
Autres informations / 07.11.2011
L'opinion de pierre laperdrix, breeders'cup : la grande illusion
Que
retenir de la 28e édition du Breeders’ Cup ? Vous voulez vraiment le savoir ?
Rien. Les informations en provenance des
États-Unis sont : Goldikova troisième, Sarafina quatrième, Byword huitième et
Announce non partante. Et à part cela ? Hum… Une succession de gagnants sortant
de nulle part ; des épreuves tactiquement nulles ("bourrer" d’abord,
"bourrer" ensuite et réfléchir une fois le poteau passé) ; et un niveau
extrêmement faible pour certaines, comme le Breeders’ Cup Dirt Mile, dont on se
demande comment il a pu obtenir le statut de Gr1. Honnêtement, aucune des
courses n’a délivré un verdict limpide, comme si, à chaque fois, on aurait pu
les recourir à l’infini et n’obtenir que des résultats différents. Voilà. Le constat est là. Le Breeders’ Cup,
c’est aussi (et surtout?) une grande illusion. J’emploie le mot illusion pas
seulement comme une critique, mais aussi parce que c’est celui qui dit le mieux
cette vérité : la force de cet événement, c’est sa mise en scène. Tout est vu
en GRAND et permet d’accréditer l’idée que le Breeders’ Cup est un championnat
mondial, le point d’orgue de la saison de galop, alors que c’est évidemment
faux. La couverture médiatique est parfaite, importante, et surtout, tout est
fait pour que l’on parle de cet événement aux quatre coins du monde. À ce
titre, le Breeders’ Cup a beaucoup de choses à nous apprendre… Nous devrions y
arriver car, la base, c’est-à-dire les courses, nous les avons et elles sont
plus intéressantes que celles du Breeders’ Cup. Voulez-vous un exemple de ce
sens du théâtre (de la "société du spectacle" aurait dit Guy Debord)
dans lequel les Américains excellent ? Cette année, le Breeders’ Cup Mile a été
déplacé avant le "Classic" afin que Goldikova, star du Breeders’ Cup
2011, puisse bénéficier de la meilleure couverture médiatique possible.
Lorsqu’un mois plus tôt, elle a couru sa dernière course en France, dans le
Qatar Prix de la Forêt (Gr1), quelle dimension dramatique avait été donnée à
l’événement ? Aucune. Erreur…Là également où les Américains peuvent être
qualifiés d’illusionnistes, de magiciens, c’est qu’ils arrivent à faire passer
leurs gagnants pour des champions, et les entraîneurs et jockeys pour des
légendes. Un signe ne trompe pas : sans vouloir du tout leur jeter la pierre,
combien de fois les journalistes d’Equidia ont-ils qualifié Bob Baffert de
"légendaire" au cours du week-end ? En entendant cela, j’ai pensé à
deux choses. La première, c’est que ni André Fabre, ni Alain de Royer Dupré, ni
François Boutin, ni François Mathet n’ont le droit à cet adjectif dans aucun
média français. La seconde, ce sont les
nombreuses interventions de Louis Romanet pour dénoncer la surutilisation de
médication par les entraîneurs américains. Une surutilisation légendaire ?! La
mise en scène du Breeders’ Cup passe aussi par l’entraînement. Des paquets de
journalistes sont présents sur les pistes le matin et on leur explique que
c’est bien, car tel cheval vient de faire 600m en 37 secondes. Même si cela n’a
aucun sens. Car cela fait partie du "business", de la propagande. Les
entraîneurs américains sont de grands communicants. Ils acceptent même que le
public – horresco referens! – assiste aux entraînements. Et c’est grâce à cette
largesse que naissent des hordes de fans… Là encore, une leçon à méditer pour
la France, où la majorité des entraînements à lieu à huis clos, et où les fans
ne sont pas légion. Passons sur les tapis de selle d’entraînement, qui
comportent le nom du cheval et le nom de la course, comme à Hongkong. Quand
comprendra-t-on, en France, qu’il faut en faire de même pour intéresser le plus
grand nombre à notre sport ? Autre sujet où la magie opère et crée un écran de
fumée providentielle pour masquer les carences sportives et techniques, ce sont
avec les jockeys américains. Leur devise n’est pas "En avant, calme et
droit", mais plutôt «"En avant, à fond et n’importe où" ! Voilà
leur unique tactique, quitte à progresser en cinquième épaisseur. Dans le Breeders’
Cup Turf, Joseph O’Brien, qui est pourtant critiqué en Europe, a donné une
leçon de monte aux pilotes américains. Oui, il avait un bon cheval (St Nicholas
Abbey), mais il a su l’utiliser, laissant les autres "mourir" devant.
Il a repris un bol d’air dans le tournant avant de laisser tout le monde sur
place. D’ailleurs, après l’épreuve, les données de Trakus montraient que
beaucoup de chevaux avaient été bien plus rapides dans les quatre cents
premiers mètres de course qu’à n’importe quel autre moment du parcours. Je ne sais
pas si c’est la morale de l’histoire. Mais je constate que les Américains
jettent de la poudre aux yeux au monde entier mais s’en trouvent eux-même
aveuglés. L’utilisation à outrance de médications depuis plusieurs années a
créé des générations de chevaux fragiles. Il suffit de voir le nombre de
classiques américains qui "cassent" dès le mois de mai de leurs 3ans
pour s’en persuader. Au final, le Breeders’Cup c’est aussi l’occasion de mettre
en avant le savoir-faire américain : faire gagner des chevaux rafistolés. Si
l’utilisation de la médecine n’est pas rapidement interdite, les chevaux
américains ne seront plus que des étoiles filantes. L’élevage américain devient
de plus en plus bancal… et le prochain élément qui trinquera, ce sera le
Breeders’ Cup, qui finira par s’effondrer comme un simple château de cartes.
Ou, comme le disait Pierre Dac, « comme un château de cartes en Espagne » !
J’ai fini. Le Breeders’ Cup est à l’image des courses américaines. C’est une
grande kermesse bien mise en scène. Point barre. Mais, même si le cadre est
joliment dessiné, il n’est qu’un trompe-l’oeil pour le tableau qu’il entoure.
Sportivement parlant, la majorité des épreuves du Breeders’ Cup n’offre plus
grand intérêt. La multiplication des supports des courses –dédoublées entre
dirt et turf, l’absurdité du rythme des épreuves, l’utilisation de la
médication, le profil particulier des hippodromes américains : tout ce cocktail
fait que les résultats du Breeders’ Cup sont, à mes yeux, non significatifs.
Tant mieux pour les Internationaux d’Hongkong qui, eux, sont de vraies finales
mondiales pour les chevaux qui ont eu la possibilité de patienter jusqu’en
décembre.
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