
Autres informations / 09.06.2008
Prix de diane
ZARKAVA,
UNE CHAMPIONNE ABSOLUE
Dimanche 8, Chantilly.
Il y a des arrivées
plus surprenantes ! Comme on s’y attendait (1,40€ à la cote), Zarkava (Zamindar) est demeurée
invaincue, facilement, dans le Prix de Diane (Gr1), son troisième Groupe 1
après le Prix Marcel Boussac et la
Poule d’Essai des Pouliches.
Pas
d’embrouilles ni de contretemps pour la pouliche qui entre, à l’image de Dalakhani (Darshaan) cinq ans avant
elle, dans le club très fermé des cracks, les exceptions génétiques que produit
l’élevage de temps en temps. Dans une saison qui, de Henrythenavigator à New
Approach, de Natagora à Zarkava, apporte au public européen plus que sa ration
annuelle de chevaux exceptionnels, l’élève de l’Aga Khan est aujourd’hui la
seule qui soit encore tout à fait invaincue, avec le lauréat une semaine plus
tôt du Prix du Jockey Club (Gr1), Vision
d’État (Chichicastenango). Ses limites demeurent, aujourd’hui, inconnues.
>> on
tourne ici
Christophe
Soumillon, le jockey de la championne, n’a pas hésité à la laisser galoper en
retrait dans ce peloton de treize concurrentes, qui semblait aller à bonne
allure sous l’impulsion de Sanjida
(Polish Precedent), le leader de l’écurie Aga Khan, l’irlandaise Prima Luce (Galileo), puis Belle et Célèbre (Peintre Célèbre) et Leo’s Starlet (Galileo). Goldikova (Anabaa), la meilleure
opposition à la favorite sur le papier, puisqu’elle venait de prendre la
deuxième place de la Poule
d’Essai, n’était pas loin, bénéficiant d’un parcours favorable. Zarkava, elle,
donnait l’impression de suivre sans envie, comme une étoile. C’est au pied de
la montée, lorsque Christophe Soumillon l’a déboîtée, que la pouliche est
véritablement entrée dans la course. On luttait à son intérieur mais elle
continuait de galoper en deçà de sa vitesse de pointe, sûre de sa capacité
d’accélération qu’elle n’avait pas encore enclenchée et qui, décidément, fait
défaut à ses rivales. Ce fut fini en moins de temps qu’il n’en faut pour se
poser une question.
Quiconque a
fait l’expérience de conduire une voiture de sport sur une autoroute un peu
encombrée – mais pas trop – sait ce que ressent Christophe Soumillon sur de
tels chevaux : à 3.000 tours/minute, on suit le troupeau sans difficulté.
Un petit coup d’accélérateur, et l’on se détache de ces contingences. La
gravité devient une péripétie. Une différence, tout de même : Zarkava ne
pollue pas ! Au contraire, elle inspire.
Gagnoa (Sadler’s Wells), qui s’est rapprochée en même temps
qu’elle, s’est montrée très accrocheuse pour rejoindre Goldikova, sur laquelle
Olivier Peslier a joué son va-tout de bonne heure. Quatrième, Proviso (Dansili) continue de se retrouver,
avec un parcours au millimètre. Les pouliches ont fait de leur mieux. Pas de
doute dans le sillage de l’étoile. Sa lumière est claire, sa trajectoire
limpide.
« On peut la placer au niveau de
Dalakhani et des grands chevaux d’exception, a estimé Alain de Royer Dupré. Il
n’était pas prévu qu’elle se retrouve aussi loin mais on a vu cet après-midi
que lorsque les courses allaient vite, comme par exemple dans le Prix du Chemin
de fer du Nord (Gr3), on pouvait venir en pleine piste de derrière. Il a laissé
la pouliche s’exprimer. Elle est parfois froide en course alors que le matin,
il faut se montrer prudent. C’est du génie à l’état pur. Elle a probablement
hérité ce gène de Petite Étoile (sa cinquième mère, ndlr). Parfois, une jument
exceptionnelle ne donne rien de spécial et puis, après quelques générations, le
gène ressort. »
ZARKAVA : « L’EXCEPTION DE
L’ELEVAGE »
Sur la même
veine de Petite Étoile, et de sa seule fille Zahra, l’éleveur-propriétaire de
la gagnante reprenait : « Zarkava,
c’est l’exception de l’élevage. Elle représente la perpétuité d’une grande
famille. Mon grand-père a couru Petite Etoile jusqu’à ses 5ans. Elle est
ensuite rentrée au haras et n’a produit qu’une seule pouliche, que j’ai appelé
Zahra, comme ma fille. Cette seule pouliche a été l’élément qui nous a permis
de redévelopper cette famille. Nous avons par ailleurs choisi de la croiser
avec Zamindar, car son pedigree marche à merveille avec les juments Aga Khan.
