De turfiste a entraineur, la belle histoire de julien phelippon

Autres informations / 04.01.2012

De turfiste a entraineur, la belle histoire de julien phelippon

Passionné

de courses hippiques depuis son plus jeune âge, Julien Phelippon s’est

construit de lui-même. Du guichet des hippodromes du Sud-Ouest à une cour

d’entraînement à Chantilly, découvrez le parcours atypique d’un turfiste devenu

entraîneur.  Originaire de

Charente-Maritime, Julien Phelippon est devenu entraîneur en juillet 2011. Son

nom n’est pas inconnu dans l’univers des courses hippiques. Il détient ses

couleurs depuis 2007 (casaque verte, manches bleues et toque blanche,) et a

longtemps été l’agent du jockey d’obstacle Christophe Pieux. Pourtant rien ne

prédestinait Julien Phelippon à se construire un avenir dans les courses. « Mon

père était turfiste et m’emmenait régulièrement les dimanches sur des

hippodromes du Sud-Ouest. C’est à Bordeaux que j’ai commencé à apprécier le

spectacle. » Julien Phelippon a nourri sa passion et construit sa réussite par

le jeu. Son approche est « ludique. Pour moi le jeu a été une solution et je

suis fier d’avoir réussi par ce biais-là. J’ai construit mon écurie grâce à

lui. Maintenant que je suis devenu entraîneur, je n’ai plus le droit de jouer

les courses dans lesquelles j’ai des intérêts, ce qui me semble tout à fait

logique. »

DE

TURFISTE A AGENT DE JOCKEY…

Il y a

dix ans, Julien Phelippon est déjà un habitué des hippodromes et entretient des

relations avec les professionnels du milieu. En 2002, il décide de devenir

manager de l’écurie de son grand-père, Jacques Phelippon. En même temps, il

achète des chevaux, mais a le profond désir de les voir courir sous ses

couleurs. Il a alors besoin d’une profession stable pour que France Galop

l’autorise à devenir propriétaire. « Je m’étais déjà fait beaucoup de contacts

et, après en avoir parlé avec Christophe Pieux, je suis devenu son agent,

pendant cinq ans, de 2004 à 2009. Ce métier était celui qui mettait le plus en

avant mes compétences de turfiste. À ce moment-là, j’ai pu prendre mes couleurs

et j’ai choisi de rendre hommage à Robert Sangster, le grand propriétaire

britannique, en prenant les mêmes couleurs. C’est la casaque qui m’a fait le

plus vibrer au début, avec notamment le champion Rodrigo de Triano. » Julien

Phelippon est donc l’agent de Christophe Pieux et sera aussi celui de

Christophe Soumillon en 2006. Ce métier lui permet donc d’acheter des chevaux

en son nom, selon un modèle économique spécifique. « J’ai toujours acheté du

"clef en main" et surtout dans les courses à réclamer. Mon but est d’avoir

le plus possible de chevaux rentables et qui ne restent à l’entraînement que

lorsqu’ils ont les moyens de se défendre sur la piste. »

…ET

D’AGENT DE JOCKEY A ENTRAINEUR

En 2009,

Julien Phelippon arrête son activité d’agent de jockey et "cède"

Christophe Pieux au gentleman-rider Florent Guy. Cela fait un an qu’il est

entré au sein de l’écurie de Corine Barande-Barbe, à qui il a confié une grosse

partie de ses chevaux. « Devenir entraîneur a toujours été un rêve pour moi. Je

ne monte pas à cheval et ça n’est pas un métier qui s’apprend comme ça. On ne

devient pas entraîneur du jour au lendemain. J’ai eu la chance d’avoir Corine,

dont je suis devenu l’assistant. J’ai appris ce métier au contact de mes

chevaux et pouvoir observer un champion comme Cirrus des Aigles a été une

chance. L’idée de devenir entraîneur a ensuite véritablement mûri en 2010.

Quelques personnes m’avaient sollicité et j’ai passé ma licence en juillet

2011. Corine a bien voulu me louer une dizaine de boxes et, désormais, j’évolue

pour mon compte, chez elle, avec une douzaine de chevaux, mais je ne garde que

ceux qui sont compétitifs. Dès qu’il y a le moindre souci, ils partent dans ma

sous-base, dans l’ouest de la France, qui est une structure de préentraînement.

» Julien Phelippon a connu rapidement sa première victoire comme entraîneur, le

9 octobre, en sellant Envie d’Ailleurs, son troisième partant. « J’avais déjà

connu les joies de la victoire comme propriétaire avec une centaine de gagnant.

