
Autres informations / 10.03.2011
Casaqligue : pas tres convaincant…par mayeul caire
Nous
vous annoncions la semaine dernière la création du challenge CasaqLigue –
successeur du Championnat de France des jockeys et drivers. En soi, la nouvelle
était intéressante puisqu’il s’agissait d’une initiative commune au trot et au
galop. On sait le succès que les sociétés de courses peuvent obtenir dès
qu’elles sont unies (cf. Equidia… et même le PMU depuis 1930). L’autre
nouveauté intéressante, c’est que CasaqLigue propose un jeu en ligne, où il
faut donner le nom des jockeys gagnants du challenge annuel. En cela, CasaqLigue introduit donc la notion
d’antepost betting (pari à long terme). Cette forme de pari, très en vogue chez
nos voisins anglais et irlandais, est un excellent vecteur de commercialisation
des courses dans les dimensions "flambe" et sport –puisqu’il pousse à
faire le "papier" et à suivre un cheval pendant plusieurs mois. Bref,
CasaqLigue ouvre une brèche assez prometteuse. Là où le bât blesse, c’est
plutôt sur le fond. Allez faire un tour sur le site Internet de l’événement en
cliquant sur ce lien : (http://www.casaqligue.com/News) et vous allez vite
constater que cela ne fonctionne pas. L’angle d’attaque (que l’on peut résumer
à : "comment tel jockey a gagné le Quinté") est par nature
pauvre. Clairement, il ne permettra
jamais d’atteindre le double objectif de faire connaître notre sport et de
donner envie aux gens d’aller sur un hippodrome. Les turfistes se moquent de savoir si tel
jockey a 12 points et tel autre 10 ; et je mets au défi un non-turfiste de se
piquer au jeu des courses, simplement parce que tel jockey a gagné la quatrième
manche de la CasaqLigue en obstacle. De grâce, ne prenons pas les principaux
clients des courses que sont les parieurs pour des imbéciles. Ce sont des gens
comme tout le monde. Ceux d’entre eux qui vont sur Internet ont une maturité de
lecteur-internaute que je qualifierais de "normale" : il leur faut de
l’intéressant et/ou de l’original. Le
site de CasaqLigue n’est ni intéressant, ni original. Autre critique de fond : notre
sport est notre sport ! Avec ses qualités et ses défauts, ses faiblesses et ses
forces. Et tant que l’on essaiera de le réinventer artificiellement, en copiant
les codes des autres sports, on se plantera. Tant que l’on gaspillera notre
salive à crier que nous sommes un sport, nous perdrons notre temps et nous
perdrons un peu de crédibilité. Imaginerait-on les responsables du tennis
répéter en boucle : « Oui, le tennis est un sport. » Franchement, cela serait
suspect. Les courses sont un sport. C’est une évidence qui va encore mieux en
ne le disant pas. Chez nous, la notion de classement ou de challenge, puisque
c’est de cela qu’il s’agit avec CasaqLigue, existe déjà à tous les niveaux :
cela s’appelle la Cravache ou le Sulky d’or, cela s’appelle les Chevaux d’or…
Cela s’appelle les classements par les gains des propriétaires, entraîneurs,
jockeys-drivers et éleveurs. Et cela s’appelle surtout chaque course elle-même,
qui est l’apogée de la notion de classement : on est 1er, 2e, 3e à l’arrivée.
C’est on ne peut plus clair. Pourquoi en rajouter ? Je comprends bien que
CasaqLigue ait choisi de s’appuyer sur les courses Quintés+. Le Quinté+ a
besoin de visibilité, puisque c’est le pari qui rapporte le plus d’argent à la
filière. Mais je regrette tout de même ce choix, car les gros handicaps ne sont
pas les courses sportivement les plus intéressantes ni les plus faciles à
"vendre" à des néophytes. La logique "meilleur sportif en lice
=spectacle préféré des aficionados" prévaut dans tous les sports. Qui
déplace les foules ? Le meilleur athlète ou la meilleure équipe. Les courses
devraient en faire de même et mettre plus en avant le programme de sélection.
Toujours sur le même sujet, on peut se demander pourquoi les gains promis aux
parieurs qui viendront pronostiquer sur le site de CasaqLigue ne sont pas plus
en rapport avec le sport hippique. Le site fait gagner des bons pour
approvisionner un compte PMU. Certes, mais pourquoi ne pas offrir aussi un
déjeuner aux courses un jour d’“Arc”, avec un bon de jeu sur hippodrome, une
visite à l’entraînement, une paire de jumelles France Galop, la mise à
disposition d’une petite loge pendant un an…De toute façon, contrairement à une
fausse bonne idée malheureusement bien ancrée dans les moeurs, le jockey ne
devrait pas être l’ambassadeur principal du sport hippique. Le football est
populaire parce que tout le monde peut taper dans un ballon ; mais qui monte à
cheval (comme les jockeys) ? Peu de turfistes assurément. Dans le processus
d’identification, mieux vaudrait jouer la carte du propriétaire. Le
propriétaire, c’est tout le monde à la fois : un homme aux moyens mesurés ou
aux moyens illimités, un petit ou un grand, un urbain ou un rural, un gros ou
un maigre, un blanc ou un noir, un chauve ou un chevelu, un Français ou un
étranger, un homme qui marche sur ses deux jambes ou un homme en chaise
roulante, un jeune ou un vieux… et même un mort (succession X ou Y) ! Qui dit
mieux ? Et c’est là que tout ceci devient drôle : le challenge des jockeys
s’appelle CasaqLigue. La "casaq(ue)", lointaine héritière des livrées
des équipages aristocratiques, est le symbole absolu du propriétaire. Pratique.
Si les sociétés de courses remplacent les jockeys par des propriétaires, elles
n’auront pas à trouver un nouveau nom pour leur challenge ! Notre sport est
notre sport ! Avec ses qualités et ses défauts, ses faiblesses et ses forces.
Et tant que l’on essaiera de le réinventer artificiellement, en copiant les
codes des autres sports, on se plantera. Jeudi 10 mars 2011 /
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