
Autres informations / 01.12.2010
Les chevaux japonais de plus en plus difficile a battre
LE MAGAZINE
Dimanche, le Japan Cup (Gr1) a vu les chevaux japonais
totalement écraser les européens. Le premier étranger, Cirrus des Aigles, s’est classé neuvième. Cette année aussi, on a
vu Nakayama Festa, quasi inconnu
encore en Europe, venir prendre la deuxième place du Qatar Prix de l’Arc de
Triomphe (Gr1). Et une pouliche japonaise est programmée pour le prochain Prix
de Diane !!! Faut-il y voir un signe ? Le Japon est-il en train de devenir l'un
des plus grands pays des courses ?
LES JAPONAIS A DOMICILE
Épreuve phare au Japon et également celle qui attire le plus de convoitises
étrangères, le Japan Cup échappe rarement aux locaux depuis quelques années. Au
début du Japan Cup, créé en 1981, de nombreux étrangers – même des Américains –
s’imposaient dans cette course. Ce n’est plus le cas désormais et, depuis 1998,
seulement deux chevaux entraînés en Europe ont réussi à gagner. Falbrav en 2002 et Alkaased en 2005. Il devient de plus
en plus difficile – et le résultat du dernier Japan Cup de dimanche le montre bien
– de concurrencer les japonais à domicile. Pourtant, l’Europe envoie
régulièrement de bons chevaux dans cette épreuve. Plusieurs gagnants de
l’"Arc" y ont même tenté leur chance. Néanmoins, comme le dit Tony
Clout [lire ci-après], il faut tout de même relativiser l’échec des européens
dimanche. Car aucun vrai cheval de Gr1 occidental ne s’était présenté à Tokyo.
TONY CLOUT : « LE NIVEAU DES CHEVAUX JAPONAIS A
BEAUCOUP PROGRESSÉ DEPUIS VINGT ANS »
jDg.– Dimanche, les chevaux japonais ont largement
dominé les chevaux européens. Faut-il y voir la progression du japon comme grande nation hippique ?
tony Clout.– Le
niveau au Japon progresse régulièrement depuis vingt ans.
Mais, sur le résultat de dimanche, il ne faut pas
oublier qu’à part Cirrus des Aigles, il n’y avait, selon moi, aucun vrai cheval
de Gr1 au départ. Mais c’est sûr que le niveau des chevaux japonais n’arrête
pas d’augmenter. Les premiers chevaux qu’ils avaient envoyés en
Europe n’étaient pas des grosses pointures. Mais cela a changé avec le temps,
avec des chevaux comme Taïki
Shuttle ou El Condor Pasa.
COMMENT EXPLIQUER CETTE PROGRESSION ?
Les japonais sont des gens passionnés par les courses.
Ils achètent régulièrement des chevaux assez cher sur les places de vente et
ont un élevage qui suit. Un cheval comme El Condor Pasa a une mère par Sadler’s
Wells qui a été achetée pour être envoyé à Kingmambo par exemple. Ils ont des
origines de très haut niveau, européennes et américaines.
Cette année, on a vu
Nakayama Festa venir courir l’“Arc”. De nouveaux "raids" japonais
sont-ils à prévoir ?
Pour les japonais, l’"Arc" est la plus
grande course du monde. C’est un rêve pour eux de venir la gagner. Cela aurait
déjà dû être le cas avec Deep Impact, qui était pour moi le meilleur cheval de
cette course en 2006… L’an prochain, il est prévu que Nakayama Festa revienne
tenter sa chance. Il n’a pas très bien couru dans le Japan Cup, mais le cheval
n’était sans doute pas au mieux. Dimanche,
Maxime Guyon a gagné deux courses à Tokyo, dont un maiden
pour femelles de 2ans sur 2.000m. Nous parlions des origines. Cette pouliche a
pour père Galileo et pour père de mère Monsun [elle se nomme Anna Donna, ndlr].
