
Autres informations / 21.04.2011
Une rencontre exceptionnelle : mais qu’est-ce qui fait courir gerard augustin-normand ?
L’implication
de Gérard Augustin-Normand dans les courses est à la fois récente et frappante.
La casaque blanche, toque violette, n’est réellement apparue dans les pelotons
qu’au cours de l’année 2007. Mais les investissements de cet homme d’affaires
ayant fait fortune dans la finance sont allés crescendo, et sa « petite
entreprise » est désormais riche de plus d’une centaine de galopeurs, mais
aussi d’un élevage construit autour du premier champion de l’écurie, désormais
étalon, Le Havre. Sans parler des trotteurs, un monde dans lequel il veut aussi
bâtir. Bâtir. Au cours de l’interview qu’il a accepté de nous accorder
immédiatement, le lendemain-même du jour où nous l’avons sollicité, ce mot est
revenu comme un leitmotiv. Ses achats à la limite du « compulsif », comme il
l’admet lui-même, suscitent l’interrogation, sinon l’incompréhension. Pour
Gérard Augustin-Normand, la stratégie est pourtant réfléchie. Une réflexion
qu’il mène en équipe, pour toucher à nouveau le haut niveau qu’il a atteint dès
ses débuts. Une réflexion qui n’exclut pas l’émotion, celle qui dure,
profondément, à l’opposé de l’excitation immédiate qu’il a pu connaître dans sa
première vie. Celle qui saura apaiser cet homme pressé, qu’un cheval nommé Le
Havre est en train de transformer. Gérard Augustin-Normand a pris le temps de
répondre à toutes nos questions. D’abord celles sur l’organisation de ce qu’il
aime à appeler son « projet », puis celles, plus intimes, sur la façon dont il
vit son aventure « cheval ». Nous vous livrons la première partie de cette
interview
PRES DE
CENT TRENTE CHEVAUX A L’ENTRAINEMENT…
Gérard
Augustin-Normand a actuellement près de cent trente galopeurs à l’entraînement,
chez 25 entraîneurs différents. On l’a vu investir aussi bien dans des
yearlings que des chevaux « clés en main », à l’amiable ou dans les réclamers.
Il explique : « Bien entendu, ayant débuté avec un cheval de la valeur Le
Havre, j’aspire au haut niveau. Mais je suis opportuniste et je veux rester
ouvert. Si j’avais une frustration, ce serait celle de ne pas saisir toutes les
occasions qui se présentent à moi. Alors oui, ma démarche peut sembler
compulsive. Je me dis toujours « Et si c’était celui-là? » C’est là
qu’intervient mon équipe. La réflexion que nous menons ensemble me permet de
construire dans la durée, de me freiner un peu. J’ai besoin de cette réflexion
en commun pour ne pas mettre en péril le projet. Dans le monde de la bourse, on
peut changer d’avis et acheter ce que l’on a vendu la veille. Dans les chevaux,
il faut regarder devant soi. Eviter de regarder les vieux catalogues, les
journaux d’hier, sinon l’on ne vit plus. »
LA
CHASSE AU TRESOR DANS LES RECLAMERS
S’il
vise le plus haut niveau, Gérard Augustin-Normand joue aussi le jeu des
réclamers à plein. « Le système des réclamers m’amuse beaucoup. Ce jeu des
enchères fermées apporte une excitation particulière. L’émotion est présente à
la fois au moment des enchères, puis lors de la course suivante, car on a
toujours l’espoir de dénicher le sujet qui va être capable de sortir de cette catégorie…
D’un point de vue économique, l’achat à réclamer représente un investissement
limité pour un retour sur investissement qui peut être immédiat et conséquent.
