
Autres informations / 17.06.2010
Hervé d’armaillé sang pour sang aqps
Éleveur,
propriétaire, président de l’association des AQPS, membre du comité de France
Galop et du conseil de l’obstacle…Hervé d’Armaillé connaît tous les maillons de
la filière "obstacle". C’était donc l’interlocuteur tout désigné à la
veille d’une réunion majeure à Auteuil.
A QUAND
REMONTE LA TRADITION D’ELEVAGE D’AQPS DANS VOTRE FAMILLE ?
Mon
arrière-grand-père, avant la guerre, élevait déjà des chevaux de course au
Tremblay, à Isenay, dans la Nièvre. À l’époque, on les appelait des demi-sang.
Après la guerre, mon grand-père, qui était militaire, a continué l’élevage,
mais en l’orientant plutôt vers le concours et la chasse à courre. Il emmenait
ses juments aux étalons pur-sang de la station voisine de Cercy-la-Tour. Mais
c’est vraiment mon père qui a développé l’AQPS au Tremblay, il y a cinquante
ans, à partir de la jument base de l’élevage, Hupé, une jument de chasse à
courre. À Cercy, nous avions la chance d’avoir des étalons comme Verdi, Vieux
Château ou Laniste, que l’on retrouve dans les pedigrees d’un grand nombre
d’AQPS du Centre. Je me souviens que le directeur du haras de Cluny était
presque plus important que le préfet, à l’époque ! Messieurs Ferrand, Frachon,
Charpy ou, plus près de nous, Gorioux, ont été de très bons conseillers pour
les éleveurs du coin. Mon père, comme les autres, était avant tout exploitant
agricole. Il avait des bovins sur la propriété et quelques chevaux par passion
et tradition. Il y avait beaucoup d’hippodromes près de chez nous :
Cercy-la-Tour, Decize, Nevers, Aubigny-sur-Nère, avec déjà des courses
réservées pour les Selles Français.
AVEZ-VOUS
TOUJOURS SU QUE VOUS REPRENDRIEZ LE FLAMBEAU?
Oui,
j’ai toujours été passionné par les courses. J’allais sur les hippodromes tous
les dimanches avec mes parents. Enfant, le cheval qui m’a le plus marqué
s’appelait Pitchounet. Il a gagné le Grand Steeple de Waregem, ce qui était
quelque chose à l’époque, car nous n’allions pas à Auteuil défier les pur-sang.
Et mon arrière-grand-père, du côté maternel, avait été président de Waregem.
Mon père avait échangé ce Pitchounet à un ami éleveur contre une poulinière. Il
ne provenait donc pas de notre élevage…
A PARTIR
DE QUAND VOUS ETES-VOUS VRAIMENT IMPLIQUE DANS L’ELEVAGE ?
Pour mes
25 ans, mon père a eu la bonne idée de m’offrir deux pouliches. Comme je le
fais encore aujourd’hui, je me suis associé avec des copains sur ces deux
juments, et la première à courir sous mes couleurs, Nalia, a gagné d’emblée à
Paray-le-Monial. J’ai donc cru que tout était très facile! Je l’ai gardée comme
poulinière, bien entendu, et c’est l’arrière-grand-mère de Moulin Riche.
QUELS
SONT LES CHEVAUX DE L’ELEVAGE QUI VOUS ONT LE PLUS MARQUE ?
Il y a
eu Ubu III, bien sûr, mais aussi Corton, qui a gagné deux fois le Grand Steeple
d’Enghien, et Gloria IV, restée invaincue en douze sorties en plat. Je citerais
aussi Notre Père, Osana ou Natal, qui ont tous gagné des Groupes outre-Manche.
Parmi ma production personnelle, il y a eu Moulin Riche, lauréat en plat,
haies, et steeple, en France comme en Grande-Bretagne, ou encore Pommerol.
J’étais à Auteuil quand Ubu III a gagné son Grand Steeple avant de s’effondrer
après le passage du poteau. Je suis descendu très vite des tribunes, et je n’ai
pas compris pourquoi tout le monde faisait cette tête… Cela m’a beaucoup
marqué. Gloria n’a jamais couru en obstacle. Oui, c’est clair, avec elle, on
s’est dégonflé ! On a refusé des propositions importantes venant de
Grande-Bretagne, et on voulait vraiment retrouver la jument à l’élevage. Nous
avons été récompensés avec son produit, Notre Père. Après être restée vide deux
ans, elle doit mettre bas dans les jours qui viennent de Daramsar. Elle est
promise à Fragrant Mix…
COMMENT
PARVENEZ-VOUS A MENER DE FRONT VOTRE ACTIVITE PROFESSIONNELLE ET L’ELEVAGE…
Je suis
gérant d’une société de distribution de vins que j’ai achetée il y a quatorze
ans. Je travaille donc à Paris, mais j’ai la chance d’avoir deux excellents
collaborateurs au Tremblay pour veiller sur les chevaux, sans compter mon père,
qui garde aussi un oeil sur l’élevage. J’essaie d’y aller le plus souvent
possible, disons deux week-ends sur trois. En cinquante ans, l’AQPS a
considérablement évolué…Nous avons vécu cinquante années extraordinaires. Les
éleveurs ont fait des efforts considérables dans la nutrition, la gestion de
l’élevage, l’exploitation des poulains grâce aux préentraîneurs… La race a donc
beaucoup progressé. Les chevaux sont moins tardifs, même si on les débute plus
tard que les pur-sang. Il sont beaucoup plus manipulés qu’ils ne l’étaient. Je
me souviens que lorsque j’étais enfant, gagner à Paray, c’était la grande fête
! On n’allait pas à Auteuil car les courses réservées aux demi-sang
n’existaient pas encore. À présent, nous avons un vrai programme, et nous
n’hésitons pas à nous frotter aux pur-sang ensuite. L’un des grands
déclencheurs de la race a été le succès de Nupsala, pour François Doumen, en
Angleterre, dans le King George VI Chase, le jour du Boxing Day. C’était en
1987. Le lendemain, c’était en première page du Figaro ! Les Anglais n’en
revenaient pas. Ils ne savaient pas ce qu’était un AQPS. C’est grâce à cette
victoire qu’ils sont ensuite venus acheter nos chevaux. Le marché des foals
s’est développé, car les acheteurs savaient que s’ils tombaient sur un bon
cheval, ils pourraient le vendre aux Anglais.
