Little big princesse

Autres informations / 26.05.2008

Little big princesse

 

Dimanche 25 mai, Auteuil.

Cette nana-là est

impayable. Princesse d’Anjou (Nononito) écrit au fil des saisons une histoire à

la Seabiscuit,

sauf que celle-là se déroule devant nous et que ce n’est pas du cinoche. Le

sport dans lequel elle excelle – les Grands Steeple d’Auteuil – est parmi les

plus difficiles au monde. Elle a eu sa part de malheurs en l’exerçant, puisque

dans l’édition 2007 du Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1), elle est tombée au

rail-ditch pour revenir aux boxes avec une fracture du crâne. Quatre mois plus

tard, elle donnait à nouveau le meilleur d’elle-même dans le Prix La Haye Jousselin

(Gr1). En 2006, à 5ans, elle avait déjà réussi l’exploit de remporter les deux

plus grands rendez-vous de sa spécialité à Auteuil, non sans prendre

entre-temps la deuxième place d’une Grande Course de Haies épique face à Mid

Dancer.

Au fond, elle

aurait pu entrer au haras deux fois. Mais elle est toujours là, notre Jeannie

Longo. Ce printemps, François Cottin lui a donné une préparation atypique, avec

une rentrée dans le Prix Juigné (Gr3) sur les haies, une victoire dans le Prix

Troytown (Gr3) pour son retour sur les gros d’Auteuil, puis une quatrième place

à Enghien dans le Prix Romati (L), derrière des chevaux qui ne partageront probablement

jamais son palmarès. N’importe quelle recette est la bonne quand elle marche.

Philip Carberry

a monté en confiance, c’est-à-dire dans le sillage des chevaux de tête, comme

un cavalier qui ne veut pas rater une bonne occasion. « Elle était aussi

bien qu’il y a deux ans, et les conditions de la course, du point de vue du

terrain en particulier, étaient comparables », a déclaré plus tard le

jockey.

Dans le

tournant final, cependant, les « Mulryan », favoris de la course,

étaient déjà battus. Or Noir de Somoza (Discover d’Auteuil), qui doit

décidément faire ses preuves sur plus de 5.000 mètres, ne

suivait plus. Le tenant du titre Mid Dancer (Midyan), sans doute à court avec

une seule course de haies dans les pattes, était déjà battu pour la victoire.

Lord Carmont (Goldneyev), en revanche, gardait la tête qu’il avait prise depuis

le début, Louping d’Ainay (Saint Preuil) se remettait de sa grosse faute au

mur, le 5ans Remember Rose (Insatiable) était encore là et Padisha Soy

(Dabistan) enclenchait la sixième vitesse. La Princesse, toutefois,

attirait déjà les jumelles. Sans pouvoir la comparer à Al Capone, on est

habitué à ses fins de course tonitruantes et à sa réelle aptitude pour les

marathons. Lorsque Lord Carmont a fini par ranger son pavillon, comme Remember

Rose, elle a donné ce coup de reins qu’on lui connaît, et qui lui a permis de

garder jusqu’au bout son compagnon d’écurie Louping d’Ainay en respect.

Ce dernier a

ensuite été disqualifié pour avoir porté un poids inférieur à 67 kilos (lire page X). Arrivé troisième grâce à sa splendide

fin de course, Padisha Soy a donc hérité de la deuxième place à l’issue d’un

parcours exemplaire dicté par Nathalie Desoutter.

Princesse

reprend donc son règne sur Auteuil. Elle a 7 ans, un âge bien jeune compte tenu

de ce qu’elle a déjà accompli. « Je ne vais pas la courir dans la Grande Course de

Haies cette année, a précisé François Cottin. Mais plutôt La Haye Jousselin. »

Sans doute

Princesse continuera-t-elle à nous étonner. Certainement pas à nous surprendre.

 

 

L’EXPLOIT DE LOUPING EN ÉCHARPE

Dimanche 25, Auteuil.