Et son entourage a émis l’idée de venir courir le Prix de Diane l’an prochain.
Victoire Pisa pourrait également revenir courir en France et un autre cheval
est possible pour le "Jacques Le Marois". Il y
a aussi régulièrement des chevaux japonais qui courent des Grs 1 aux
Etats-Unis.
QU’EST-CE QUI MOTIVE LES
JAPONAIS À VENIR COURIR EN EUROPE ?
Ce n’est pas le niveau des allocations, car celles
offertes par la J.R.A. sont très élevées.
C’est vraiment l’aspect sportif. Un cheval comme Taïki
Shuttle appartenait à un syndicat de propriétaires. Le cheval avait tout gagné
sur 1.600m au Japon et, suite à un vote entre les propriétaires, il a été décidé de venir courir le "Jacques
Le Marois".
AU JAPON, LES COURSES SONT
TRÈS RYTHMÉES. POURQUOI CELA ?
Cette tactique permet la
sélectivité. Les Japonais ont cet esprit. Ils courent donc comme les
Américains, mais sur des champs de course plutôt français. Avec de grandes
lignes droites et de grands tournants, avec la piste en dirt à
l’intérieur de la piste en gazon, contrairement aux États-Unis.
ENFIN, EN 1999, VOUS AVIEZ
CHEZ VOUS EL CONDOR PASA, PENSEZ-VOUS QU’IL AURAIT PU GAGNER L’"ARC"
?
Je suis d’accord avec
l’analyse qui dit qu’El Condor Pasa aurait gagné tous les "Arc" des
années 90, sauf celui de 1999, bien sûr, et celui de Peintre Célèbre. Lors du
week-end de l’"Arc" 1999, le terrain était vraiment très lourd. Il
avait tellement plu que l’idée d’arrêter les courses après la cinquième le
samedi avait été évoquée. Avec un meilleur terrain, grâce à la lice à zéro, El
Condor Pasa aurait pu aller au bout. Je
respecte énormément Montjeu, qui est un excellent cheval mais un tel terrain
l’a avantagé plus que nous. El Condor Pasa avait été le premier trois ans
japonais sur 1600mètres et il avait gagné le Japan Cup pour son premier essai
sur 2400m.
LES DÉPLACEMENTS JAPONAIS EN
EUROPE
Depuis un peu plus de dix
ans, les japonais viennent assez régulièrement en Europe. Sur le vieux
continent, leurs premiers succès d’envergure ont été enregistrés à Deauville,
durant l’été 1998.
DEAUVILLE, AOÛT 1998 : C’EST
LÀ QUE TOUT A COMMENCÉ
Les expéditions japonaises
sur l’Europe n'ont pas vraiment commencé en 1998. Non, puisque les Anglais font
état de la présence de deux chevaux entraînés au Japon dans les "King
George" (Gr1), à quinze ans d’intervalle. Le premier fut speed symboli,
qui se classera cinquième en 1969. Le deuxième est sirius symboli, huitième de
cette même course. Bref, ils étaient venus tâter le terrain, sans grande
réussite quant au résultat brut. Mais ces voyages, même s’ils n’ont pas été
couronnés de succès, leur ont permis d’apprendre. En 1998, on retrouve les
Japonais à Deauville pour deux coups d’éclat. seeking the gold va s’adjuger le
Prix Maurice de Gheest (Gr1) dans un chrono record et, une semaine plus tard,
taïki shuttle va enlever le Prix Jacques Le Marois (Gr1), épreuve sur le mile
la plus richement dotée en Europe. Pour l’anecdote, un parieur venu du Japon
avait affolé le PMU en misant plus de deux millions de francs sur Taïki
Shuttle, payé 1/10 gagnant. Et pour l’histoire, Seeking the Pearl et Taïki
Shuttle ont été les premiers chevaux entraînés au Japon à gagner des Gr1
"occi- dentaux". Ces chevaux étaient venus pour le sport, créer un
exploit, car les allocations au Japon étaient déjà bien supérieures à celle
distribuées en Europe.
