Bernard secly, le maitre de l’obstacle se devoile

Autres informations / 15.05.2012

Bernard secly, le maitre de l’obstacle se devoile

Entraîneur

le plus titré dans la discipline de l’obstacle en France, Bernard Sécly nous a

accordé une interview, à quelques jours du Gras Savoye Grand Steeple-Chase de

Paris (Gr1). L’entraîneur des champions Katko et Al Capone II parle de

l’édition 2012 de la grande épreuve, de la façon de préparer un sauteur pour ce

championnat, de ses débuts, d’Auteuil…

JDG .–

QUE PENSEZ-VOUS DE L’EDITION 2012 DU GRAS SAVOYE GRAND STEEPLE-CHASE DE PARIS ?

Bernard

Sécly .– Parfois, la situation est claire avant le "Grand Steeple"

avec des chevaux de qualité, qui se montrent très réguliers lors des

préparatoires. Ils confirment ainsi leur classe et la hiérarchie est solide.

Mais cette année, à cause du mauvais temps, des épidémies ou du manque de

chance, les choses deviennent plus floues. Certains chevaux dont la chance

était évidente connaissent une baisse de forme ou sont malchanceux. C’est le

cas cette année. Mon choix personnel pour l’édition 2012 du "Grand

Steeple" se porte sur les chevaux de tout le monde comme Mid Dancer

(Midyan), qui a déjà démontré toute sa qualité. De plus, malgré son âge et les

blessures qu’il a connues, il est toujours revenu à un très bon niveau. Même

s’il n’est plus tout à fait le cheval qu’il a été, il a l’expérience des grands

rendez-vous. J’aime bien également Rhialco (Dom Alco), même s’il y a un doute

sur sa tenue. Il a pris de l’expérience, est en forme et répète ses courses.

Quant à Rubi Ball (Network), ses contre-performances sont un peu inexplicables.

La première fois, dans le Prix Troytown (Gr3), il a fait une faute, mais il est

reparti, alors que la deuxième fois, dans le Prix Murat (Gr2), c’est plus

difficile à comprendre.

VOUS

ETES LE RECORDMAN DES VICTOIRES DANS LE "GRAND STEEPLE" AVEC SIX

SUCCES. AVEZ-VOUS LE SECRET POUR PREPARER UN CHEVAL EN VUE DE CETTE GRANDE

ECHEANCE ?

Je n’ai

pas de secret. Il n’y a pas de vraies méthodes. On adapte sa façon de

travailler au cheval que l’on a. Chaque cheval réclame une préparation

différente, mais il faut beaucoup de travail pour préparer un cheval de

"Grand Steeple". Ce qu’il faut, en vue de cet événement, c’est

arriver en progression sur la course, pour que le cheval montre sa forme le jour

J.

QUELLE

EST VOTRE MEILLEUR SOUVENIR PARMI VOS VICTOIRES DE "GRAND STEEPLE" ?

C’est

très difficile à dire. La première victoire avec Mon Filleul en 1978 est celle

dont je me souviens le mieux. Parce que c’est la première.

JUSTEMENT,

COMMENT PREPARIEZ-VOUS UN CRACK COMME KATKO ?

Déjà, il

fallait avoir la chance d’avoir un cheval comme lui ! Mais c’était simple de

l’entraîner. C’était un tel sauteur ! Il avait une aptitude au saut

extraordinaire, une fluidité exceptionnelle, il sautait pour s’amuser. Avec

Katko, il fallait surtout préserver sa santé car il était fragile. Il

effectuait des travaux réguliers, tout en en veillant à ce qu’il soit toujours

gai. On ne forçait jamais avec lui.

ET AVEC

AL CAPONE II, COMMENT SE PASSAIT L’ENTRAINEMENT AVANT LES GRANDES COMPETITIONS

?

Al

Capone avait plus de santé. Mais il devait avoir plus de travail que Katko qui

venait naturellement en forme. De fait, Al Capone n’avait que six courses par

an, trois au printemps, trois à l’automne. Généralement, on lui donnait une

course de haies, pour le remettre en route puis une course en steeple, où il

avait besoin de progresser, avant la course visée.

CHEZ QUI

AVEZ-VOUS FAIT VOS GAMMES ?

J’ai

appris le métier chez Messieurs d'Okhuysen et Ginzbourg notamment. J’étais là,

je regardais bien ce qu’ils faisaient car on ne disait pas grand-chose.

BIEN QUE

L’ON VOUS AIT "CATALOGUE" COMME ENTRAINEUR D’OBSTACLE, VOUS AVEZ

CONNU AUSSI D’EXCELLENTS RESULTATS EN PLAT…

J’ai eu

beaucoup de satisfactions dans cette discipline grâce à des écuries et des

élevages de qualité. J’entraînais alors pour des gens importants, mais il n’y

avait pas vraiment de suivi. C’était très politique et je me suis rendu compte

que je n’aurais jamais un grand propriétaire fidèle. J’ai tout de même gagné

cinq Grs1 en plat. J’ai fait le jumelé dans le Grand Prix de Paris et le Prix

Royal-Oak. J’ai remporté aussi le "Jockey Club" italien,  le Critérium de Saint-Cloud et le Prix Ganay.

