
Autres informations / 30.06.2009
Les aventures d’ashaninka, de keeneland à buros
Retour sur un rocambolesque Prix de Malleret, jusque dans
les origines de la gagnante
Gagner une course de Groupe, lorsqu’on est leader, n’est pas
banal. Mais le destin d’Ashaninka, la mère d’Ashalanda, ne l’est pas non plus.
C’est une belle aventure, comme seul l’élevage en offre.
Martine Vansebrouck est éleveur à Buros, près de Pau. Mais
pas de chevaux de course. Sa spécialité, ce sont les poneys de sport (voir
photo ci-dessus). En 2006, elle avait fait une petite incursion dans le galop,
en achetant chez Arqana une fille de Green Tune… Mais son aventure dans notre
univers commence véritablement en décembre 2008, il y a sept mois.
Elle monte à Deauville, où elle a repéré quelques lots dans
le catalogue d’Arqana. Malheureusement, toutes les poulinières qu’elle a
cochées se révèlent trop chères. C’est alors que son ami Michel Lasserre, du
haras charentais de la Roseraie, lui signale une jument retirée. Ce lot 218 est
présenté par le Gestüt Fährhof. « Je suis allée la voir dans le haras normand
où elle stationnait après son passage sur le ring. Elle m’a plu, même si je
savais qu’elle venait d’être vide à deux reprises. »
L’affaire se fait, à l’amiable. Pour 1.000 euros, Martine
Vansebrouck vient d’acquérir Ashaninka (Woodman), mère de la future gagnante du
“Malleret” 2009 !
Retour sur les dix hectares de l’élevage de Pyrène, à Buros.
« La première fois, en la voyant, j’ai vu qu’elle avait un problème au dos. Je
me suis dit que ce n’était pas trop grave ; nous avons un très bon “ostéo”. »
L’analyse est confirmée par le comportement de la jument : « En arrivant chez
nous, elle s’est tout de suite roulée dans une fosse remplie d’argile, comme
pour se soigner.En plaisantant, j’ai dit : “Ce n’est pas un cheval, c’est un
cochon !” Cela lui a fait du bien, puisqu’elle s’est mise à moins souffrir du
dos. » Et du coup, ses premières chaleurs arrivent en janvier, de manière très
régulière. Le souffleur du haras, fort intéressé, confirme les chaleurs…
Amitié, proximité géographique, reconnaissance, goût pour le
pedigree du cheval ? Martine Vansebrouck envoie Ashaninka à Dragon Dancer
(Sadler’s Wells), l’étalon de Michel Lasserre. La jument est rapidement restée
pleine. Bilan : avec une jument à 1.000 euros et une saillie à 2.000 euros, la
“petite” éleveuse de Buros est prête à faire naître un frère ou une sœur de
trois chevaux qui galopaient, vainqueurs en province et placés à Paris.
L’affaire n’est pas mauvaise. Et puis il y a cette petite pouliche par Linamix
née en 2006, dont le catalogue indique qu’elle est à l’entraînement en France…
Lorsque Martine Vansebrouck apprend qu’elle est chez Jean-Claude Rouget,
c’est-à-dire à deux pas de chez elle, elle va la voir. C’est Ashalanda.
« J’ai pu parler avec le garçon qui la montait le matin.
J’étais un peu inquiète qu’elle n’ait pas encore couru en début d’année de
3ans. Il m’a rassurée, en me disant qu’elle avait été éliminée à Agen… Ça ne
m’a pas rassurée du tout ! Eliminée ? Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’elle n’a
pas voulu entrer dans les boîtes ? Evidemment, ce n’était pas de cela qu’il
s’agissait, mais moi, je ne savais pas ce que voulait dire “éliminée” en
langage hippique. » Ashalanda débute finalement à Langon, par une victoire.
