
Autres informations / 29.11.2011
Benjamin boutin est décédé
Benjamin
Boutin n’a pas survécu à ses blessures, après sa terrible chute survenue
samedi, à Argentan. Le jeune homme, qui venait de fêter ses vingt et un ans,
est décédé lundi matin, entouré de ses proches, à l’hôpital d’Alençon, où il se
trouvait depuis samedi entre la vie et la mort. Le monde des courses est en
deuil après la perte de l’un des siens, fauché trop jeune alors qu’il exerçait
plus qu’un métier, sa véritable passion. Benjamin était entré à l’école du Moulin
à Vent à quatorze ans, et depuis, il ne vivait que pour le cheval et les
courses. Il avait remporté sa première course en août 2010, à Deauville. Treize
autres succès ont suivi. Après avoir été formé par Joël Rémy, puis Didier
Prod’homme, il était entré au service de Cédric Boutin. L’entraîneur lui avait
conseillé récemment de collaborer avec Pascal Bary, et le jeune homme
partageait son temps entre les deux écuries. Il était en pleine ascension. Ce
drame nous rappelle encore une fois à quel point cette profession est
dangereuse et à quel point il faut admirer ceux qui l’ont embrassée. Il nous
rappelle aussi que les courses sont une grande famille. Malgré la douleur,
chacun, à sa manière, a voulu rendre hommage à son ami. À commencer par
l’ensemble de la profession. À Lyon, tous les jockeys portaient un brassard
noir, et l’émotion était immense au moment du Grand Prix des Jeunes, remporté
par Rudy Pimbonnet, qui a dédié sa victoire à la mémoire de Benjamin. Nous
présentons nos sincères condoléances à sa famille et ses proches.
CEDRIC
BOUTIN : « UN GARÇON FONCIEREMENT GENTIL »
«
C’était un garçon attachant, foncièrement gentil. J’ai souvent des rapports
conflictuels avec les gens dans le travail, mais cela n’a jamais été le cas
avec Benjamin. Nous nous sommes toujours bien entendus. Il ne se mettait jamais
dans une position de ne pas être apprécié. Il avait envie de progresser et
avait reçu une bonne éducation, avec des valeurs simples. Il était assez
réservé et menait une vie tranquille en dehors des courses… »
PASCAL
BARY : « IL NE FAUT SURTOUT PAS CHERCHER UN COUPABLE »
«
Benjamin est arrivé chez moi début septembre. Il m’a été envoyé par Cédric
Boutin et il travaillait à mi-temps entre nos deux écuries. C’était un jeune
homme talentueux, qui avait tout pour devenir un bon jockey, tant dans le
physique qu’au niveau du mental. Sa disparition a affecté toute l’écurie. Ce
matin, le moral de tout le monde était à zéro. J’ai passé la journée de
dimanche à l’hôpital d’Alençon avec sa mère et sa petite amie. Benjamin tenait
sa passion des courses de sa famille, sa maman travaille dans un PMU à Chauny,
dans l’Aisne. L’accident a été très difficile pour tout le monde. D’abord il y
a eu un faux départ, et ensuite les chevaux et jockeys sont allés très vite
dans le premier tournant. La plupart avaient reçu les mêmes ordres, partir vite
et prendre une bonne place. Ils sont arrivés à six de front dans le virage, et,
un tassement en entraînant un autre, Benjamin est tombé. Je crois qu’il ne faut
surtout pas chercher de coupable, la disparition de Benjamin est suffisamment
difficile pour tout le monde. »
THIERRY
GILLET : « LA SECURITE, LA PREMIERE PREOCCUPATION DE L’ASSOCIATION »
« Je
suis évidemment très triste, pour sa famille et d’avoir perdu un collègue si
jeune. C’est un drame, toujours très dur
à vivre. Nous, jockeys, exerçons un métier à risques. La première préoccupation
de notre association est la sécurité. Nous cherchons sans cesse à améliorer la
sécurité sur les hippodromes, et nous avons un dialogue très constructif avec
France Galop dans ce sens. Nous avons d’ailleurs eu une réunion il y a quinze
jours avec les responsables des sites. Notre Monsieur sécurité, Franck
Smeulders, fait un gros travail dans ce sens. Il se déplace régulièrement sur
les champs de course, sachant que les jockeys nous font également remonter les
problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Une de nos revendications est d’avoir un
médecin urgentiste sur chaque hippodrome, c’est-à-dire un médecin formé aux
situations d’urgence. Ce n’est pas encore le cas sur tous les sites, mais cela
progresse aussi. En matière d’accidents, il y a eu beaucoup d’amélioration
depuis 5 ou 6 ans, comme en témoignent ces données : en 2009, 315 accidents
avec arrêts de travail ont été déclarées. Nous en avons eu 250 en 2010, et nous
en sommes à 240 cette année. »
LES AMIS
DE BENJAMIN : « UN GARÇON EN OR »
Alors
qu’ils étaient tous plongés dans une peine immense, les amis de Benjamin Boutin
ont accepté de nous parler de lui. « Pour lui rendre hommage, parce qu’il le
mérite tant », nous ont-ils dit d’une seule voix. Nous publions leurs réactions
et leur laissons nos colonnes ouvertes dans les jours à venir…« Nous étions une
bande de sept ou huit, très proches, super soudés. On se voyait régulièrement,
peut-être un peu moins depuis que Benjamin montait souvent en course. Nous nous
sommes rencontrés chez Cédric Boutin. Au travail, Benjamin était quelqu’un de
très calme, très sérieux. En dehors, il aimait profiter de la vie et passer de
bons moments avec ses amis. Il fêtait toujours ses victoires avec nous. Il
était dans le partage, la générosité. Je me souviens des soirées que nous
passions ensemble, à faire du karaoké ! Benjamin n’était pas celui qui chantait
le plus juste, mais qu’est-ce qu’on s’amusait ! J’étais à Lyon aujourd’hui, et
l’ambiance était très pesante. Tout le monde l’appréciait. C’était un garçon en
or, toujours là lorsque nous avions besoin de lui. C’était le premier à nous
secouer par les épaules quand ça n’allait pas. Comme un grand frère. »
LOLA
PRESTAGE, CAVALIERE D’ENTRAINEMENT
«
C’était vraiment un garçon super. Toujours de bonne humeur, toujours souriant.
