
Autres informations / 18.05.2012
A la decouverte de françois nicolle authentique
PAR
ADELINE GOMBAUD-MOUATADIRI
Dimanche,
François Nicolle sellera son premier partant dans le "Grand Steeple".
En s’imposant dans le "Président de la République" sous 72 kilos,
Quart Monde (Network) a gagné son ticket pour la plus belle épreuve d’Auteuil.
Le premier article que j’ai écrit sur l’entraîneur de Saint Augustin remonte au
printemps 2008. À l’époque, une certaine Queen des Places (Sabrehill) l’avait
projeté sous les feux de l’actualité. Je pense que François se serait bien
passé d’une pleine page dans un quotidien hippique, mais avec la gentillesse
qui le caractérise, il m’avait reçue, et raconté tout son parcours pour en
arriver là. Il craignait surtout que tout cela lui "porte la poisse".
Il est superstitieux, François. D’ailleurs, dimanche, même s’il fait très beau,
il portera le feutre qu’il avait le jour du "Président". « Je préfère
avoir l’air con et monter sur le podium », m’a-t-il dit en rigolant. Pour
Queen, finalement, cela s’était bien passé, et quand je suis retournée à
l’écurie, quelques jours après sa deuxième place dans le Prix Duc d’Anjou
(Gr3), il m’a offert une promenade sur sa championne pour me remercier. Ce
geste le résume bien. Quand vous ne le connaissez pas, avec sa grosse voix et
ses expressions bien à lui, il peut paraître "grande gueule". Il est
juste authentique. François, je l’ai vu ému aux larmes lorsque, après sa
victoire dans "le Président", ses fils lui ont envoyé des messages
pour lui dire qu’ils étaient fiers de lui. Je l’ai vu aussi la voix cassée par
l’émotion, quand Quart Monde a remporté le Prix Maréchal Foch, quelques
semaines après que Guillaume Rivière, son jockey, nous a quittés. Cette
participation au Grand Steeple ne le changera pas, j’en suis sûre. Quand on lui
dit que, cette année, ses chevaux "marchent sur l’eau", il répond que
c’est pour toutes les fois où ils ont "marché dans la boue", pour
rester poli. Il continuera à herser lui-même sa piste sur son tracteur,
l’endroit où il aime réfléchir, et à faire de bons repas avec ses amis de
longue date, ceux qui sont là dans les bons moments comme dans les mauvais.
Humble comme Quart Monde, le bien nommé, petit cheval au grand coeur, bon
ouvrier, de ceux qui ne vous lâcheront pas…
DU
CONCOURS HIPPIQUE AUX COURSES
François
Nicolle commence à monter en concours hippique gamin, alors que son père,
Pierre, transforme son cheval de complet, Nymphor, en cheval de course, grâce
aux conseils de M. Billot. Première désillusion d’enfant : en saut d’obstacles,
il faut beaucoup de moyens pour gagner peu. Alors, François se tourne lui aussi
vers les courses et part un an en Grande-Bretagne, chez Robert Armstrong. De
retour en France, il se perfectionne chez Vladimir Hall, à Durtal, et monte en
gentleman. Puis, c’est le moment du service militaire, à Fontainebleau, avec
les Danloux, de Chevigny, Chaignon…Après ces diverses expériences, François
retourne à Saint-Augustin, où son père entraîne des chevaux de course, tout en
conservant une activité d’agriculteur. « Nous avions des bovins, nous faisions
du maïs, du foin, un peu de légumes, des patates… Le matin, je m’occupais des
chevaux et, l’après-midi, de l’exploitation agricole. Puis j’ai opté pour les
chevaux et j’ai pris un permis d’entraîner dans les années quatre-vingt. Je
courais dans les hippodromes du coin des AQPS que je montais moi-même. À la
naissance de mon deuxième fils, j’ai arrêté de monter. J’en avais marre des
régimes de dingue que je devais m’imposer pour faire le poids. Cela me semblait
tellement facile d’entraîner des chevaux que je suis devenu entraîneur
particulier pour ma mère. Et là, ça s’est compliqué. Je n’étais plus salarié de
mon père, il fallait que les chevaux me fassent vivre. J’ai frôlé la
catastrophe. Mes parents m’ont aidé, ainsi que mon banquier, M. Teissier, du
Crédit Agricole de La Tremblade. Ah oui ! On peut même dire qu’il m’a porté à
bout de bras… » C’est alors qu’arrive dans la vie de François un cheval nommé
Enzo Conti. « Il a gagné à Auteuil lors de la réouverture, monté par Franck
Smeulders. Je me souviens que, sur le chemin du retour, j’ai appelé mon
banquier pour lui apprendre la bonne nouvelle. Il m’a dit : « C’est bien, mais
qu’est-ce qui serait arrivé si le cheval était tombé ? » Il n’avait pas tort,
car le déplacement représentait un coût important pour moi… Ce cheval m’a
vraiment sorti la tête de l’eau. Il m’a sauvé la vie ! Plus tard, la décision
de refaire mes pistes, de me doter d’un outil de travail vraiment performant a
été un autre déclencheur. Je me suis à nouveau lourdement endetté, en me disant
que je jouais le tout pour le tout… »
LA
FAMILLE NICOLLE, A L’ORIGINE DE LA PALMYRE.
