
Autres informations / 05.10.2011
Danedream, la perle de lomitas ! par thierry grandsir (dna pedigree)
En
remportant le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) par cinq longueurs, en
temps record, Danedream a prouvé qu’elle était une championne d’exception,
digne de son arrière-grand-père, Nijinsky, de l’invincible ribot (doublement
représenté dans son pedigree), de son père de mère, Danehill, et d’une des
meilleures souches françaises, celle de la "Rothschild" Lady Berry…
HOMMAGE
POSTHUME A LOMITAS…
La vie
de Lomitas, père de Danedream, peut se résumer en une alternance de péripéties
romanesques et de gloires sportives… Très bien né, puisque par l’excellent
stayer Niniski (gagnant de l’Irish St Leger et du Prix Royal Oak) et la
championne allemande des 2ans, la Colorada, Lomitas était un cheval solide,
masculin sans manquer d’élégance, assez puissant et de taille correcte (1,62
m), mais particulièrement claustrophobe… On se souvient qu’il fallut
l’intervention du célèbre chuchoteur américain Monty Roberts pour combattre son
aversion pour les stalles de départ, un défaut qu’il sut heureusement ne pas
transmettre…Sur la piste, Lomitas entama sa carrière par deux succès en autant
de sorties à 2ans, et concrétisa les espoirs mis en lui en empochant le titre
de Cheval de l’Année en Allemagne, à 3ans. Rappelons qu’il remporta cinq
victoires (en six sorties) à cet âge, dont le Grosser Preis der Berliner Bank (Gr1)
par deux longueurs, le Grosser Preis von Baden (Gr1) par sept longueurs
(atomisant temporal qui l’avait devancé de très peu dans le Deutsches Derby),
et l’Europa-Preis (Gr1) par huit longueurs ! Dommage qu’il n’ait été
supplémenté dans l’Arc cette année-là…Élu Champion des Chevaux d’âge à 4ans, en
Allemagne, après ses succès dans le Gerling Preis (Gr2) et le Hansa Preis
(Gr2), Lomitas joua des prolongations, somme toute peu flatteuses, à 5ans et
6ans, aux États-Unis, obtenant seulement deux accessits de Gr2, sur 1.600m et
2.200m. Il fut ensuite victime d’une tentative d’empoisonnement dont il
réchappa d’extrême justesse, éprouvant même de grandes difficultés à se
rétablir, d’où une entrée différée au haras…Un miracle qui en rappelle un autre
: son père, Niniski, ayant contracté une pneumonie aiguë durant son transfert
des États-Unis vers l’Angleterre à l’âge yearling, avait lui aussi échappé de
très peu à un destin tragique…Lomitas n’entra donc au haras qu'à l’âge de 7ans.
Limité à soixante-cinq juments par an, il se classa néanmoins tête de liste des
étalons de première production, avant de devenir tête de liste des pères de
gagnants en Allemagne, en 2001. Clairement améliorateur, il fut transféré en
Angleterre à 14ans (sous l’égide de Darley Studs), avant de revenir en
Allemagne cinq saisons plus tard. Ses actifs lui confèrent aujourd’hui la
paternité de quarante-neuf gagnants de Stakes (soit douze de plus que son père
Niniski), dont cinq gagnants de Gr1 : Belenus (Deutsches Derby), Meridiana
(Oaks d’Italia), Shalanaya (Prix de l’Opéra), Silvano (Arlington Million, Queen
Elizabeth II Cup) et enfin Danedream, assurément son plus beau joyau...Lomitas
a réussi avec de nombreux courants de sangs : pour preuve, ses cinq gagnants de
Gr1 sont issus de filles de Beau’s Eagle (lignée Hyperion - Right Royal), Lord
Udo (lignée Ferro), Dashing Blade (lignée Mill Reef), Nashwan (Blushing Groom)
et Danehill (Danzig). On notera au passage que Lomitas a produit huit foals
avec des filles de Danehill, pour produire deux chevaux de Groupe (25%). Par
ailleurs, parmi les vingt et un gagnants de Gr1 issus de Niniski et de ses
fils, seul l’excellent Gitano Hernando peut se prévaloir d’un croisement
comparable à celui de Danedream, étant par Hernando (Niniski) et une fille de Perugino
(Danzig), sans oublier le solide stayer San Sebastian, un fils de Niniski issu
d’une fille de High Top, ce dernier étant le père de la deuxième mère de
Danedream…Lomitas nous a quittés durant l’été 2010, des suites de coliques, à
l’âge de 22ans. Il est représenté par sept fils au haras dont Malinas (Haras de
la Hétraie), gagnant de l’Union-Rennen (Gr2) et 2e de Shirocco dans le
Deutsches Derby (Gr1), et Sumitas (Haras de Bougy), triple gagnant de Groupe et
2e de Dubai millenium dans les Prince of Wales St. (Gr1).
