
Autres informations / 19.01.2012
Apres les elections… par jean-jacques boutin membre de l’aep, elu au comite regional nord ile-de-france de france galop
Au
lendemain des élections, certains médias se sont étonnés de la présence de
quatre élus des entraîneurs-propriétaires au comité de France Galop ; un au
titre des entraîneurs, mais aussi deux au titre de propriétaire et un au titre
d'éleveur, comme si leur statut de propriétaire ou d'éleveur pouvait être mis
en doute. Le nombre de leurs élèves parle pour eux. Comme le reste de la
planète, le monde du galop a changé ; le résultat des élections l'a montré. Il
veut des idées neuves. Nous en avons. Le constat est flagrant : grâce à
Philippe Germond et, avant lui, Bertrand Bélinguier, le PMU est en progression
significative. Mais le monde professionnel est en mauvaise santé. À brève
échéance, l'expansion ne pourra plus se nourrir de nos dépouilles. Quelques
grands propriétaires milliardaires peuvent tirer leur épingle du jeu
financièrement, publicitairement ou politiquement, les autres ne peuvent le
faire que pour le plaisir. Plaisir qui, la plupart du temps, coûte de l'argent.
Ce n'est peut-être pas une solution pour certains d'augmenter les allocations,
mais cela permet de limiter un peu les pertes que, fort heureusement, l'amour
du cheval compense largement. Si le jeu
des courses passionne les parieurs, c'est aussi parce qu'ils aiment le cheval,
animal mythique qui a accompagné le développement de la plupart des civilisations.
Sa beauté, sa rudesse, sa course fabuleuse évoquent chez tous les peuples des
émotions fantastiques. Si la plupart des entraîneurs se sont investis dans la
propriété de chevaux de course, c'est pour continuer à satisfaire leur passion,
même au prix de sacrifices financiers. Pour revenir à une situation différente,
il faut redonner aux courses leur pouvoir de rêves. Le programme est rude et le
travail immense, mais les solutions existent. La crise est là, mais c'est dans
des périodes comme celles-là que les choses avancent. On le voit tous les
jours. Les élections de France Galop l'ont montré, cela a bougé et cela bougera
encore. Être propriétaire doit être à nouveau symbole de plaisir, de rêve et
même, il faut le dire, de gros gains pour les plus chanceux, surtout par ces
temps de doutes. L'accès à la propriété du premier cheval doit être facilité. À
l'heure où seul l'entraîneur est responsable devant les autorités des
performances et de la carrière du cheval, il n'est pas utile d'attendre de
longues semaines la réponse d'une demande de couleurs. La caution de
l'entraîneur doit suffire pendant un laps de temps raisonnable. L'accès aux
courses "à réclamer" doit être facilité pour les chevaux de petites
catégories, inférieures à 30 de handicap, tout en conservant les autres
consacrées à certaines grosses valeurs pour favoriser la diversité de l'offre.
Il faut modifier le système de défense de son cheval, qui actuellement est un
impôt sur le sentiment ponctuellement exacerbé par la prestation de son protégé,
et non sur la réelle performance de celui-ci. Le désintéressement à cet instant
des autres acquéreurs le montre bien. Il y en a assez de faire croire que les
petites catégories ne peuvent pas tirer les courses vers le haut. L'effort
réalisé par les chevaux pour gagner une petite épreuve est peut-être plus
méritoire et digne de respect que celui d'un crack qui domine sa course de la
tête et des épaules. C'est pour cela qu'on les aime et qu'on les admire. Le
goût de l'effort, du travail bien fait, c'est là aussi qu'on le trouve et qu'il
force le respect et l'amour qu'il inspire. L'émotion du propriétaire, de
l'entraîneur, du garçon responsable, du joueur, du spectateur devant l'effort
de son cheval dans une arrivée "à vous faire péter le coeur", même
dans les courses "à réclamer". Le monde des courses doit être régi
par des gens responsables et honnêtes. Ceux dont la parole est sujet à caution
doivent être écartés des responsabilités. Consacrer son temps à compter les
coups de cravache pour rassurer la SPA, étrangère à l'univers du cheval, au
lieu de s'assurer de la régularité des courses en fonction d'un code que
souvent personne ne connaît, ne peut plus se justifier. Tant qu'à faire :