LA
CREATION DU STUD-BOOK AQPS EN 2005 A MARQUE UNE NOUVELLE ERE…
Il faut
souligner que la création du stud-book est l’oeuvre de Michel de Gigou. Il a eu
fort à faire, et a été bien épaulé par Audouin Maggiar, Charles de Certaines et
François Gorioux. C’était une formidable idée, et c’était le bon moment pour le
faire. Grâce à la reconnaissance de la race AQPS, nous sommes pris en main par
France Galop et nous sommes reconnus à l’étranger. Peut-être arriverons-nous à
débloquer la situation au Japon ?! Certains ont émis l’idée de la création d’un
stud-book "obstacle". Ce n’était pas une mauvaise idée en soi, mais
nous ne pouvions pas attendre vingt ans… Et puis je ne vois pas comment nous
aurions pu convaincre les éleveurs de pur-sang d’inscrire leurs juments dans un
autre stud-book. Désormais, nous avons nos courses de sélection, en plat, réservées aux chevaux inscrits au stud-book.
Les courses d’obstacle, en revanche, resteront ouvertes aux chevaux non
inscrits au stud-book.
POURQUOI
AVOIR ACCEPTE LA PRESIDENCE DE L’ASSOCIATION DES ELEVEURS D’AQPS, IL Y A UN PEU
PLUS D’UN AN ?
Michel
de Gigou avait passé dix-neuf ans à la tête de l’association, et il avait
logiquement envie de passer la main. Je n’étais pas spécialement demandeur,
mais plusieurs personnes sont venues vers moi. J’ai toujours aimé m’impliquer
dans l’Institution, et c’est donc avec plaisir que j’ai accepté. Je suis arrivé
au moment où les subventions des haras et du ministère ont été considérablement
réduites. QUELLE PARADE AVEZ-VOUS TROUVE
POUR COMPENSER CETTE BAISSE DE SUBVENTIONS ?
Comme
cela se fait pour d’autres races, nous avons décidé de mettre en place un droit
d’inscription au stud-book, payable à la naissance du poulain, d’un montant de
50 euros. On compte près de 1.100 naissances d’AQPS par an, mais notre
association ne regroupe que 450 membres. Il y a donc beaucoup d’éleveurs qui
profitent du système sans rien financer. Ce droit s’appliquera pour les
poulains nés en 2012. Cela nous permettra d’avoir les moyens de nos ambitions,
en terme de communication, promotion, d’aides aux concours de modèles et
allures….
CES
CONCOURS, JUSTEMENT, C’EST UNE SPECIFICITE DE LA RACE AQPS ?
Oui, ils
sont un héritage des concours de modèles réservés aux Selles Français. Dans le
Centre, et dans l’Ouest, chaque département organise son concours et la finale
a lieu au Lion-d’Angers et à Decize. C’est un vrai moyen de promotion et de
commercialisation de nos produits. Nous sommes aidés par le F.R.B.C. qui
organise la venue et l’accueil d’entraîneurs et propriétaires étrangers. Nous
avons créé les concours de foals, où seul le poulain est jugé, dans un but
clairement commercial.
POURQUOI
NE PAS CREER DES VENTES PUBLIQUES DEDIEES AUX AQPS ?
La
tradition veut que les AQPS se négocient à l’amiable, chez l’éleveur, chez qui
l’entraîneur ou le propriétaire a ses habitudes. Des ventes de ce type ont déjà
été organisées, à Vichy notamment, mais cela n’a pas été très concluant. Nous
restons donc très prudents à ce sujet. Certains AQPS, très sélectionnés, sont
présentés en vente et s’y défendent bien.
LE
RETRAIT PROGRESSIF DES HARAS NATIONAUX DE LA MONTE PUBLIQUE VOUS INQUIETE-T-IL
?
Je
trouve cela très dommage. C’était en quelque sorte une aide pour les éleveurs
qui fonctionnait bien et qui va disparaître. De tout temps, les éleveurs d’AQPS
ont beaucoup utilisé les étalons nationaux. Cela permettait aussi de garder la
génétique en France. Ce désengagement de l’État est-il un progrès ? J’en doute.
C’était sûrement un système très lourd, avec beaucoup de stations, de centres…
À présent, nous allons être contraints
de nous organiser en coopératives, et d’acheter les étalons en partenariat avec
des collectivités territoriales, comme ce fut le cas avec Shaanmer Nivernais.
QUE
PENSEZ-VOUS DU PROGRAMME FRANÇAIS DES COURSES D’OBSTACLE ?
Il est
plutôt bien fait, surtout pour les AQPS. Depuis dix ans, nous avons des courses
réservées aux femelles. C’est une belle opportunité pour les éleveurs de faire
gagner leurs futures poulinières, un critère devenu indispensable pour bien
commercialiser leurs produits. L’association des AQPS est très impliquée dans
les instances de France Galop pour faire entendre notre voix, et nous
travaillons en bonne intelligence.
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