
Autres informations / 30.06.2012
La faiblesses des lignes par pierre laperdrix
« Rien ne vaut les impressions » nous a confié
Jean-Claude Rouget après le Prix de Diane-Longines (Gr1) remporté par sa
pensionnaire Valyra (Azamour). Il a raison, les "lignes" sont
accessoires et ne doivent pas être vues comme une vérité absolue. La preuve
avec Valyra : le 14 avril, à Bordeaux, elle bat de trois quarts de longueur
Glowing Cloud (Dylan Thomas), qui n’a pas gagné lors de sa sortie suivante, et
le 18 mai, à Chantilly, elle a battu – nettement il est vrai – O’Keefe (Peintre
Célèbre), qui n’a pas réussi non plus à briser son statut de maiden lors de ses
deux sorties dans des "F", dont une fois en bon terrain, elle qui n’a
pas paru à l’aise dimanche à Saint-Cloud sur une piste très souple. Dans un
sens comme dans un autre, les lignes de Valyra ne fonctionnent pas. Comment lui
voir une chance dans le "Diane" alors qu’elle n’a battu que des lots
plutôt moyens ? Et pourquoi ses dauphines, qui pouvaient apparaître comme des
"penaltys" après la victoire de Valyra dans le "Diane",
n’ont toujours pas gagné ? C’est simple. Valyra a fait l’impression d’une
pouliche de Groupe, laissant sur place ses rivales. Elle battait des chevaux
qui n’avaient pas son niveau et, quelle que fût la qualité des
"lignes" de Valyra, la question était de savoir où placer le curseur
de son véritable niveau: Gr3, Gr2 ou Gr1 ? Le Prix de Diane a apporté la
réponse, mais ne permet pas de situer le potentiel de ses rivales. Pourtant,
chaque jour, le refrain aux courses, c’est l’étude des lignes. Parce que c’est
la solution de simplicité : il suffit de prendre un mètre, de mesurer les
écarts à l’arrivée et, avec un petit calcul de niveau CE2, en fonction des
poids que X et Y portaient lorsqu’ils se sont rencontrés, on établit une valeur
cheval par cheval. Comme si les chevaux étaient des voitures, avec un compteur
bridé, dont ils ne peuvent pas dépasser la vitesse maximale. Ce système montre
sa faillite dès qu’un cheval remporte un handicap, puis un deuxième, alors que
sa valeur a été rehaussée. Le système des lignes, qui débouche sur les valeurs,
s’il est bien simple et pratique – pour le système des handicaps notamment
-montre rapidement des limites, car trop de paramètres ne sont pas pris en
compte : les ordres d’avant course, le degré de préparation et de forme des
chevaux (et des hommes), l’inspiration des jockeys, la possibilité de revenir
ou non ce jour-là, la qualité du parcours qu’a eu le cheval et si ce dernier a
été conforme à ses aptitudes ou non et aussi, celui-là est le plus important,
la marge de progression des chevaux. Ces paramètres, auxquels on pourrait en
ajouter bien d’autres, ne sont pas pris en compte par la ligne, élément qui est
théorique et froid et se voudrait être une vérité absolue. La ligne fonctionne
dans le cas des très bons chevaux. L’exemple le plus parlant ces dernières années
reste la Poule d’Essai de Zarkava (Zamindar) en 2008. Elle s’impose devant
Goldikova (Anabaa) et Halfway to Heaven (Pivotal). La première a fait la
carrière que l’on sait et la seconde a gagné dans la foulée trois Grs1. Ce
jour-là, on aurait pu refaire la course cinquante fois et cinquante fois on
aurait eu la même arrivée. Les valeurs de ces chevaux étaient bien établies et
le résultat conforme à la vérité du niveau des chevaux. C’était au plus haut
degré de compétition et l’histoire montre que Zarkava était meilleure que
Goldikova qui était meilleure qu’Halfway to Heaven, elle-même d’un niveau
supérieur à modern look (Zamindar), quatrième de la Poule d’Essai qui a ensuite
survolé le Prix de Sandringham (Gr2). Là, il y avait une vraie "ligne".
À l’inverse, des exemples comme celui de Valyra, il y en a beaucoup. Par
exemple, le dimanche 8 avril, Elusive Eria (Elusive City) disputait un
"réclamer" de fin de réunion. Normal: elle n’a jamais gagné en treize
sorties. Mais que penser alors de sa "ligne" en débutant, qui faisait
d’elle une pouliche de Groupe ? En effet, le 8 septembre, à Saint-Cloud, elle
était deuxième, devancée de deux longueurs seulement par Golden Lilac
(Galileo), future pouliche classique. Et que dire de Méandre (Slickly), battu
le 15 mars 2011 par Kadou (High Yield), un cheval que Jean-Claude Rouget a
ensuite emmené à Nantes gagner des courses faciles car il faisait bien le
parcours ? Que dit la "ligne" pour Méandre, qui est devenu quatre
mois plus tard le gagnant du Juddmonte Grand Prix de Paris (Gr1). La
"ligne" dit qu’il ne peut pas être un cheval de Gr1, car la ligne ne
prend pas la marge de progression du cheval et le fait qu’il apprenne de course
en course. Si l’étude des courses était si simple, notre sport serait bien fade.
On parle souvent de glorieuse incertitude du turf. C’est un terme qui colle
bien aux courses, car il prend en compte tout ce que les lignes laissent
volontairement de côté.
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