie magique des “A” comme Allegretta
Rien de tout cela n’aurait existé si un jour, Marystead
Farm, alors animé par Michel Henochsberg, n’avait acquis Allegretta à
Keeneland, « la grande famille des “A” de Schlenderhan », comme l’éleveur
français l’a confié au TDN
avant-hier. Elle était planquée le 6e jour des ventes de Keeenland,
pleine d’un étalon médiocre, Irish Castle, « ce qui fait que l’achat était
possible ».
Après quelques produits utiles, Marystead Farm se rendit
compte que ces produits manquaient de vitesse, et qu’il était intéressant de
croiser Allegretta avec de la vitesse américaine de la ligne de Mr Prospector.
Allegretta fut présentée à Miswaki, et ce croisement donna Urban Sea : vitesse
sur distance (Allegretta avait fini 2e des Oaks Trial Stakes Gr3 sur 2.400m).
L’expérience fut renouvelée avec Kingmambo, lui aussi par Mr Prospector, et ce
fut l’excellent King’s Best, vainqueur impressionnant des 2.000 Guinées (Gr1),
dont la production s’affirme au fil des ans. Entre-temps, une pouliche par
Riverman était née, Allez Les Trois, gagnante du “Flore” (Gr3) pour ses
éleveurs. Elle produisit Anabaa Blue qui gagna le Prix du Jockey Club, faisant
preuve de l’énergie propre à la famille. Une autre sœur, Turbaine, donna plus
tard Tertullian, étalon très performant en Allemagne, pour Schlenderhan qui
était allé récupérer le sang à Keeneland.
Urban Sea est exceptionnelle, mais sa mère Allegretta fut
une poulinière magique que l’on retrouve un peu dans Sea the Stars, qui lui
ressemble en bien des aspects. Acquise aux États-Unis par de jeunes éleveurs
européens passionnés, cette jument a engendré une galaxie qui ne requiert aucun
superlatif : deux gagnants “d’Arc” (Sea the Stars et Urban Sea), trois gagnants
de Derby (Galileo, Anabaa Blue et Sea the Stars) et deux gagnants de Guinées
(King’s Best et Sea the Stars). Pour une seule jument, sur deux générations,
c’est un palmarès intouchable.
Le croisement :
le parfait métissage
Le croisement est évidemment celui de Northern Dancer sur Mr
Prospector, mille fois effectué et très souvent réussi. Il est inutile de
revenir dessus tant la recette est connue et validée par l’expérience.
Mais il nous semble que c’est un autre croisement qui a été
réussi cette fois-ci : un croisement qui se rapporte plus aux modèles qu’aux
courants de sang. Urban Sea est une jument de taille moyenne, plutôt légère
comme nous l’avons déjà précisé. Mais au-delà de son physique qui n’attire pas
l’œil, elle a prouvé son extraordinaire énergie, elle est dotée d’un psychisme
de lutteuse et de gagnante.
De son côté, Cape Cross est un athlète impressionnant,
plutôt commun d’expression, voire un tantinet lourdaud. Bref, cette alliance
fut celle des extrêmes, et le résultat stupéfiant est le mélange des
contraires. On a comme cela un crack ! Cape Cross a compensé les manques
physiques d’Urban Sea, et Urban Sea a apporté à Cape Cross la flamme qui lui
fait clairement défaut. L’alliage de la pierre et du feu. Le roc Cape Cross et
la nucléaire Urban Sea ont engendré le monstre Sea the Stars, à l’allure
anodine et au galop dévastateur.
Il faut redire que cette merveilleuse histoire est
concentrée toute entière dans l’apparence de Sea the Stars : un athlète robuste
qui enferme un diamant d’énergie. Le plus performant métissage que l’élevage
nous propose, en équilibrant les contraires. Sea the Stars, par son croisement
des modèles et des histoires, est un cheval cosmopolite et républicain : son
génie ne consacre pas une noblesse ; il descend du mélange égalitaire et avisé
des mérites. Il est l’avenir.
Vous aimerez aussi :

L’AG d’Au-delà des pistes en vidéoconférence le 9 février
Compte tenu des restrictions sanitaires en vigueur, la convocation à l’assemblée générale ordinaire 2021 d’Au-delà des pistes aura lieu en...
09 janvier 2021
Les conférences vétérinaires du Salon du Lion auront lieu vendredi
Les conférences vétérinaires du Salon du Lion auront lieu vendredi La soirée des conférences vétérinaires du Salon des étalons du Lion sera...
14 janvier 2021