Je me souviens de nos longs voyages en camion ensemble. Benjamin passait son
temps à dormir ! À l’écurie, sans lui, c’est très dur. On essaie de se dire
qu’il faut garder les bons moments que nous avons passés avec lui, mais
certains sont vraiment très choqués. S’il nous voyait comme cela, il nous
botterait les fesses… »
ANNE-LAURE
DELALAYE-DEVINCK, CAVALIERE D’ENTRAINEMENT
« Je
suis restée trois ans en couple avec Benjamin. Nous nous sommes connus à
l’école, à Gouvieux. Nous habitions ensemble, alors oui, je le connais très
bien. C’était un jeune homme très gentil, très respectueux. Il avait toujours
le sourire et il était toujours prêt à rendre service. Dans ce milieu, il est
rare que quelqu’un fasse l’unanimité comme lui. Tout le monde l’aimait. Les
courses, c’était sa passion. Il les avait découvertes parce que sa mère tenait
une brasserie PMU lorsqu’il était enfant. Il a toujours voulu devenir jockey.
Il vivait, mangeait "courses". Même lorsqu’il ne montait pas, il
suivait tous ses amis. Il aimait aussi le trot et l’obstacle. Son autre
passion, c’était le foot, surtout le PSG ! Mais avant tout, sa vie, c’était les
courses. Il a vécu sa passion jusqu’au bout. J’étais à son chevet à l’hôpital.
Il y avait aussi sa famille, sa copine, des collègues des écuries de Cédric
Boutin et Pascal Bary, Charlotte de Roualle, et surtout son grand ami
Christophe Lamy, qui est beaucoup trop ému pour parler de lui, mais qui a
toujours été là pour lui. Benjamin est parti entouré de ses proches. »
LOUISE
RUEL, CAVALIERE D’ENTRAINEMENT
« Nous
étions amis depuis deux ou trois ans. Nous nous étions connus en montant en
course. Au premier contact, il pouvait paraître très froid, mais une fois qu’on
le connaissait, il donnait tout. C’était la générosité même. Il avait envie de
réussir dans ce milieu. Jamais je n’ai entendu quelqu’un dire du mal de lui. Il
était simple et ne se "prenait pas la tête". On pouvait compter sur
lui à 100 %. »
ANTHONY
CARAMANOLIS, JOCKEY.
PHILIPPE
GERMOND : « RIEN NE SAURAIT ETRE PLUS IMPORTANT QUE LA SECURITE DES HOMMES »
« La
disparition tragique de Benjamin Boutin nous rappelle brutalement combien le
métier de jockey est un métier à risques. Mes pensées vont à sa famille et à
ses proches, dans la terrible épreuve qu’ils traversent. Benjamin Boutin était
un jockey de talent, plein d’avenir et de promesses, qui s’investissait sans
retenue dans son métier, mesurant à chaque départ les risques qu’il prenait. Le
galop est un sport dans lequel les chutes et les blessures existent. Malgré les
efforts des sociétés de courses et de tous les acteurs de la filière, le risque
zéro n’existe malheureusement pas. Mais rien ne saurait être plus important que
la sécurité des hommes. Aucun enjeu économique ou technique ne peut être
supérieur à la protection de la vie et de l’intégrité des jockeys et des
drivers. Dans la plupart des grands sports, un accident aussi grave conduit à
l’annulation ou à la neutralisation de la compétition. C’est normal et c’est
bien ainsi. À chaque fois, le respect, la discrétion et la pudeur doivent
l’emporter sur les autres considérations, laissant à chacun la liberté de
l’hommage à rendre à celui qui s’en est allé. Jamais le PMU ne demande à
recourir une course dans de telles circonstances. La course est reprogrammée ce
mercredi à Angers, aussi le PMU a décidé de reverser l’ensemble des recettes
nettes de cette course à l’association des Jockeys, en mémoire de Benjamin
Boutin, et témoigner ainsi de sa solidarité avec ceux qui chaque jour font que
les courses existent et sont un sport de haut niveau. »
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