
Autres informations / 11.01.2011
Antoine gilibert repond a mediapart
Que Jour
de Galop ait toujours défendu le directeur de la Société des courses de
Compiègne, c’était légitime… mais quand c’est Mediapart (le site qui a
"sorti" l’affaire Bettencourt) qui le fait, c’est un événement ! Et
aussi une belle preuve d’honnêteté intellectuelle. Voici le texte diffusé par www.mediapart.com.
« Dans
un entretien à Mediapart, le directeur de la Société des courses de Compiègne,
au cœur d'une affaire judiciaire impliquant Éric Woerth,affirme n'avoir profité
d'aucun traitement de faveur dans la vente par l'État du terrain de
l'hippodrome. Antoine Gilibert assure en outre n'avoir «jamais rencontré»
l'ancien ministre du Budget, même s'il reconnaît être un sympathisant de l'UMP.
"J'ai peut-être donné 50 ou 80 euros pour la campagne présidentielle de M.
Sarkozy, mais comme je l'ai fait par le passé avec Jacques Chirac", nous
déclare-t-il. Son témoignage intervient à quelques jours de l'examen, le 13
janvier, par la Cour de la justice de la République, du cas d'Éric Woerth dans
cette affaire, soupçonné de favoritisme et de prise illégale d'intérêts.
QUEL EST
L'INTERET POUR UNE SOCIETE DE COURSES COMME LA VOTRE D'ETRE PROPRIETAIRE D'UN
HIPPODROME COMME CELUI DE COMPIEGNE ?
Être
propriétaire, c'est une vraie sérénité pour pérenniser l'activité hippique. Il
faut bien avoir à l'idée que l'hippodrome de Compiègne manquait de disparaître
il y a une dizaine d'années. Avec des amis, nous avons tout refait sur un plan
technique et sécuritaire. Et depuis huit ans, nous y investissons entre 500.000
et 1 million d'euros par an. Il y avait donc une logique à ce que nous voulions
devenir propriétaires.
AU
REGARD DE LA POLEMIQUE QUI ENTOURE LA VENTE DE L'HIPPODROME PAR L'ETAT,
CONSIDEREZ-VOUS AVOIR PROFITE DE CONDITIONS FAVORABLES ?
Non.
Tout ce qui nous arrive est vraiment incompréhensible. Prenons le critère du
prix. Il existe un grand hippodrome parisien cinq ou six fois plus grand que le
nôtre, à Maisons-Laffitte, dont l'acquisition a été proposée pour un euro. Plus
loin de nous, il y a une quinzaine d'années, la vente de l'hippodrome d'Amiens
a été proposée à une société de courses pour un franc... Celui de Compiègne, nous
l'avons acheté 2,5 millions d'euros ! Oui, mais il existe une lettre de 2003 du
ministre de l'agriculture de l'époque, Hervé Gaymard, qui dit bien que la vente
de l'hippodrome n'était légalement pas possible. Contrairement à ce que
beaucoup de gens disent et beaucoup de journaux écrivent, le principe du
transfert de propriété de l'État à la Société des courses de Compiègne n'a jamais
été remis en question par qui que ce soit. Gaymard écrivait seulement qu'il ne
pouvait pas procéder par vente mais, sur la même page, deux lignes en dessous,
il écrivait bien qu'il pouvait, en revanche, procéder par échange avec l'Office
national des forêts (O.N.F.), le gérant du terrain.
QUE
S'EST-IL PASSE A LA SUITE DE LA LETTRE DE M. GAYMARD ?
L'O.N.F.
nous a proposé un échange sur la base d'une parité de un pour cinq, selon ses
calculs. L'hippodrome représentant une surface de 57 hectares, il nous fallait donc
trouver environ 250 ha de forêts à proposer à l'O.N.F. pour l'échanger contre
l'hippodrome. L'O.N.F. avait évalué à 1,25 million d'euros la valeur de ces 250
ha. C'était notre référence comptable. Nous avons donc provisionné cette somme.
Pendant trois ans, nous avons cherché 250 ha de forêts, que nous avons
finalement trouvés, répartis sur treize zones différentes. Avant de les
acheter, nous avons présenté notre dossier à l'O.N.F. qui nous a répondu qu'il
n'y avait pas de problème sur la qualité des terrains proposés, mais que vu
l'imminence de l'élection présidentielle – nous étions alors à l'automne 2006
–, il était urgent de ne rien faire. L'échange n'a donc pas eu lieu. Mais pour
vous montrer notre totale bonne foi, nous avions proposé à l'O.N.F. une vente
"à réméré". Ce qui signifiait que si notre activité de courses devait
prendre fin un jour, quelle qu'en soit la raison (ouverture des jeux en ligne,
par exemple), l'État récupérerait le terrain gratuitement ! C'est bien la
preuve qu'il n'y avait aucune volonté spéculative de notre part.
