
Autres informations / 08.01.2011
Thierry van zuylen van nyevelt van haar par guy thibault, historien des courses.
Décédé à
Londres le 2 janvier à l’âge soixante-dix-huit ans, le baron Thierry de Zuylen
était le petit-fils d’une des figures de la "Belle Époque", le baron
Étienne van Zuylen van Nyevelt, d’une grande famille des Pays-Bas, instigateur
avec le marquis de Dion de l’Automobile Club– dont il assura la présidence à sa
fondation en 1895 – tout en connaissant parfaitement le cheval, menant avec
maestria son mail-coach. Son père, le
baron Egmont, s’intéressa lui aussi aux chevaux, mais à la fin de sa vie, en
1951, en achetant un poulain gris de 2ans, La Varende (Blue Moon), élevé au
haras du Verbois par Robert Forget, qui débuta victorieusement en juillet à
Longchamp. À son nouveau propriétaire, il offrit trois places dont celle de 3e
du Grand Critérium gagné par Cosmos (Nosca), tout en devançant Auriban (Pharis,
futur lauréat du Jockey Club). À 3ans, confié à un nouvel entraîneur, Dalton
Watson, La Varende procura au baron Egmont de Zuylen sa première victoire en
gagnant l’important Prix Jean Prat (battant Cosmos) tout en obtenant la place
de second du Prix de Guiche et celle de 4e du Prix Hocquart (devancé par
Auriban, Worden et Silnet). De tels débuts heureux incitèrent le baron van
Zuylen à devenir aussi éleveur, activité aussitôt couronnée de succès avec son
élève, né en 1954, Le Haar (Vieux Manoir) – nom du domaine historique familial
en Hollande – 2e à 2ans des Prix Morny et de la Salamandre et lauréat à 3ans du
Prix Jean Prat avant de se classer 3e du Jockey Club. Au haras, Le Haar
connaîtra la gloire de devenir le père d’Exbury
(Arc de Triomphe) ; La Varende (stationné au haras de Sai) se révèlera
rapidement un reproducteur très utile, engendrant, dès sa seconde production
née en 1956, un bon poulain, Apollo, qui sera 2e du Grand Critérium et 3e du
Grand Prix de Paris, sous la casaque de son éleveur ; ce dernier fit naître
l’année suivante Pharamond, lauréat du Prix Morny et, à 3ans, du Prix Daru sous
l’entraînement de Richard Carver senior. La Varende, Le Haar, Apollo et
Pharamond, sont les heureux souvenirs que le baron van Zuylen lègue, à son
décès en 1960, à son fils Thierry qui s’intéressait déjà vivement aux courses,
sa soeur Marie-Hélène étant devenue l’épouse du baron Guy de Rothschild, et
lui-même ayant remporté une première victoire sous ses couleurs personnelles le
7 juillet 1959 à Compiègne avec Fairy money, un présent de son père. Citoyen
belge, diplômé d’Harvard, personnalité internationale partageant son temps
entre Paris et Londres, Thierry de Zuylen s’intéressait à la finance, notamment
au sein de la société MidOcean Partners. Sa passion pour les courses, il la
témoigne non seulement en reprenant les couleurs paternelles (casaque
chevronnée blanc et rouge, manches blanches, toque écartelée blanc et rouge)
mais aussi en développant l’élevage qu’il installe au haras de Varaville, créé
au lendemain de la Première Guerre mondiale par Clément Hobson. Alors que son
épouse Gabrielle transforme un lopin de terre en un superbe parc floral,
Thierry de Zuylen part à la recherche de l’excellence en matière d’élevage. Ses
investissements, toujours raisonnables –dignes d’un financier averti –, et son
travail minutieux seront bientôt récompensés par une douzaine de chevaux de
très haute qualité. Leurs noms ? Duc de Gueldre (Le Haar, 1960) lauréat du Prix
Lupin et 3e du Jockey Club ; deux des meilleures pouliches de la génération
1961, Astaria et Dreida – toutes deux filles de La Varende – qui prirent les