« J’étais ravie. »
Trois semaines plus tard, Martine Vansebrouck suit
fébrilement les engagements de la fille de sa poulinière : « En regardant sur
Internet, je la vois inscrite dans un Gr2. Oh, ce n’est pas possible ! Je
savais qu’elle passait à la vente de juillet d’Arqana [dont elle est finalement
et logiquement scratchée, ndlr]. Je me suis dit qu’il lui faisait peut-être
courir un Groupe pour la valoriser… Puis j’ai vu le changement d’entraîneur. Et
là, j’ai compris : elle allait faire leader. » La joie retombe d’un cran.
La veille du Prix de Malleret, Martine Vansebrouck dîne chez
Valérie de Saint-Palais avec des amis éleveurs, dont Alain Chopard, animateur
du Haras des Faunes. Elle se lamente un peu : « C’est dommage. Sa carrière va
peutêtre être brisée par sa course de demain… » Son amie Valérie lui remonte le
moral : « Tu vois pas le gag si elle gagne ! »
Dimanche, devant Équidia, Martine Vansebrouck suit la course
tranquillement. Et, au même moment que Freddy di Fède ( !), elle commence à y
croire : « Je voyais qu’elle allait bien. Alors quand je l’ai vu se retourner,
j’avais envie de lui crier : “Mais reste en selle ! Et pousse !”»
Et Ashalanda gagne. Et Martine Vansebrouck se prépare à
faire naître un frère ou une sœur d’une gagnante du “Malleret”.
Avant d’être cédée pour 1.000 euros par le Gestüt Fährhof,
Ashaninka a déjà connu les rings. D’abord foal. Elle est acquise pour 125.000$
à Keeneland. Puis elle passe yearling à Deauville. Rachetée. Elle fait une
petite carrière de courses. Puis passe à nouveau en vente, toujours à
Keeneland, comme poulinière. Le courtier français Eric Puerari se souvient :
« J’ai acheté Ashaninka aux ventes de novembre 2001 à
Keeneland, 220.000$, pour Monsieur Jean-Luc Lagardère. Il s’agissait d’une
jeune jument par Woodman (Mr Prospector), un bon père de mères. Elle était
issue d’une lignée classique américaine. La politique de Monsieur Lagardère
était de marier des jeunes juments à Linamix et plus particulièrement le sang
de Mr Prospector (Raise a Native) à celui de Linamix. D’ailleurs, Ashaninka a
eu quatre produits de Linamix. »
Finalement, Ashaninka a rejoint, comme tout l’effectif
“Lagardère”, le haras de Son Altesse Aga Khan en mars 2005. En 2005 et 2006
(Ashalanda), elle donne naissance à deux filles de Linamix. Et en 2007, elle a
une pouliche de Dalakhani.
En décembre 2007, les Aga Khan Studs s’en séparent pour
22.000 euros, au profit de Crispin de Moubray agissant pour le Gestüt Fährhof.
Un an plus tard, elle changera une nouvelle fois de haras… A la même vente,
Ninka (Linamix), la propre sœur d’Ashalanda, d’un an son aînée, est vendue pour
7.000 euros par les Aga Khan Studs à Chantilly Bloodstock
Agency. Elle a recouru cinq fois depuis, modestement, sous les couleurs de
Gérard Larrieu. Fort à propos, elle a quitté l’entraînement le 29 juin… le
lendemain du succès de sa petite sœur dans le “Malleret”. Pour Ninka aussi,
l’improbable succès de la leader Aga Khan aura été une bonne nouvelle,
puisqu’elle va pouvoir s’adonner aux joies du haras !
Vous aimerez aussi :

Clélia Cabanne rejoint l’AFAC
Pour assister Mélanie Vanlemberghe avant et pendant son congé maternité, Clélia Cabanne a rejoint l’équipe de l’AFAC. Diplômée d’un...
09 avril 2021
LA CRÈME DE CHANTILLY
LA CRÈME DE CHANTILLY Il a dans ses boxes huit 2ans par Galileo. L’étalon de Coolmore a quatorze 2ans déclarés à l’entraînement en France en...
02 avril 2021