Nous avions de ce fait même essayé de le ramener en France. » La
démarche n’a malheureusement pas abouti, et les éleveurs français semblent
condamnés pour de bon à traverser la
Manche pour présenter leurs juments au pensionnaire de
Banstead Manor.
Qu’à cela ne
tienne. Son meilleur produit est à l’entraînement en France et elle
bénéficiera, comme Dalakhani avant elle, d’un entourage qui fera tout pour
mettre son talent en valeur.
LES AUTRES PARTICIPANTS
Jockey de
Gagnoa, deuxième, JP Murtagh n’a pas cherché d’excuse : « Nous avons eu un bon parcours dans le
sillage de la gagnante, a)-t-il déclaré. Un terrain plus souple et une distance
plus longue ne la dérangeront pas. » également
entraînée par André Fabre, Proviso a conclu à la quatrième place en ayant, elle
aussi, bénéficié de l’aspiration de la lauréate. Stéphane Pasquier était ravi
de sa pouliche : « Nous avons
eu un parcours en or, a-t-il noté. Une course de rêve. La pouliche a fait le
maximum et elle n’a pas d’excuse. » L’élève de Khalid Abdullah a
décidément besoin d’une course qui roule, et même si le Prix de Diane s’est
conclu en 2’07’’10, soit 1’’20 de plus que le record de la course, on ne peut
guère reprocher aux leaders d’avoir amusé le terrain.
Goldikova a
tout à fait rempli son rôle, et elle s’est montré courageuse pour garder la
troisième place : « Je suis
très content, a déclaré Freddy Head. Olivier Peslier l’a montée comme il
fallait. Elle a vraiment donné tout ce qu’elle avait et n’est battue que par
deux grandes championnes. »
Pierre-Yves
Bureau, manager de Wertheimer & Frère, a pour sa part estimé : « C’est très bien, elle court sa
valeur. Elle a été montée comme prévu. Maintenant, nous allons voir son
programme et la laisser se reposer après deux grandes courses. Avant le coup,
nous n’avions pas de doute sur sa tenue car ses origines la
garantissaient. »
Cinquième, Satan’s Circus (Gone West) a sans doute
fait un petit peu mieux que ce que la plupart attendaient. « Elle court très bien, a estimé son jockey, Christophe Lemaire.
Nous avons toujours été débordés dans le parcours et j’ai rasé les murs mais
elle a progressé toute la ligne droite. »
Hormis Sanjida,
qui courait pour Zarkava et ne peut être jugée sur sa prestation, les deux
autres pensionnaires d’Alain de Royer Dupré ont plutôt déçu. Leo’s Starlet
n’est pas restée dans le groupe de tête dès que les choses sérieuses ont
commencé, pas plus que Belle et Célèbre. Or les deux avaient été parfaitement
placées par leurs jockeys respectifs. « Leo’s
Starlet vaut sans doute mieux que ça », a estimé son entraîneur, son
jockey Frankie Dettori estimant qu’elle serait peut-être plus incisive sur plus
long et un terrain plus souple. De son côté, Gilles Forien, co-éleveur de Belle
et Célèbre avec son épouse Aliette, a révélé que la pouliche avait été
perturbée dans sa préparation : « Tout
s’est bien passé jusqu’à vendredi, a-t-il expliqué, puis elle a eu un problème
de vertèbres que nous avons résolu mais qui n’était pas idéal avant une telle
échéance. Elle ne semble pas avoir fait sa course. »
LE PROGRAMME DE LA CHAMPIONNE
Zarkava a
parcouru les 2.100
mètres sans aucune difficulté liée à un éventuel défaut
de tenue, et l’Aga Khan a confirmé que l’Arc de Triomphe, déjà évoqué par Alain
de Royer Dupré après la Poule
d’Essai, était plus que jamais eu programme de la pouliche : « Nous devrions courir le Prix de l’Arc
de Triomphe (Gr1), a déclaré l’éleveur. Il y a du fond dans le pedigree de
Zarkava, notamment par Kahyasi (Derby winner 1988, ndlr), et je pense que les
pouliches progressent davantage que les mâles du printemps à l’automne. »
« C’est une pouliche qui n’est pas
lourde et qui a de bons appuis, reprenait Alain de Royer Dupré. Elle peut aller
sur une piste autour de 3,8 ou 4. Il me semble évident qu’il faille préparer
l’Arc. En revanche, j’aimerais qu’elle coure sur moins de 2.400 mètres
auparavant, et je préfèrerais lui trouver une course autour de 2.000 mètres pour
cela. »
On pense
naturellement au Prix de la
Nonette (Gr3, le 24/08), mais une excursion outre-Manche
n’est pas exclue.
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