Il faut cependant réaliser un vrai travail en amont, étudier les performances
et les pedigrees des chevaux, être présent sur l’hippodrome pour les observer,
écouter les informations… J’ai confié cette mission à Bruno Barbereau. Oui, il
y a un côté chasse au trésor que j’aime beaucoup. »
UN VRAI
TRAVAIL D’EQUIPE
Gérard
Augustin-Normand fut un chef d’entreprise. Avec ses chevaux, il a gardé ce goût
pour le travail en équipe qu’il a essayé de transposer dans sa nouvelle
démarche. « Comme avec Richelieu Finance, j’ai vraiment voulu construire une
équipe. Je me suis entouré de Sylvain et Elisabeth Vidal, qui gèrent non
seulement le côté élevage dans leur haras de la Cauvinière, mais qui s’occupent
aussi des relations avec les entraîneurs. Sylvain va régulièrement visiter les
chevaux à l’entraînement, il est présent sur les hippodromes, et récemment, il
a recruté Mathieu Alex, qui travaillait auparavant chez Coolmore. Chacun, avec
ses expériences différentes, vient enrichir la réflexion et joue son rôle. »
Les nombreux entraîneurs du propriétaire, ainsi que leur personnel d’écurie,
sont également partie prenante de l’équipe, et Gérard Augustin-Normand insiste
pour leur rendre hommage. « J’ai lu récemment dans les colonnes de Paris-Turf
l’hommage que m’a rendu Jean-Claude Rouget. C’était à la fois très beau et très
gênant. C’est le monde à l’envers, car c’est moi qui dois beaucoup à
Jean-Claude. Sans lui, et sans Le Havre, je n’aurais pu vivre cette aventure.
J’ai appris énormément au contact de tous ces gens qui vivent passionnément.
J’ai beaucoup d’estime pour les personnes qui travaillent dans les écuries et
pour les jockeys qui prennent des risques conséquent. La force d’une équipe,
c’est aussi de partager les bonheurs et les déceptions, voire les peines,
inhérentes aux chevaux de course. »
OBLIGATION
DE MOYENS POUR LES ENTRAINEURS
Le
nombre d’entraîneurs ayant sous leur responsabilité des représentants de la
casaque blanche toque violette peut étonner. Gérard Augustin-Normand s’en
explique : « Je sais qu’il ne faudrait pas multiplier les entraîneurs avec qui
nous travaillons, mais tous m’ont séduit par leur capacité à s’impliquer dans
notre projet. Evidemment, j’ai une relation particulière avec Jean-Claude
Rouget, des liens d’amitié qui se sont tissés. C’est une relation qui ne se
renforce pas par la présence, car je n’aime pas être en première ligne, mais
par notre capacité à réfléchir ensemble, et par l’estime que l’on se porte. Nos
entraîneurs n’ont pas d’obligation de résultats, mais ils ont une obligation de
moyens, d’information et de transparence. Des comptes-rendus réguliers sont
transmis à Sylvain Vidal, qui essaie également de leur rendre visite
fréquemment. Je sais que nous n’avons rien inventé, mais nous essayons de
systématiser cette démarche. Quand j’achète un cheval clé en mains chez un
entraîneur, en général je le laisse chez lui, car je veux leur laisser le
mérite de leur travail, ce qu’ils ont façonné. Je pense qu’au moment où j’ai
pris du recul avec mon activité professionnelle, j’ai fait une sorte de
transfert sur les chevaux, et essayé de mettre en place une organisation
similaire à celle que j’appliquais dans mes affaires. Ce qui compte, c’est la
réussite d’une équipe. »
LA
DIMENSION DE L’ENTREPRISE
Si
Gérard Augustin-Normand entretient plus d’une centaine de galopeurs, plat et
obstacles confondus, il investit également dans le trot, sans compter ses
chevaux d’élevage. Une dimension digne des plus grandes casaques. «
Aujourd’hui, la dimension de l’écurie me semble satisfaisante. Dès lors, nous
devrions être à l’avenir moins présent dans les ventes, car nous allons
également voir arriver les premiers produits de Le Havre à l’entraînement.
Néanmoins, nous saisirons toujours les opportunités qui se présentent. Il faut
savoir rester ouvert. Je mène un vrai projet qui s’inscrit dans la durée. Les
grandes casaques se sont construites sur des générations. De mon côté, je sais
que je n’ai pas l’éternité devant moi. Mon horizon est limité, aussi j’essaie
toujours de gagner du temps. La patience n’est d’ailleurs pas ma qualité
première. J’apprends, en côtoyant les gens de l’élevage par exemple, à le
devenir… Avec mes chevaux, je vis aussi une aventure humaine. »
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