
Autres informations / 17.11.2008
Questarabad prend de la hauteur
Dimanche 17 novembre, Auteuil. On
pourrait laisser aller notre plume à quelques formules lyriques pour parler du
cheval qu’est devenu Questarabad
(Astarabad). En l’espace d’un an, il a tellement évolué. Mais nous irons finalement
droit au but : il est dorénavant le meilleur hurdler de 4ans en France. Et
ce n’est pas seulement le fait d’avoir remporté le Prix Renaud du Vivier (Gr1)
qui lui octroie cette dimension, ce sont, aussi et surtout, les conditions qu’il
a surmontés pour y parvenir.
Questarabad a dû se rendre maître
de deux adversaires bien différents : La
Grande Dame (Daliappour) qui s’est révélée sa plus tenace
adversaire et Springer (Sagamix) qui
l’a – malencontreusement – terriblement gêné au saut de la double-barrière et
l’a littéralement « coupé en deux ». A ce moment le destin était
contraire et Marcel Rolland a senti le ciel lui tomber sur la tête. « A l’avant-dernière, j’ai cru que les
carottes étaient cuites », répétait-il, presque nerveusement, à ceux
qui venaient le féliciter. Il faut être un champion pour repartir et venir
prendre la mesure d’une jument de la trempe de La Grande Dame qui était
calée le long de la lice extérieure et semblait aussi à l’aise sur le terrain
lourd (pénétromètre à 4,7) que des jet-setters en soirée.
Promu JDG
Jumping Star lorsqu’il avait gagné le Prix Rohan (L) au mois de mars, le
grand cheval bai-foncé et bouillant entraîné par Marcel Rolland a fait du
chemin depuis. Ce dimanche, s’il trottinait encore dans le rond de
présentation, il s’est montré davantage posé en course, moins tendu que
précédemment. En remportant de cette manière la Grande Course de
Haies des 4ans d’Automne, Questarabad laisse de vraies promesses… « Il va rester en haies car il est trop
compliqué pour aller sur le steeple, nous a déclaré Marcel Rolland. Mais
peut-être qu’à la fin de son année de 5ans, il pourrait traverser la manche
pour se produire à Cheltenham. Le rythme soutenu des courses lui conviendra et
les obstacles sont réguliers. »
La
Grande Dame dans
le scénario inverse
Une fois encore, La Grande Dame
(Daliapour) a très bien joué son rôle. Mais à l’inverse du Prix Pierre de
Lassus (Gr3), elle n’a pas pu contrer l’attaque de Questarabad qui lui rendait
cette fois deux kilos contre trois dans la dernière préparatoire. L’écart est
minime : au terme de la vive explication entre les deux meilleurs 4ans
dans les 200 derniers mètres, il se mesurait à une encolure. Une fois encore,
appuyée le long de la lice des tribunes, la pensionnaire de Ronald Caget s’est
remarquablement défendue, mais «
c’est la dure loi du sport », constatait avec fairplay l’entraîneur.
De son côté, son propriétaire Jacques Seror ne cachait pas sa joie, mêlée d’un
soupçon de déception. « C’est un
grand bonheur ! Régis Schmidlin a eu l’intelligence de tirer la leçon de
la dernière fois quand nous l’avons battu. Il est venu cette fois toute à la
fin. C’est comme une victoire. Si elle avait gagné, je crois que je l’aurais
arrêté pour la mettre à l’élevage. Mais avec ce résultat, je peux dire qu’elle
va rester à l’entraînement à 5ans. Je tiens à préciser qu’elle ne sera jamais à
vendre ! »
Worldbest, attentiste et efficace
En prenant la troisième place, Worldbest (Muhtathir) a terminé à dix
longueurs du match de haut niveau entre les deux premiers. Mais le pensionnaire
de Michel Roussel a très bien couru. En embuscade dans les derniers rangs, il a
seulement commencé à se rapprocher au bout de la ligne opposée pour soutenir
ensuite un remarquable effort jusqu’au terme. « Avant tout, il avait aujourd’hui le terrain lourd qu’il
apprécie, nous a déclaré Michel Roussel. J’avais dit à Fabrice [Barrao, son
jockey, ndlr] de le tenir au maximum et de le placer en position d’attente.