On l’a
souvent décrit comme le troisième homme de Royan, derrière ses confrères
Guillaume Macaire et Arnaud Chaillé-Chaillé, installés sur l’hippodrome voisin
de La Palmyre. Pourtant, sans les Nicolle,
rien de tout cela n’aurait existé, comme nous l’a raconté François, qui
représente la troisième génération d’une famille à qui les courses royannaises
doivent beaucoup. « Mon grand-père, Léon Nicolle, possédait une entreprise de
travaux publics. Il avait des chevaux d’abord pour le travail, puis pour se
faire plaisir… Il a commencé à en faire courir quelques-uns. À l’époque,
l’hippodrome de Royan n’existait pas, c’était un endroit où l’on cultivait des
tulipes. On courait sur la plage de Vallières, entre Royan et Saint-Georges de
Didonne. Après avoir créé la station balnéaire de La Palmyre au début des
années soixante, mon grand-père, qui fut maire des Mathes, a imaginé
l’hippodrome, il y a une quarantaine d’années. Mon père, qui avait pris sa
suite dans la société de travaux publics, a construit la piste en sable, les
buttes qui sont au centre de l’hippodrome, les terrassements pour les pistes de
trot et de galop… MM. Lecomte et Robert Jullian sont venus entraîner sur place,
mais le centre était à l’état embryonnaire. Si mes ancêtres sont à l’origine
des lieux, le "grand boum" a eu lieu quand Guillaume Macaire est
arrivé. Avec le concours du Dr Noël, qui était président de la société, il a
fait construire des obstacles, un rond de dressage… Il a eu valeur de
locomotive pour les entraîneurs du coin. Il nous a montré qu’on pouvait aller à
Paris et y gagner des courses, au lieu de se contenter de notre province… »
PAS
D’APPROXIMATION
Après
une bonne année 2011, avec cinquante-neuf victoires, 2012 est encore meilleure.
Quand on lui demande d’expliquer cette réussite, François insiste d’abord : «
Je n’ai pas les mêmes chevaux dans mes boxes. Depuis des années, je m’évertue à
faire gagner des mauvais chevaux sur des petits champs de courses, alors
forcément, quand nous en avons qui bougent un peu les jambes… C’est plus simple
! » Mais une équipe récemment formée est aussi loin d’être étrangère à ces
succès. « D’abord, j’ai la chance de collaborer avec deux très bons jockeys,
qui ont beaucoup d’expérience. Gaëtan Olivier et Benoît Gicquel viennent travailler
trois jours par semaine, à tour de rôle. Ensuite, il y a le travail de toute
une équipe, qui a été longue à mettre sur pied, mais qui fonctionne désormais
parfaitement. Christophe Cheminaud, ancien crack-jockey, est mon premier
garçon. Nous discutons beaucoup des chevaux, de leur travail… Son amie,
Tiphaine, qui monte Quart Monde tous les matins, s’occupe des soins, de tous
ces petits détails qui comptent beaucoup dans le résultat final. Il y a aussi
Julien, le spécialiste des chevaux difficiles, Yann et Laurie, qui s’occupent
des voyages, Mathilda, Simon, Sébastien, Olivia, Thomas… Sans oublier le
maréchal, le vétérinaire, le marchand de grains…Et, bien sûr, les clients qui
amènent les chevaux et vous accordent leur confiance. Désormais, au sein de mon
écurie, chacun a un certain boulot, avec certaines responsabilités. Sans eux,
je ne suis rien et, sans moi, ils ne sont pas grand-chose. L’organisation est
rationnalisée, et il n’y a pas de place pour l’approximation. Avant, je faisais
tout, mais cela ne peut pas fonctionner. Il faut être secondé par des gens
compétents et qualifiés pour s’occuper d’autre chose, des relations avec les
propriétaires par exemple. » L’écurie a pris de l’ampleur et compte désormais
une soixantaine de boxes. « J’ai pris des risques l’an dernier, et j’en tire
les bénéfices cette année. Mais, surtout, il règne un bon état d’esprit. Mes
salariés se battent pour que leurs chevaux gagnent. Avant, quand un cheval
courait mal, j’étais le seul à "faire la tronche". Maintenant, on est
trois ou quatre ! »
UN
CENTRE PRIVE OU RIEN NE MANQUE
François
Nicolle entraîne chez lui, au lieu-dit l’Îlot, sur la commune de
Saint-Augustin, à quelques kilomètres de l’hippodrome de La Palmyre, une
propriété qui appartient à sa famille depuis plusieurs générations. Le centre
d’entraînement, situé en lisière de la forêt, outil dont il se sert
régulièrement, est composé de dix hectares de prés, d’une piste de trotting,
une autre de 1.100 mètres pour les galops, un parcours de haies en synthétique,
des obstacles de steeple, de cross, un rond pour dresser les poulains et
gymnastiquer les plus vieux, un marcheur couvert flambant neuf, le tout sur une
nature de sol exceptionnelle. Beaucoup de ses chevaux ont débuté en course en
ayant été dressés uniquement ici.
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