
Autres informations / 30.03.2013
Les amusants souvenirs d’un handicapeur
Pendant
vingt-sept ans, Christian de Chevigny a occupé un certain nombre de postes de
gendarme au sein de l’Institution du galop : handicapeur, « Monsieur cote »,
observateur de la régularité des courses… Dans un court livre, il a rassemblé
quelques-uns de ses souvenirs. En voici quelques extraits amusants.
UN VRAI
PROGRAMME DE VIE
Le jeune
Christian de Chevigny vient de signer son contrat de travail. Son oncle lui
écrit une lettre savoureuse :
• Mon
cher Christian,
Tu sais
combien je suis heureux que tu aies trouvé une situation convenable, dans tes
goûts – c’est capital – et solide. Cette solidité dépend de toi. Je suis
confiant dans tes aptitudes, mémoire, bon jugement de la course, souci de
travailler sérieusement et régulièrement, sans trop faire confiance à
l’inspiration. Aucun doute non plus sur ton indépendance la plus intègre.
Restent les qualités annexes : d’abord une grande réserve : proscrire tout
enthousiasme, toute indignation. Garder pour soi toute remarque risquée et, si
l’on décide de parler, énoncer paisiblement ce que l’on aimerait parfois crier.
Les courses ont leurs racines en Grande-Bretagne. C’est pourquoi un certain
flegme est de rigueur. Ne jamais s’exprimer avec passion ou même simplement à
voix trop haute. Cette réserve, toujours bien vue, est encore plus nécessaire
dans le métier de handicapeur, surtout vis-à-vis des entraîneurs. Ensuite une
grande modestie : tout l’entourage se figure que tu es un néophyte. Ne pas
réagir. L’entourage s’apercevra progressivement et spontanément de tes
connaissances. Si tu te présentes, au début surtout, comme un personnage
silencieux, ayant dans le crâne plus qu’il n’en dit, ce sera une grande
qualité. N’oublie pas qu’il serait maladroit de laisser croire que tu
considères le métier comme facile, il ne l’est pas. Enfin, le sens de la
hiérarchie : la hiérarchie, base des sociétés ordonnées, continue à régner
souverainement dans les courses. Le sommet, c’est le Comité. Essayer de
connaître les gens de visu. Les commissaires en particulier doivent inspirer le
respect, et à la Société d’Encouragement, ils le méritent. Le directeur
général, les secrétaires généraux sont des manitous d’une haute majesté et, il
faut dire, de valeur. Tous ces dignitaires vont peut-être te traiter
familièrement. N’en sois pas choqué. Un peu de paternalisme n’a jamais fait de
mal à personne et souvent a fait beaucoup de bien à beaucoup. Ton nom et ta
jeunesse le justifient à leurs yeux. Je suis persuadé que tu accepteras
gaiement les quelques conseils d’un oncle auquel une longue vie a donné quelque
expérience dans le milieu où tu entres.
SEUL
CONTRE TOUS…
Pas
facile de marquer son territoire et de ne pas tomber dans le conflit d’intérêts
ou le mélange des genres quand on évolue dans un monde aussi petit que celui
des courses. Ainsi…
• [Un
jour, le président d’une société du Sud-Ouest lui assène:] « Vous faites
l’unanimité contre vous. » [Réponse culottée mais pas fausse de l’intéressé :]
« N’est-ce pas la preuve, Président, que je ne favorise personne ? » Il fallait
oser. chacun à sa place !
Son
oncle l’incitait à la modestie. Il en faut parfois – par exemple avec ce
chauffeur de taxi lyonnais aux amitiés à géométrie variable.
• À
Lyon-Part-Dieu, il y a très souvent, le dimanche matin, un chauffeur de taxi
turfiste qui m’a repéré. Il est content de prendre en charge le handicapeur
pour discuter avec lui, durant le trajet vers l’hippodrome, des chances de
l’après-midi. Toutefois, le jour où des jockeys parisiens connus arrivent par
le même train que moi, il préfère les prendre en charge et me laisser trouver
un autre taxi.
SI ON
FLAMBAIT ?
Christian
de Chevigny n’a, du fait de ses fonctions, pas le droit de parier sur le sol
français, mais quand il se rend en Angleterre…
•
Empruntant le tortillard venant de Cambridge, je suis de retour à Newmarket
lors de la victoire de Ravinella dans les Cheveley Park Stakes. Elle devance ce
jour-là First Waltz entraînée comme elle à Chantilly. J’ai joué le jumelé des
deux pouliches françaises et obtenu un bon rapport, suffisant pour me
rembourser le voyage.
PAS
INTERDIT DE CRITIQUER
Deux
fois au moins, dans le livre, Christian de Chevigny se permet de petites
critiques contre le système en place. Ces critiques valent, évidemment, par la
position qu’il a occupée au sein de l’Institution :
•
[Obliger les commissaires à compter les coups de cravache] a pour effet de
concentrer l’attention desdits commissaires sur le nombre de coups, aux dépens
d’autres analyses comme la régularité des performances.
• Faire
venir les bookmakers [sur les champs de courses français] créerait une
animation que la réalité contemporaine du guichetier PMH, enregistrant les
enjeux, impassible derrière sa baie vitrée, n’offre pas. Le bookmaker est
intéressé au chiffre d’affaires (…) Pour attirer le parieur, il met en scène
l’instant où il modifie sa cote, provoquant une ambiance assez particulière.
27 ans
sur les champs de courses, souvenirs d’un handicapeur,
par
Christian de Chevigny (aux Éditions de La Lettre Active).
Pour
commander un exemplaire, envoyer un chèque de 19 € (15 € + 4 € pour le port) à
l’ordre de Christian de Chevigny à cette adresse : Éditions La Lettre Active –
16, Parc de Béarn – 92210 Saint-Cloud. Tél. 01 46 02 25 42. Email : contact@lettre-active.com
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