C’est ce qu’il a réussi à faire et il a remarquablement fini. C‘est évidemment
merveilleux. Pour l’anecdote, c’est un cheval qui peut tirer un peu comme le
faisait le champion trotteur Minou du Donjon quand je le drivais ! »
Grivette a lâché prise
Des autres chevaux en vue, il
faut revenir sur les prestations de Grivette
(Antarctique) et Springer. La première a perdu des rangs au milieu de la ligne
opposée et a été arrêtée dans le tournant final. Les hypothèses sur son
aversion au terrain excessivement lourd trouvent ici leurs réponses. Il faudra
attendre des sols meilleurs pour la tenante du Prix Alain du Breil (Gr1).
Springer a rencontré un mur
Au marathon, on parle du mur des
30km. Springer qui découvrait le top niveau a lui dû faire face au mur de la
dernière ligne droite. Encore remarquablement présent dans le dernier tournant,
cette JDG Jumping Star a souffert ensuite. Sa
faute à l’avant dernière haie, où il a littéralement traversé l’obstacle de
biais devant Questarabad, obligeant ce dernier à une esquive délicate, a sonné
son dernier moment de présence sur la première ligne. Pourtant le pensionnaire
de François Belmont a réussi à se classer sixième à deux longueurs et demie de
Worldbest, troisième. Le gris de François Belmont ne doit donc pas être
condamné trop vite. Pour peu qu’il parvienne à mieux gérer ses efforts – il s’est
montré trop brillant au début –, il a sa place dans l’élite.
L’autre visage de Questarabad
Au fil des courses, l’AQPS a calmé
ses ardeurs mais certainement pas aussi vite qu’aurait aimé son entraîneur,
Marcel Rolland. Dès 3ans, Questarabad avait montré un très beau potentiel en
plat, en dominant de la tête des épaules un Prix Jacques de Vienne de haut
niveau. Son suivant n’était-il pas Qocq Corricco (Robin des Champs)… à six
longueurs ? Ensuite, à 4ans, sur les obstacles d’Auteuil, il a tout de
suite fait merveille avec son grand abattage mais il traçait ses parcours avec trop
de fougue. Dimanche, Questarabad était, non pas calme, mais attentif,
respectueux et obéissant. « Je crois
que le terrain pénible a finalement été un atout. De cette manière, il a
beaucoup moins tiré que les fois précédentes », a déclaré Régis
Schmidlin, son jockey tandis que Marcel Rolland évoquait le rythme élevé de l’épreuve :
« Régis n’a pas eu besoin de se
battre avec lui et le cheval était à sa aise, dans son action grâce au train
imposé ». Le deuxième fait marquant de sa course a évidemment été
l’incident de l’avant-dernière haie quand le lauréat et Springer se sont
télescopés ! Les jambes coupées, Questarabad est reparti avec la volonté
qu’on lui avait déjà attribuée. « Je
pensais que la course allait s’arrêter là, a poursuivi Marcel Rolland. Il est
vraiment très bon. » Le Grand 4ans a surtout démontré ici une certaine
agilité et réactivité. Des qualités qu’on ne lui connaissait pas forcémment.
Aux origines de Questarabad
Questarabad a également apporté
un grand plaisir à son éleveur, Jean-François Colas, présent à Auteuil pour
fêter sa première victoire de Gr1. « C’est
une très belle victoire, mais pas d’euphorie », nous a t-il. Issu
d’Astarabad et de Hatilade, vide cette année, Questarabad est le dernier
produit de sa mère. Sa sœur aînée, Patagonie
(Robin des Champs) court mercredi sur la Butte Mortemart et
revient pour l’occasion sur les haies après une victoire en steeple à la fin du
mois dernier. « Elle court sous mes
couleurs, comme toutes les juments de mon élevage, nous a expliqué
Jean-François Colas. Elle est également entraînée par Marcel Rolland. »
Le produit précédent – et premier – de Hatilade, Outaouais (Sleeping Car) a été exporté en Angleterre après avoir été
entraîné de François Nicolle.
Nous reviendrons plus en détails sur l’élevage des Terres Noires de
Jean-François Colas dans une prochaine édition.
Le premier Gr1 de Régis Schmidlin
C’est avec son fidèle jockey,
Régis Schmidlin, que Questarabad, a gagné le premier Gr1 de sa carrière. La
patience a été récompensée pour ce jockey entré dans le métier il y a dix ans
et qui a effectué un travail important sur Questarabad. « J’attends cette victoire de Gr1 depuis longtemps, a déclaré le
jeune homme. C’est une chance pour moi de travailler aux côtés de Marcel
Rolland et de monter pour des propriétaires qui me font confiance [Mme Roger
Polani, ndlr]. On concrétise une belle année. Tout s’est passé comme dans un
rêve, mis à part à l’avant-dernière haie. Il faut être un crack pour repartir
de la sorte. »
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