LA
LIGNEE MALE DE NIJINSKY…
En cette
chaude réunion dominicale de Longchamp, les sept courses de Gr1 inscrites au
programme nous ont offert une très large palette de pedigrees parmi leurs
vainqueurs, avec, au final, six lignées mâles différentes à l’honneur : celles
de Sunday Silence (grand-père du jeune crack Dabirsim), de In Reality (aïeul du
champion Dream Ahead), de Sharpen Up (grand-père de Nahrain et de sa dauphine
Announce dans le Prix de l’Opéra), de Mr Prospector (grand-père de Elusive
Kate), de Forli (ancêtre de Tangerine Trees) et, enfin, de Nijinsky, représenté
par le méritant Kasbah Bliss et par Danedream. Une résurgence qui nous rappelle
que Lomitas fut considéré en son temps comme le troisième meilleur 3ans
d’Europe, avec une cotation Timeform de 131 (la plus élevée jamais obtenue par
un cheval allemand à cette époque), ce qui le plaçait juste derrière Generous
et Suave Dancer, deux autres petits-fils de Nijinsky ! Un Nijinsky qui était
bien présent dimanche : son sang coule en effet dans les veines de trois des
quatre premiers de "l’Arc" (Danedream bien sûr, mais aussi Shareta,
dont la troisième mère est par Nijinsky, et So You Think, issu d’une de ses
petites-filles), et de trois autres gagnants de Gr1, à savoir Kasbah Bliss (Prix
du Cadran), Nahrain (Prix de l’Opéra, mère par Generous) et le brillant lauréat
du Prix Jean-Luc Lagardère Dabirsim (mère par Royal Academy)… Immense champion
en son temps, arrivé invaincu sur un Prix de l’Arc de Triomphe où il dut en
grande partie sa défaite au talent d’un Yves Saint-Martin déchaîné sur le
tenace Sassafras, Nijinsky nous a légué quelques très bons reproducteurs, vingt
et un de ses fils ayant produit des gagnants de Gr1. Mais sa lignée mâle est
quelque peu à la peine : Royal Academy est certes le père de Ali Royal, de Bel
Esprit (père de la championne néo-zélandaise Black Caviar) et de Val Royal
(père de Cockney Rebel), Caerleon a engendré Generous et Grape Tree Road (père
de Gorella), et Green Dancer a produit notre valeureux Green Tune, Suave Dancer
et l’exceptionnel père de sauteurs, Cadoudal. Mais au sein de cette dynastie,
c’est peut-être Niniski qui s’en tire le mieux car, outre Lomitas, il peut
également compter sur Hernando, père de six gagnants de Gr1, dont Sulamani,
lui-même géniteur du classique Mastery.
INBREEDING
SUR RIBOT, DOUBLE GAGNANT DE "L’ARC"…
L’originalité
du pedigree de Danedream repose en partie sur le triple inbreeding généré par
le croisement Niniski x Danehill, à savoir des duplications de Northern Dancer
(4x4), de Natalma (5x5x5), et de Ribot (5x5). D’ailleurs, l’envolée de
Danedream dans la ligne droite de Longchamp n’est pas sans rappeler le style de
l’invincible Ribot, vainqueur de "l’Arc" en 1955 et en 1956, à la
faveur d’une accélération tout aussi dévastatrice ! Si on retrouve l’inbreeding
sur Northern Dancer chez quarante et un des cinquante-sept gagnants de Gr1
européens en 2011 (soit 72 %), la duplication de Ribot est également présente
dans de nombreux pedigrees classiques, trente exactement durant ces dix
dernières années, dont six sont porteurs du sang de Danehill. La combinaison
Tom Rolfe x His Majesty, dont procède Danedream, est présente chez quatre
gagnants de Gr1 dont Eswarah, gagnante des Oaks Stakes (Gr1), et Farda Amiga,
lauréate des Kentucky Oaks (Gr1). Rappelons enfin, pour conclure ce chapitre,
que Silvano, double gagnant de Gr1 par Lomitas, est lui aussi inbred sur Ribot…
DANEHILL,
UN GRAND PERE DE MERES…
Nous
connaissons tous l’impact de Danehill comme reproducteur et comme père
d’étalons, et son influence en tant que père de mères ne fait que s’affirmer au
fil des saisons : dix-sept gagnantes de Gr1 sont déjà à mettre à l’actif de ses
filles, dont pas moins de six cette année
(Danedream, Duncan, Frankel, Golden Lilac, Maybe et Roderic O’Connor).