deux premières places du Prix Vermeille après s’être classées respectivement
l’une 1re du Prix Minerve, 2e du Prix de Diane, l’autre 1re des Prix Vanteaux
et de Royaumont et 3e de la Poule d’Essai ; Ramsin (Le Haar, 1967), vainqueur à
4ans du Prix du Cadran et du Grand Prix de Saint-Cloud ; Corps à Corps (Le
Haar, 1972) victorieux dans le Grand Steeple-Chase de Paris, entraîné par André
Adèle et monté par André Fabre ; Perrault (Djakao, 1977), accomplissant de
sérieux progrès pour gagner à 4ans "La Coupe", le Prix Maurice de
Nieuil, le Grand Prix de Deauville avant de se classer 4e de l’"Arc de
Triomphe", achevant sa carrière à 5ans en s’adjugeant trois "grades
1" aux États-Unis ; Leandra (Luthier, 1978), lauréate des Prix de Malleret
et de la Nonette, également 2e des Prix Vermeille, Pénélope et de Royaumont ;
Girl of France (Legend of France, 1986), 2e du Prix Quincey ; Percutant
(Perrault, 1991), lauréat à 3ans du Prix La Force, à 5ans du Prix d’Hédouville
avant de s’octroyer six courses aux États-Unis ; State of Art (Highest Honor,
2000), gagnante du Prix de la Nonette avant de faire une chute mortelle dans le
Prix Vermeille ; et Voix du Nord (Valanour, 2001), l’ultime très bon élève de
Thierry de Zuylen qui pouvait sérieusement voir réaliser un de ses rêves,
gagner avec lui le Jockey Club. Victorieux à 2ans dans le Critérium de
Saint-Cloud, puis à 3ans dans les Prix Noailles et Lupin, Voix du Nord,
entraîné par David Smaga, était favori de la presse l’avant-veille de la
course. Dans une interview accordée ce jour-là à Liz Price, Thierry de Zuylen
expliquait la méthode qui lui avait permis de faire naître Voix du Nord, issu
de Valanour (Grand Prix de Paris) et de dame Édith, fille de Top ville (Jockey
Club) : « J’ai développé un système par
ordinateur qui me permet d’analyser quels étalons conviennent le mieux à mes
juments. […] Dans cette base, j’ai entré à peu près 160.000 chevaux qui
remontent à 1920, avec leur pedigree à neuf générations.[…] J’avais sélectionné
cinquante étalons possibles. Quand je suis arrivé à Valanour, il s’est avéré
que c’était le meilleur croisement pour Dame Edith. » Hélas ! Voix du Nord ne
disputera pas le Jockey Club. Le samedi, veille de la course, il s’accidentait
sérieusement, laissant le derby français à l’outsider Blue Canari (Acatenango).
Voix du Nord, aujourd’hui étalon, bien que remis à 4ans de son accident, ne
sera plus que l’ombre de lui-même. Son éleveur avait affirmé : « Voix du Nord
est certainement le meilleur cheval que j’ai jamais élevé. Il a des qualités
que j’adore. » Il représentait l’excellence recherchée depuis quarante ans par
Thierry de Zuylen. On comprend la cruelle déception de son éleveur qui, vu son
âge, décidera en 2008 d’arrêter ses activités hippiques, liquidant à l’automne
ses onze yearlings puis ses vingt-quatre poulinières et foals. À tous ceux qui
l’ont connu, Thierry de Zuylen laisse le souvenir d’un homme affable, sportif,
toujours élégant, passionné de courses et d’élevage, bref d’un
"gentleman", ce qui est rare dans le monde hippique d’aujourd’hui.
Vous aimerez aussi :
LE DERNIER HOMMAGE À LARISSA KNEIP
LE DERNIER HOMMAGE À LARISSA KNEIP Il y avait de l’émotion, mais pas de tristesse vendredi au haras de Saint-Arnoult, où Osarus organisait une vente de la succession de...
21 janvier 2023.jpg)
Les équipes de Chantilly à pied d’œuvre face au froid
Les équipes de Chantilly à pied d’œuvre face au froid Samedi, rendez-vous à Chantilly pour une réunion sur la P.S.F. Face au grand froid qui touche le nord de...
16 décembre 2022