Les impressions d'ascot

Autres informations / 25.06.2008

Les impressions d'ascot

MARDI 17 JUIN

L'incontestable Prince Henry Prince du Portugal, Henri le

Navigateur, qui ne navigua jamais, mit cependant au point la caravelle, un

bateau qui ouvrit l'Amérique au Vieux Monde. Juste retour de l'Histoire, c'est

aujourd’hui Henry the navigator, un fils de l'américain Kingmambo, qui règne

sur le mile européen après son éclatante démonstration d'Ascot. Le poulain de

Coolmore a survolé la course en battant le record de l'épreuve.

Cette arrivée est logique car le second de l'épreuve,

Raven's Pass (Elusive Quality), poulain régulier, ne pouvait prétendre

approcher le gagnant des Guinées anglaises et irlandaises. Et comme Falco

(Pivotal), le challenger français gagnant de la Poule d'Essai, qui ne s'est pas

adapté à Ascot, n'a été que l'ombre de lui-même, l'opposition était

relativement faible dans la mesure où le rival New Approach (Galileo) est parti

du côté de sa vraie distance, 2400m.

Cependant, ce qu'a fait Le Navigateur est remarquable,

réussissant un coup de trois magique qui lui assure une notoriété maximale pour

l'entrée au haras. Remarquons que le fils de Kingmambo a effectué une saison

écourtée à 2ans, le dispensant de grandes joutes de Septembre et Octobre. Cet

élément a sans doute permis à notre nouveau Prince d'arriver frais et dispo au

Printemps, à l'inverse de ses précédents homologues entraînés par Aidan

O'Brien.

 

La France a cru en Darjina

Les Queen Anne St, le mile pour les vieux, nous ont offert

une lutte farouche entre Haradasun (Fusaichi Pegasus) le vainqueur et Darjina

(Zamindar), la vaillante française. Malgré un Soumillon des meilleurs jours, il

a manqué un rien pour que la France triomphe dans cette belle épreuve qui n'a

pas rassemblé des cracks.

Nous avions aussi Sageburg (Johanesburgh) dans cette course

mais il nous a semblé que ce dernier n'avait peutêtre pas le rythme du vrai

miler, et nous le reverrons avec plaisir sur un peu plus long.

 

Le "français" Equiano surprend

 

Triplement français, car né et élevé en France au Haras de

La Louvière, vendu foal à Arqana Deauville, et monté par Olivier Peslier,

Equiano (Acclamation) a été notre grande satisfaction de ce Mardi, remportant

les King's Stand St, ce qui demeure un exploit pour un 3ans sprintant contre

des vieux bien rôdés sur 1000m.

Aujourd'hui espagnol car entraîné par Mauricio

DelcherSanchez, et appartenant à un Irlandais qui venait de l'acheter 400.000€,

ce cheval européen né en France par un père Irlandais, a représenté un

"choc" pour les fans anglais qui ne voyaient aucune chance (il était

à 22/1) à ce jeune ibérique. Cette victoire fut une sensation.

 

 

MERCREDI 18 JUIN

Le Duke se balade

C'était prévu, Duke Of Marmalade (Danehill) a fait le

spectacle dans ces Prince Of Wales St où il n'avait pas d'opposants sérieux, et

c'est de 4 belles longueurs qu'il a remporté cette course prestigieuse, qui

n'avait pas le relief de l'an passé quand Manduro l'emportait.

Après Prince Henry la veille, le Duc scellait le 2e très

grand succès de l'écurie Coolmore qui continuait victorieusement ce qui sera

pour le team irlandais une sacrée semaine. C'est visiblement, après sa victoire

dans le Ganay, le bon vieux en circulation. D'autant qu'il est en pleins

progrès comme ne cesse de le répéter son entraîneur ravi.

Là encore, remarquons le privilège des "ennuis de

santé" (il était souvent boiteux) qui ont contrarié un déroulement normal

de la carrière du Duke à 3ans, le privant ainsi des grandes joutes classiques.

Ainsi, comme Manduro, le Duke est une sorte de rescapé qui se retrouve en forme

tardivement mais avec un cœur et un "moteur" intact.

 

 

 

JEUDI 19 JUIN

Yeats statufié

C'est réconfortant de voir un grand stayer célébré par le

public et les observateurs comme s'il s'agissait d'un pur classique. C'est ce

qui est arrivé à Yeats (Sadler's Wells), le 7ans de Coolmore qui enlevait en la

circonstance sa 3e Gold Cup de suite. Il est devenu un héros du Turf, grâce à

la durée.

La course en témoigne : Yeats fut longtemps botte à botte

avec Coastal Path (Halling) le 4ans d'André Fabre qui venait le défier sur son

terrain. Ils allaient tous deux ensemble dans cette première accélération, et

le clan français se prit à espérer une victoire. Mais à 250m du poteau, Coastal

Path lâcha prise face à la résistance du vieux guerrier qui s'envola tout seul

vers la consécration. Nul doute que le cantilien reviendra, endurci, l'an

prochain pour postuler à la succession de l'idole de Ballydoyle, dans une

épreuve qui retrouve tout son prestige auprès du public alors que le marché a

condamné la longue distance sans se préoccuper de l'Histoire ou du plaisir. La

leçon des courses d'Ascot est que l'attrait du meeting est lié à la diversité,

et que ces mélanges d'âge et de distance comblent les amateurs et les racing

fans. Vive la diversité !