Mais mon premier succès comme entraîneur est un souvenir particulier. C’est une

émotion très différente. Je dois dire que je suis plutôt quelqu’un d’anxieux,

alors quand mon cheval a passé le poteau en tête, c’était un vrai soulagement.

C’est grâce à une équipe solide, pour laquelle les résultats sont aussi

importants que moi, que je dois ces bons débuts » Aujourd’hui, Julien Phelippon

entraîne ses chevaux. Originaire de province, c’est pourtant bien au centre

d’entraînement de Chantilly qu’il a choisi de s’installer. « Mon modèle

d’entreprise est proche de celui des trotteurs. Je suis actionnaire des chevaux

que j’entraîne et mon objectif est d’avoir le plus possible de chevaux

rentables. C’est là qu’il faut bien sélectionner les engagements. Je me suis

installé à Chantilly pour bénéficier d'un maximum de possibilités et travailler

dans un environnement parfaitement adapté. Les principales entreprises de

transport de chevaux, comme STC ou STH, sont à Chantilly et ça facilite

vraiment les choses. » Julien Phelippon a déjà remporté cinq courses en quarante-six

participations et avec seulement dix-sept chevaux sous ses ordres depuis qu’il

est devenu officiellement entraîneur. « améliorer les rapports entre

professionnels et turfistes» En tant qu’ancien turfiste, Julien Phelippon

regarde d’un œil particulier le public situé derrière les barrières qui

séparent les professionnels des turfistes. Il regrette justement cette barrière

qui distingue deux mondes différents. « Le turfiste est avant tout un passionné

de courses et je regrette que tous soient "stéréotypés" à cause de

fauteurs de troubles. Les personnes qui insultent les professionnels sont

minoritaires dans la communauté des turfistes, mais comme leurs gestes et

paroles sont souvent virulents, on ne se souvient que de ces cas particuliers.

Je crois que France Galop devrait sévir avec ces individus et permettre à ceux

qui supportent réellement les courses de pouvoir entrer plus librement en

contact avec les professionnels. Il faut savoir que lorsqu’un turfiste joue

deux euros sur un cheval, il se sent d’une certaine façon propriétaire du

cheval. Malheureusement le fossé entre les deux mondes est très important et je

crois que les barrières ne cèderont que lorsqu’on organisera des rencontres ou

que l’accès au propriétariat sera facilité, comme par exemple avec les écuries

de groupe. » Mais Julien Phelippon admet que la culture des courses pour le

grand public est très différente de celle des autres grandes nations de

courses. « Il est vrai qu’en France, le public peut être virulent. Mais, encore

une fois,  ce ne sont que des cas

particuliers qui prennent à parti jockeys et entraîneurs lorsqu’un favori est

battu. Je prends toujours pour exemple le cas de Kauto Star. Grand favori d’un

Gr1, il avait été arrêté alors qu’il avait une cote à 1,4/1. En France, le

jockey de Kauto Star aurait été immédiatement hué par le public, mais en

Irlande, le cheval est rentré sous les acclamations de la foule, qui n’était

venue que pour le voir. » C’est un travail d’éducation qu’espère Julien

Phelippon, et, quand on constate le vide dans les tribunes de nos hippodromes,

sa démarche mérite d'être louée.

 

LA FIN

D’ANNEE 2011 A ETE MARQUEE PAR LES ELECTIONS DE FRANCE GALOP. AVEZ-VOUS UNE

IDEE A SUGGERER A NOTRE NOUVEAU PRESIDENT, BERTRAND BELINGUIER ?

« Je

trouve que la France est un pays absolument fabuleux pour les courses. Nous

avons un modèle économique parfait, bien plus équilibré que n’importe quel

autre au monde. Comparativement, le taux de retour pour les propriétaires est

beaucoup plus important. Il faut surtout garder ces fondamentaux et ne changer

que par petites touches sans réformer totalement un système qui a fait ses

preuves. Je n’ai lu dans aucun programme électoral, une proposition de réforme

du programme d’hiver de plat qui est devenu totalement obsolète. Avec toutes

les nouvelles pistes P.S.F. qui ont été créées, il faut revoir cette partie du

programme et leur ouvrir plus de courses en hiver. Je parle bien sûr des

hippodromes de Pornichet, Lyon-La Soie et Chantilly maintenant. En hiver, les

disciplines du trot et de l’obstacle sont bien servies et manquent même de

partants. Alors qu’à Deauville, les chevaux sont sans arrêt éliminés et que

Cagnes-sur-Mer est très limité en capacité d’accueil. »