COMMENT
EXPLIQUEZ-VOUS QUE CE QUI N'ETAIT PAS POSSIBLE EN 2003 – A SAVOIR LA VENTE DU
TERRAIN PAR L'ETAT – LE SOIT DEVENU EN 2010, DATE A LAQUELLE VOUS AVEZ ACQUIS
L'HIPPODROME DE COMPIEGNE GRACE A ERIC WOERTH, ALORS MINISTRE DU BUDGET ?
Après
l'élection présidentielle de 2007, publicité a été faite concernant une grande
réforme immobilière de l'État qui voulait vendre ses terrains inutiles. Nous
avons pensé que celui de Compiègne en faisait partie. Nous avons pris contact
avec Bercy, qui, sur décision de Matignon, avait compétence sur ces dossiers.
Notre référent au ministère du Budget était un certain Frédéric de Lestrange. Les
Domaines ont été saisis et ont estimé à 2,5 millions d'euros la valeur du
terrain, c'est-à-dire le double de l'estimation de l'O.N.F. un an plus tôt.
Nous n'avons donc eu aucune espèce de faveur.
VOUS
AVEZ TOUT DE MEME OBTENU LE TERRAIN AU TERME D'UNE VENTE DE GRE A GRE, SANS
PASSER PAR UN APPEL D'OFFRES OU UNE MISE AUX ENCHERES.
D'une
part, le gré à gré est parfaitement légal et, d'autre part, j'aurais préféré
une mise aux enchères. Je pense que cela nous aurait coûté moins cher !
POURQUOI
AVOIR ALORS ACCEPTE DE PAYER DEUX FOIS PLUS CHER QUE PREVU ?
Parce
que nous avions déjà investi beaucoup dans l'hippodrome et, comme je vous l'ai dit,
devenir propriétaire était pour nous une façon de pérenniser l'activité
hippique du lieu. Nous avons donc emprunté le million d'euros qui nous manquait
auprès d'une banque. Ce qui est formidable dans cette histoire, c'est qu'il
existe une délibération du 16 décembre 2009 du conseil d'agglomération de
Compiègne [voir ci-dessous] qui a refusé d'exercer son droit de préemption sur
le terrain de l'hippodrome. Dans le texte, il est bien fait mention que nous achetons
le terrain pour 2,5 millions d'euros. Personne n'a alors jugé que le prix était
bradé puisque la délibération a été votée à l'unanimité, y compris par une
responsable socialiste [Renza Fresch, ndlr Mediapart] qui est une proche de
Laurence Rossignol, l'une des élus PS qui a déposé plainte dans cette affaire...
CONNAISSEZ-VOUS
ERIC WOERTH ?
Je ne
l'ai jamais rencontré, ni ne lui ai jamais téléphoné. Je vous dis cela sur mon
honneur d'officier. Si j'avais voulu le rencontrer, j'aurais pu le faire, bien
sûr. Mais cela ne s'est jamais passé.
AVEZ-VOUS
DEJA RENCONTRE SON EPOUSE, FLORENCE WOERTH, QUI, COMME VOUS, EST MEMBRE D'UNE
COMMISSION A FRANCE GALOP ?
Non
plus. Jamais. Nous ne faisons pas partie du tout de la même commission. Nous ne
nous sommes jamais croisés.
ETES-VOUS
UN MILITANT DE L'UMP ET UN DONATEUR DU PARTI MAJORITAIRE ?
Je suis
sympathisant de l'UMP. Mais pour vous montrer mon degré d'implication
politique, je n'ai jamais participé au moindre meeting de l'UMP. Au moment de
la campagne présidentielle, oui, j'ai peut-être donné 50 ou 80 euros pour la
campagne présidentielle de M. Sarkozy, mais comme je l'ai fait par le passé
avec Jacques Chirac.
ETES-VOUS
MEMBRE DU PREMIER CERCLE, LE CLUB DES PRINCIPAUX DONATEURS DE L'UMP, ET
AVEZ-VOUS DEJA FINANCE LE PARTI DE POCHE DE M. WOERTH DANS L'OISE, VOTRE
DEPARTEMENT ?
Je ne
suis pas membre du Premier cercle et même pas du troisième ! Je suis un
personnage discret et si j'avais beaucoup d'argent à donner, ce ne serait pas
au Premier cercle. On essaie de me faire passer pour un homme d'affaires, un affairiste
même ! Je ne suis pas cet homme que l'on décrit dans une certaine presse. Je
suis un dommage collatéral de l'affaire Woerth-Bettencourt et j'en suis désolé.
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