Presque tous des classiques !
UNE
GRANDE SOUCHE FRANÇAISE…
Mais on
ne peut évoquer le pedigree de Danedream sans rendre hommage à sa troisième
mère, Lady Berry, une "Rothschild" lauréate du Prix Royal Oak (Gr1)
et du Prix de Pomone (Gr3) à 3ans, en 1973. Lady Berry fut tout simplement une
poulinière d’exception, mère de sept black types, dont trois gagnants de Gr1,
sur quatorze foals ! Citons pour mémoire ses meilleurs produits :
Le Nain
Jaune (1979 - Pharly), gagnant du Grand Prix de Paris (Gr1), et père de Magic
Night (Prix Vermeille, 2e du Prix de l’Arc de Triomphe) ;
Vert
Amande (1988 - Kenmare), lauréat du Prix Ganay (Gr1) et 3e du Prix de l’Arc de
Triomphe (Gr1) ;
Indian
Rose (1985 - General Holme), gagnante du Prix Vermeille (Gr1) et du Prix
Cléopâtre (Gr3) ;
Woolskin
(1981 - Wollow), 2e du Grand Prix de Paris (Gr1) ;
Mulberry
(1977 - Mill Reef), double lauréat du Prix La Moskowa (L), et 4e du Gran Premio
di Milano (Gr1) et du Grosser Preis von Baden (Gr1) ;
Featherhill
(1978 - Lyphard), placée de Listed, puis mère de Groom Dancer (Prix Lupin Gr1,
étalon), Tagel (Gr3) et Slew the Slewor (Gr3), deuxième mère de Plumania (Grand
Prix de Saint-Cloud), Balladeuse (Gr2), Légèreté (Gr2), Kinshasa No Kiseki (Gr3)
et Popular Gain (Gr3), et troisième mère de Falco (Poule d’Essai des Poulains),
Absolutely
(ATC Oaks) et Iron Lips (Gr3) ;
Rose
Bonbon (1984 - High Top), 2e du Prix de Thiberville (L) et 3e du Prix Ronde de Nuit (L), deuxième
mère de Danedream…
Il est
intéressant de souligner que Lady Berry a donné le jour aux meilleurs produits
de Pharly, General Holme et Wollow, signe de l’influence génétique
prépondérante de cette jument d’exception ! Inbred 3x4 sur Tourbillon, par
Violon d’Ingres et une fille de Mossborough (d’où sa tenue), elle avait de qui
tenir : sa troisième mère, Monrovia, avait remporté en son temps les Prix de
Royaumont et de Royallieu, et sa deuxième mère, Damasi, s’était placée deuxième
du Prix de Pomone avant de faire souche, les gagnants de Gr1 Sakura Laurel,
Steamer Duck et Time Paradox figurant notamment parmi ses descendants directs.
Rappelons que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer cette famille (14) à
l’occasion de la belle victoire de méandre dans le Grand Prix de Paris (Gr1), son
père de mère sèvres rose, stationné au Haras du Quesnay, étant par Caerleon
(fils de Nijinsky) et Indian Rose (fille de Lady Berry). Une belle similitude
de pedigree avec Danedream ! La deuxième mère de cette dernière, Rose Bonbon,
occupe la même place dans les pedigrees de Saratoga Black (Pyrus), 3e du Gran
Premio di Milano (Gr1) et du Derby Italiano (Gr2), et de Roseanna (Anabaa),
gagnante du Prix Yacowlef (L) et 3e des Nell Gwyn Stakes (Gr3). Cette dernière
est donc une trois quarts sœur de l’inédite Danedrop (croisement Danzig x Rose
Bonbon) dont Danedream est le cinquième foal vivant, après seulement deux
gagnants, Valdan (par Val Royal, lignée Nijinsky) et Danestar (Medicean).
Suivent un 2ans nommé Nuptial (par Soldier Hollow), à l’entraînement en France,
et une pouliche yearling répondant au nom d’Ignis Way (par Gold Away).
DE STAR
APPEAL A DREAM AHEAD…
La
victoire de Danedream dans "l’Arc" 2011 n’est évidemment pas sans
rappeler celle de Star Appeal, premier gagnant allemand de l’épreuve reine, en
1975, dans un style tout aussi étourdissant… Star Appeal n’est pas devenu un
grand reproducteur, mais on le retrouve comme père de la troisième mère d’un
certain Dream Ahead, tombeur de notre tant aimée Goldikova en ce même dimanche,
et qui fera l’objet de notre prochaine étude de grand pedigree !
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