innovons avec quelques courses pour jockeys sans cravache: tous à égalité sans
crainte de suspension ou d'amende. Nous saurons enfin qui sait pousser sa
monture avec élégance et efficacité ! Qui sait véritablement dresser ses
chevaux à l'entraînement dans la soumission et la performance, et non dans la
douleur et la peur. Dans la nature, le cheval prend sa course pour assurer sa
survie et se soustraire aux prédateurs, non par peur ou par douleur, mais bien
par prudence, seul le dernier est mangé. Laissons la cravache aux apprentis en
mal de cheval mécanique, pour pallier à leur manque de force. Tous les éleveurs
ne sont pas des milliardaires. Le nombre de ces derniers intéressés par les
chevaux n'est pas légion. Pour les autres, ceux qui, comme moi, élèvent leur
production pour la compétition – même s'ils rêvent du crack tant espéré –
savent se contenter d'espoirs et de déceptions. J'ai eu la chance formidable
d'élever Snataka, Tikzane et surtout Lorzane – bien connu des turfistes –, son
nom me fait encore venir les larmes aux yeux tant il évoque chez moi joies
immenses et peines incroyables. J'ai aussi élevé beaucoup d'anonymes tout aussi
dignes de respect : en un mot, je les ai tous aimés. Tout comme le joueur rêve
du pactole mais sait se contenter d'un petit gain aux courses, c'est l'émotion
qui compte – les éleveurs savent que le plaisir de voir leur élève courir un
jour sur un champ de course reste un but merveilleux. Ils rêvent peut-être de
millionnaires, mais ils savent se contenter du propriétaire sympathique qui
leur a acheté leur production à un prix raisonnable. Alors, de grâce, ne les
décevons pas et permettons-leur de continuer en favorisant aussi les
"soi-disant" petites catégories et permettons à ces chevaux de
perdurer longtemps. Quant aux acteurs des courses, cela aussi a changé. Ils ne
viennent plus par désoeuvrement ou par désintérêt du travail à l'école. Ils
viennent par amour du cheval. À eux aussi, il faut redonner le goût d'un
travail difficile, mais passionnant. Le travail peut les mener à devenir jockey
mais aussi entraîneur, garçon de voyage, premier garçon, cavalier
d'entraînement, lad, garçon de cour, sellier, bourrelier, agent de jockeys,
manager, courtier ou, pourquoi pas journaliste hippique ! Vaste programme pour
l'Afasec ! Mais la morphologie, en particulier pour les garçons, a changé. Les
filles peuvent faire le poids sans trop de difficultés, mais seules
quelques-unes arrivent à se sortir des pièges de la compétition pour l'instant.
Il faudra bien un jour envisager de récompenser le travail formidable de
certains cavaliers d'exercice en leur ouvrant, comme aux gentlemen-riders,
quelques courses réservées à leur gabarit, d'un poids raisonnable. L'ajout de
poids freine l'accélération, il n'a jamais eu grande action sur la vitesse en
course ou sur l'accumulation d'acide lactique, cause de la plupart des accidents
tendineux. Il faudra bien un jour répondre à l'attente de ces jeunes gens,
comme cela se fait dans toutes les autres disciplines. Notre sport hippique
doit être synonyme de fêtes, d'espoirs, d'aventures et de belles carrières. Des
idées, nous en avons bien d'autres. Nous en avons eu depuis vingt ans. Ce n'est
pas certes faire dans la modestie, mais je ne peux m'empêcher de rappeler ici
quelques réformes obtenues dont l'idée m'était venue en mettant à profit mes
quarante années d'expérience au service du sport hippique. La licence
permanente des entraîneurs après le nouvel examen mis en place sans
consultation avec les intéressés, les courses réservées aux 4ans lourdement
pénalisés au poids au crépuscule de leur troisième année, les Quintés divisés
pour pallier aux lots faméliques. Cela pour ne citer que les plus
significatives. Nous n'avons pas pu toutes les exprimer, ni les faire
appliquer, mais c'est certainement le moment de les mettre en route. À
l'association des entraîneurs -propriétaires nous n'avons pas l'apanage des
bonnes idées mais nous en avons. Ceux qui ont voté pour nous comptent sur nous,
nous ne les décevrons pas.
Jean-Jacques
Boutin
Membre
de l’AEP, élu au Comité Régional Nord Île-de-France de France Galop
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