Le parcours de Louping

d’Ainay dans le Grand Steeple n’a pas été un modèle du genre. Le gris

partenaire de Dean Galagher a tiré au début, son jockey s’évertuant alors à lui

trouver un dos. Il était encore deuxième en face lorsqu’il a mal sauté le mur

après avoir franchi sans problème le rail-ditch-and-fence. Malgré tout, c’est

lui et lui seul qui est allé titiller Princesse d’Anjou sur le plat, une

planète où elle seule est capable de respirer normalement après cinq kilomètres

de course. Cet exploit – car c’en est un – ne demeurera pas dans les chroniques

parce que le poids de Dean Gallagher et de son équipement était inférieur à 67

kilos. 66,6kg, précisément, au lieu des 67,4kg affichés à la pesée avant le

départ… Les commissaires n’avaient d’autre choix que de le distancer. Le jockey

irlandais a perdu le bénéfice de sa performance parce qu’il s’est pesé entre le

Prix Ferdinand Dufaure (Gr1), remporté sur Oculi, avec la casaque trempée de

Jacques Détré sous celle de Jean-Paul Sénéchal. Un cavalier peut perdre jusqu’à

une livre dans un parcours de steeple à Auteuil. « Heureusement »

pour Jean-Paul Sénéchal, la victoire est sauve.

On imagine

volontiers que dans des circonstances différentes, le propriétaire puisse

bondir.

Il n’empêche

que Jean-Paul Sénéchal aura eu le rare privilège de voir deux de ses

représentants prendre les deux premières places de la plus importante course

d’obstacle de France. Ça n’aura pas duré, mais l’image restera sans doute.

C’est la deuxième fois en huit mois qu’un très gros morceau du programme

termine sous l’œil des commissaires.

On pourra

relever aussi que les deux premiers à l’arrivée ont tous les deux couru à

réclamer. En plat, on s’en plaindrait parce que cette mention sur le CV d’un

cheval de courses est un peu comme la crécelle que portaient jadis les lépreux.

À Auteuil,

c’est une gloire : même les plus valeureux soldats ne choisissent pas

leurs batailles.

 

 

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RÉACTIONS

 

Jean-Paul

Sénéchal (propriétaire de Princesse d’Anjou, 1er) :

« Princesse revient de loin. Je suis très heureux que ce soit elle qui

gagne. C’est une petite merveille. Elle est extraordinaire, c’est l’amie du

public et de la presse. François-Marie Cottin a fait un travail énorme avec

elle. L’an passé, sa chute a été très malheureuse puisqu’elle était

certainement en posture de réaliser le doublé. Elle le prouve aujourd’hui. Pour

le triplé, il faudra donc attendre l’année prochaine. »

 

David Windrif

(entraîneur de Padisha Soy, 2e) : « Toute la saison,

nous  n’avons visé que cette course.

Depuis le Prix Georges Courtois. Il a couru les préparatoires sans être au top

parce que nous avions un seul objectif. Il ne ramasse pas des morts. Il finit

mieux que les autres et Nathalie Desoutter l’a monté comme d’habitude. C’est

comme ça qu’il est le mieux. Je pense que le terrain lourd l’avantagera, parce

qu’il ira aussi vite qu’aujourd’hui. »

 

Hervé Barjot

(manager de l’écurie Mulryan, propriétaire de Mid Dancer, 3e, et

d’Or Noir de Somoza, NP) : « Or Noir de Somoza était contracté, il

n’a pas fait sa course. Il était déjà battu dans le dernier tournant et je n’ai

pas d’explication. Mid Dancer a manqué d’une course. »

 

Jean-Paul

Gallorini (entraîneur de Remember Rose, 4e) : « Il est

trop gaucher pour gagner ici à ce niveau. Il perd trop de temps et il faut

qu’il se fasse. »

 

Isabelle

Pacault (entraîneur de Lord Carmont, 5e) : « Bien sûr que j’y

ai cru. Dans le dernier tournant, j’ai pensé que c’était pour nous. Je ne

dirais jamais assez merci à ce cheval pour ce qu’il nous donne ; il est

extraordinaire. C’est pour ça que je suis très content et qu’il soit rentré en

forme et que tout aille bien. A chaud, je pense lui offrir un break pendant

l’automne et préparer le printemps prochain. Je garde mon badge pour dans un

an ! »

 

Xavier Bozo

(copropriétaire de Top of The Sky, arrêté) : « Nous avions demandé à

Raymond O’Brien de ne pas insister s’il était dépassé. Il n’a que 5 ans. Nous

avons le temps. »

 

 

 

Encadré : les réclamers de JP Sénéchal :

Princesse d’Anjou et Louping d’Ainay sont tous les deux passés à réclamer.

Envoyé après.