1999 : EL CONDOR PASA,
SEULEMENT BATTU PAR MONTJEU
Gagnant du Japan Cup (Gr1)
en 1998, el Condor Pasa est de ce fait le meilleur cheval entraîné au Japon
pour ce millésime. En fin d’année, on lui accorde d’ailleurs le même rating que
Sagamix, gagnant de l’"Arc". En 1999, sous l’entraînement de
Yoshitaka Ninomiya, il va terminer deuxième pour sa rentrée du Prix d’Ispahan
(Gr1). Le même jour, au Curragh, shiva s’impose dans le Tattersalls Gold Cup,
devenant le premier cheval avec le suffixe "JPN" à remporter un Gr1
en Europe (entraînés au Japon, Seeking the Pearl et Taïki Shuttle portaient le
suffixe "USA"). Ensuite, El Condor Pasa va remporter le Grand Prix de
Saint-Cloud (Gr1) et le Prix Foy (Gr2).
Puis, il tentera de gagner
l’"Arc" de bout en bout, mais un très grand Montjeu
viendra le battre à la fin. De l’avis de beaucoup de professionnels, El Condor Pasa aurait gagné tous les
"Arc" de la décennie 90, sauf celui
de Peintre Célèbre et de Montjeu… Sa performance aura le mérite de décomplexer
les Japonais qui ne vont plus hésiter à venir courir l’"Arc".
Également, en 1999, le jour de la deuxième place d’El Condor Pasa dans l’
“Arc”, Agnès World, entraîné par Hideyuki Mori et monté par Yutaka Take,
s’imposait dans le Prix de l’Abbaye de Longchamp (Gr1).
LES ANNÉES 2000
Ces dernières années, on a
vu plusieurs chevaux entraînés au Japon courir avec réussite en Europe. Ou, du
moins, créer l’événement rien que par leur présence. On pense bien sûr à Deep
Impact, troisième (déclassé) de l’ “Arc de Triomphe” (Gr1). Mais il y a aussi
heart’s Cry, gagnant du Dubai Sheema Classic et troisième, battu de peu, dans
les "King George" (Gr1) remportés par hurricane run en 2006. Heart’s
Cry a réussi à Dubaï ce qui est aussi le cas cette année de buena Vista,
deuxième de Dar re Mi dans le "Sheema Classic". Gagnant du Japan Cup,
Zenno rob roy est lui aussi venu en Europe. Pour sa seule tentative sur le
vieux continent, il s’est classé deuxième des International Stakes (Gr1) gagnés
par electrocutionist. Enfin, cette année, Nakayama Festa a été battu de peu
dans l’"Arc", une épreuve qui manque au palmarès de l’entraînement
japonais.
QUELQUES "FLOPS"
AUSSI
Tous les chevaux japonais
venus courir en Europe n’ont pas réussi. Certains sont passés à travers comme
Manhattan Café, non placé dans l’"Arc" 2002, ou Meisho Samson dixième
dans cette même épreuve en 2008.
LES CHEVAUX ENTRAÎNÉS AU
JAPON DANS LES RATINGS INTERNATIONAUX
Chaque année, l’IFHA publie
ses ratings internationaux. Les chevaux japonais y occupent rarement le haut du
tableau, même si plusieurs d’entre eux sont classés dans le top 50. On peut
remarquer une constante : ceux qui ne tentent pas leur chance hors de leurs
frontières ne dépassent jamais 123 de rating. En revanche, une bonne
performance à l’étranger permet aux chevaux japonais d’avoir plus de
considération et, ainsi, de gonfler leur rating. On le voit cette année avec
Nakayama Festa, bien mieux évalué que sa compatriote buena Vista. Voici les
classements depuis 2005 des chevaux japonais dans le top 50 de l’IFHA avec
également le meilleur cheval du monde et son rating cette année-là.
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