Ensuite, j’ai enlevé pas mal de Groupes. Malgré cela, je ne me sentais pas

parti pour grimper. Étant donné que je connaissais très bien l’obstacle,

discipline dans laquelle j’avais eu quelques pensionnaires, je me suis lancé

dans ce sport. Mais en n’ayant jamais plus de vingt chevaux d’obstacle à

l’entraînement sur la cinquantaine de chevaux que j’entraînais.

QUELLES

PEUVENT ETRE LES DIFFERENCES DANS L’ENTRAINEMENT D’UN CHEVAL DE PLAT ET D’UN

SAUTEUR, SUR LEQUEL LE DRESSAGE EST BEAUCOUP PLUS PRESENT ?

En plat,

toute la difficulté réside dans le fait d’avoir un cheval en forme et cela nécessite

beaucoup de travail. En obstacle, le travail est le même au niveau de la forme

du cheval. Mais il faut aussi travailler le dressage sur l’obstacle, repérer

l’aptitude. Ce n’est pas un hasard si de grands noms du plat sont passés par

l’obstacle comme François Mathet, "O’Brien" ou encore Willy Head.

BEAUCOUP

DE JOCKEYS ET D’ENTRAINEURS SONT PASSES PAR VOTRE ECURIE. QUE POUVEZ-VOUS NOUS

EN DIRE ?

Quand

j’ai commencé dans les années soixante, j’ai gagné beaucoup de courses grâce

aux apprentis que j’avais et qui étaient les meilleurs de l’époque. D’ailleurs,

je serais incapable de dire avec précision le nombre de jockeys qui ont été mes

apprentis. Guy Guignard est passé par mon écurie, tout comme, en obstacle,

Jean-Yves Beaurain. Ce dernier est arrivé à 14 ans chez moi. Il y est resté

tout le temps. C’était un jockey qui avait une science du train exceptionnelle

en obstacle. Il savait parfaitement où il se trouvait. Il était aussi très

attachant car il était honnête et droit. Élie Lellouche a été également mon

apprenti. Il a monté beaucoup de gagnants pour moi avant de s’installer

entraîneur. Mais je n’ai, en revanche, jamais eu d’assistant. Je prenais des

garçons pour leur apprendre le métier de jockey.

QUAND

AVEZ-VOUS CESSE D’ENTRAINER ?

Cela

fait deux ans que j’ai arrêté le métier. Je n’avais alors presque plus de

chevaux. Ce que je retiendrais de ma longue période d’entraîneur ? Beaucoup de

satisfactions. Et ma grande joie est de ne pas avoir travaillé que pour moi.

J’ai mis le pied à l’étrier à beaucoup de professionnels qui ont occupé des

postes importants dans des écuries. Je suis très fier de ça.

COMMENT

VOYEZ-VOUS L’EVOLUTION DES COURSES ?

Je suis

à la retraite et je regarde cela d’un oeil plus lointain. De mon temps, on

était beaucoup avec nos chevaux et on se déplaçait à Évry, Longchamp,

Chantilly, Auteuil, mais les professionnels sont désormais obligés de s’adapter

au programme, aux courses sur P.S.F. et ils doivent se déplacer énormément.

Reste qu’en France, nous avons un modèle pour toute l’Europe et ce n’est pas un

hasard.

QUE

PENSEZ-VOUS DE L’HIPPODROME D’AUTEUIL ?

Je crois

qu’il ne faut rien changer sur la butte Mortemart. Auteuil est un hippodrome

qui est proche de la perfection. Il demande des efforts aux chevaux, mais des

efforts qui sont réalisables. On ne va pas au "casse-pipe" à Auteuil

comme au Grand National de Liverpool (Gr3). Il peut arriver par exemple

qu’aucun cheval ne tombe lors d’un "Grand Steeple". Le boulot est

faisable pour les chevaux et les jockeys.

BERNARD

SECLY

Né le 5

mai 1931

1959 :

installation en tant qu’entraîneur

Recordman

des victoires dans le "Grand Steeple" avec six succès : Mon Filleul

(1978), Katko (1988, 1989, 1990), Al Capone II (1997) et El Paso III (2002)

Recordman

des victoires dans le Prix La Haye Jousselin avec neuf victoires : Katko

(1989), Al Capone II (1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999) et El Paso III

(2001)

Victoires

en plat dans les Grand Prix de Paris, Ganay et Royal-Oak (Grs1)

2010 :

arrêt de sa carrière


 


 

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