 

 

VENDREDI 20 JUIN

 

L'alchimie Bolger

Jim Bolger avait confié au JDG combien la victoire de New

Approach était émouvante, combien le petit foal-à-lacloche était un cheval

délicat. Mais il avait omis de nous livrer un secret qui nous laisse perplexe :

comment se faitil que ses bons chevaux progressent alors que ceux des autres se

fatiguent et déclinent ?

Le parcours heurté de Lush Lashes (Galileo), la superbe gagnante

des Coronation St, est typique de l'entraîneur. Elle court gentiment dans les

1000 Guinées finissant 6e à distance puis gagne 15 jours plus tard les Musidora

St Gr2 (le Saint-Alary anglais). Elle finit ensuite dans la foulée 5e des Oaks

d'Epsom sur 2400m qui lui ont semblé bien longs. Et 14 jours plus tard, Lush

Lashes revient sur le mile pour ridiculiser l'opposition dans cette revanche

des Guinées, en l'emportant de loin.

Cette fille de Galileo qui donne le meilleur d'elle-même sur

1600m défie les règles de l'entraînement et de l'élevage, et cette nouvelle

reine est un pur produit de l'alchimie Bolger. Et cette alchimie semble

intimement liée à un étalon : Galileo. Bolger a fait de Galileo, en ces 2

dernières années, le plus extraordinaire fils de Sadler's Wells, capable de

produire des sujets étant à la fois des 2ans précoces, des milers rapides et

des sujets de tenue ! Bien que par Sadler's Wells (tenue) et Urban Sea

(Miswaki) (20002400m), les Galileo de Bolger récitent toute la gamme et ne semblent

pas s'en lasser !

Dernière preuve ce Vendredi d'Ascot, la nouvelle Cuis Ghaire

qui enlève les Albany St Gr3 pour 2ans durant ce meeting. Père Galileo !

Entraîneur Bolger ! Coolmore devrait confier tous les Galileo à Bolger : ils

gagneraient toutes les courses d'Europe.

 

Campanologist sauve l'honneur de Dubaï

On mentionne cette victoire de Campanologist (Kingmambo)

dans les King Edward VII St Gr2 pour signaler l'échec de Darley durant ce

meeting et même cette première partie de 2008. Coolmore a gagné ce championnat

royal par 5 victoires de Gr1 contre une victoire de Gr2 pour l'armada Darley.

C'est trop cuisant.

De la même façon qu'il existe un mystère Bolger, il existe

un syndrome Dubaï qui frappe les sujets à la casaque bleue qui pourtant

multiplie les investissements. Cela ne durera pas, mais on s'interroge

aujourd'hui. Heureusement pour Cheik Mohamed, il a acheté et offert New

Approach à son épouse, mais…c'est Bolger qui l'entraîne !

 

 

 

SAMEDI 21 JUIN

 

La fusée Kingsgate Native

Avec la victoire d'Equiano dans les King's Stand, la ligne

était favorable à Marchand d'Or (Marchand de Sable). Ce dernier a déçu ses

preneurs, réalisant une exhibition courageuse mais moyenne à distance des

premiers. Ce n'était pas le vrai Marchand d'Or que nous espérons retrouver à

Deauville comme d'habitude.

La défaillance du sprinter de Freddy Head a permis à

Kingsgate Native (Mujadil) de remporter ce grand Jubilee, ce qui lui revient de

droit à ce 3ans qui avait osé l'année dernière, c'est-à-dire à 2ans, défier ses

aînés dans le Prix de l'Abbaye y finissant méritoire 2e, après avoir gagné les

Nunthorpe Gr1. Ce fils du bon étalon Mujadil, très sous-estimé car stationné

dans un "petit" haras d'Irlande, est une sorte de héros victorieux et

il méritait mille fois d'être célébré durant ce meeting prestigieux : en

Angleterre comme en France, on aime les valeureux qui sortent des entiers

habituels, c'est bien le cas de Kingsgate Native, la fusée.

 

La reine elle-même en apothéose

Tout fut parfait à Ascot, car ce dernier jour a vu triompher

la casaque de Sa Majesté la Reine Elisabeth. En effet, dans ces Chesham St L,

course pour 2ans prometteurs, le poulain Free Agent (Dr Fong) a triomphé sans

problèmes de 2 longueurs. Cela faisait 10 ans que les couleurs royales

n'étaient pas montées sur le podium en ce meeting. Et

cela faisait 30 ans que Sa Majesté n'avait pas vu un de ses

2ans gagner une course à Royal Ascot.

Cette victoire a donc donné une tonalité supérieure et

enjouée à cette exceptionnelle semaine de courses. Le public était aux anges

comme si tout s'était passé comme cela devait être. Elle nous a permis de

comprendre la substance et le pourquoi de ce meeting : en fait, tout tourne

autour du prestige symbolique de la famille royale, traditionnellement

passionnée par ce qui pour elle est avant tout un sport. Ce meeting ne peut

exister qu'en Angleterre : ni l'Amérique, ni l'Irlande, ni la France, n'ont une

famille souveraine acquise aux courses. Il y a des symboles qui durent et qui

rassemblent…

 

 

 


 

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