Les annees 60, maurice zilber

Autres informations / 26.02.2008

Les annees 60, maurice zilber

Maurice Zilber, l'homme

qui dans les années 1960 a conçu et réalisé le décollage des Bleus, nous parle

d'Alec Wildenstein et de cette écurie à laquelle il reste sentimentalement

attaché.

 

Une écurie de légende

L'entraîneur

qui a gagné le Derby d'Epsom se souvient très bien d'une anecdote

fondatrice : « Quand Alec était un jeune homme fringant, on le voyait

souvent chez « Régine » tard le soir, et c'est ainsi que lors d'une

nocturne, quittant les lieux pour rentrer à Chantilly, je l'invitai à me

rejoindre avec ses amis pour le 1er lot du matin en lui disant que

cela lui ferait du bien. Quelle ne fut pas surprise de le voir débarquer sur

les Aigles, et ce fut pour lui une sorte de découverte extraordinaire, une

véritable émotion. Son père m'appela deux jours plus tard pour me remercier en

me disant que son fils venait de découvrir enfin l'intérêt des courses, et rien

ne pouvait lui faire plus plaisir ». Maurice se rappelle alors que « Monsieur

Daniel » souhaitait profondément que ses deux fils épousent la passion

hippique familiale, et c'est donc très tôt qu'il plaça Alec à ses côtés pour le

seconder dans le management de l'écurie familiale.

« L'ascension

d'Alec fut rapide et très tôt il volait de ses propres ailes, vouant par ailleurs

une grande admiration pour Yves Saint Martin qui était le jockey maison. Il

découvrit aussi le jeu en même temps, ce qui est la meilleure façon d'apprendre

les courses de l'intérieur. Le jeune homme gagna beaucoup en maturité, en

sérieux, pénétrant le monde des courses et de l'élevage, tout en observant une

réserve de tous les instants à l'égard de son père à qui il vouait une

admiration sans bornes. Daniel Wildentsein était assez autoritaire, ne laissant

pas trop de degré de liberté à ses fils, mais conscient de cette situation

asymétrique, très tôt il abandonna le secteur de l'élevage à Alec qui assura

les croisements, dès le courant des années 1970 »

Alors

qu'Allez France avait 2ans, Maurice quitta son rôle d'entraîneur particulier de

l'écurie Wildentsein : « Ce départ fut synonyme de ma grande aventure avec

Bunker Hunt et tous ses champions qui firent ma renommée, mais je dois vous

confier aujourd'hui qu'on ne quitte jamais la famille Wildenstein. Daniel et

ses fils, Alec et Guy, font partie d'une espèce en voie de disparition, celle

des seigneurs. Alec était comme son père, un homme de classe, mais il le

montrait moins, se camouflant derrière des postures parfois mal comprises. Leur

écurie était leur vie, et bien que faisant triompher la casaque Hunt, Daniel et

Alec m'invitaient régulièrement pour discuter des courses et même de leurs

propres chevaux, faisant preuve d'une sollicitude et d'une amitié qui me

touchait. »

« C'est

pourquoi, avec le recul, que je crois que je n'ai jamais quitté la casaque bleue,

éprouvant une émotion intense chaque fois que les Wild gagnait une course

importante. Ce qui me trouble le plus, c'est que le prestige de ces couleurs

était l'œuvre d'un patriarche, d'un clan, d'une équipe, d'une famille. Les

Wildenstein, c'est une grande famille, beaucoup plus noble que toute autre,

d'extraction plus reluisante. Cette lignée de marchands d'art exceptionnels a

donné naissance à une écurie de légende. Je ne doute pas que Guy poursuive le

destin familial avec succès ».