
Autres informations / 29.03.2008
Nos ambitions pour le moyen-orient
Par
Cheik Mohamed Bin Rashid Al Maktoum
(Extraits choisis d'un article publié
aujourd'hui par le TDN, notre maison-mère)
« Lors
de sa visite récente, le Président Bush a été stupéfait de découvrir Dubaï, car
il n'est pas d'autre ville comparable qui soit ainsi sortie du désert.
D'ailleurs, du fait de l'omniprésence de la croissance immobilière, la blague
la plus courante qui circule entre nous est de proposer que la
« grue » soit désignée en tant qu'oiseau emblématique de notre
Émirat. C'est pourquoi investir, ici et à l'étranger, est le mot d'ordre
fondateur de notre politique.
Cette
orientation est une nécessité, et la structure de nos ressources le
prouve : l'exportation de pétrole
brut, dont nos réserves diminuent, ne constitue que 3% de nos revenus, alors
que le tourisme représente déjà 30%, et que le reste provient des activités
industrielles ainsi que des domaines technologiques et de transport. Cependant,
il est clair pour le monde entier que le label « Dubaï Inc. »
[Entreprise Dubaï, ndlr] est synonyme de commerce, et ce leitmotiv est un
projet pour nous. Il est vrai que Dubaï et son port forment une plateforme
commerciale depuis des siècles, et ceci explique notre propension à jeter des
ponts en direction du monde entier, à créer des liens avec les cultures les
plus diverses.
Dès
mon plus jeune âge, j'ai compris combien il était important de créer les
structures d'une économie efficace, que notre État saurait impulser tout en
suivant la recommandation éthique d'un environnement à respecter, tout en
libérant les énergies et inventions du secteur privé, qui sont garantes de
toute croissance économique.
J'ai
appris le capitalisme dans les bazars de Dubaï et il m'en est resté une
obsession : comment pouvons-nous être les agents du progrès ? C'est en ce sens
que je dénomme Dubaï : « Catalyse Inc. ». Nous visons dans un
environnement difficile, et notre pays a été dans la proximité de grands
conflits comme celui qui opposa l'Iran à L'Irak, comme l'invasion du Koweït,
comme la guerre actuelle en Irak. En dépit de ces traumatismes, Dubaï a appris
à surmonter ces difficultés et à se réinventer.
Nous
sommes convaincus que participer à la construction d'une économie régionale
prospère est le meilleur moyen de promouvoir une stabilité sociale au
Moyen-Orient. C'est pourquoi nous sommes très favorables au Marché commun des
Pays du Golfe qui a été créé le 1er janvier 2008, et qui devrait
conduire à une bonne intégration économique, à la fois commerciale et
monétaire. Bien que le capitalisme n'engendre pas toujours l'égalité, je me
plais à croire qu'à Dubaï, nous nous efforçons de bâtir un large réseau qui
conduise à une prospérité partagée.
Et
nous avons tiré profit de nos erreurs du passé à l'instar de notre projet
avorté de contrôler le port de New York. Nous envisageons désormais nos
investissements sous un angle plus holiste, en tenant compte du paysage social,
politique et économique, en prenant garde de ne léser nulle partie prenante.
C'est ainsi quand nous avons rencontré des résistances dans nos placements sur
les marchés boursiers européens, nous avons écouté nos interlocuteurs et trouvé
ainsi des solutions consensuelles.
Quand
vous regardez bien le Moyen-Orient, nous avons des régions qui économiquement
et socialement connaissent des retards de développement. Nous souhaitons que
ces régions deviennent rapidement comparables à l'Europe, le Japon ou
Singapour. Environ 1,5 milliard d'habitants vivent dans notre grande région, et
la moitié d'entre eux ont moins de 25 ans. Dans le seul monde arabe, 80
millions de jeunes cherchent du travail. Je considère cette jeunesse comme une
formidable richesse potentielle : si nous réussissons à exporter nos vues
au-delà des Émirats, je pense que nous éviterons à ces jeunes de connaître
l'humiliation de chômage ainsi que la tentation de l'extrémisme.
L'éducation
et la volonté d'entreprendre forment l'ossature d'un monde plus sûr et plus
sain. Ces deux directions calmeront la colère des peuples et détourneront la
jeunesse d'un radicalisme de frustration
lié au défaut de perspective. On me demande souvent : « Que veut Dubaï
? » Ma réponse est simple : nous voulons la continuation d'une trajectoire
qui s'est inaugurée avec notre préfiguration de l'avenir. Je crois sincèrement
que la nature humaine a une réelle propension au progrès et au changement. La
modernisation est incontournable à l'ère de la mondialisation, et nous devons
au Moyen Orient envisager cette exigence dans l'intérêt collectif des
populations.
C'est
pourquoi, à Dubaï, nous nous désintéressons de la politique au sens
traditionnel du terme, politique qui a tant meurtri notre région. Nous sommes
engagés dans une autre guerre, celle contre la pauvreté, celle pour
l'éducation, pour l'initiative économique, afin que les gens croient en leur
propre possibilité. L'humilité et la tolérance sont ancrées au plus profond de
ma famille, et elles sont au service d'autrui. C'est notre tradition et c'est
pourquoi mon attitude favorite est celle de l'écoute.
Je
demande toujours : que puis-je faire pour vous ? Que puis-je faire pour le
peuple? Cela fait partie des valeurs qui sont nôtres, et il n'est plus question
d'en changer, bien qu'il soit un peu tôt de dire au monde que l'odyssée de
Dubaï est forgée sur ce projet altruiste de changer la vie des gens au sein
d'un capitalisme dynamique et positif. »
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