
Autres informations / 05.06.2012
Le 4e vainqueur du «jockey club» eleve au haras de nonant-le-pin
PAR GUY
THIBAULT, HISTORIEN DES COURSES
Oui,
Saônois est le quatrième élève du Haras de Nonant-le-Pin vainqueur du Prix du
Jockey Club. Ses prédécesseurs furent Belfonds en 1925, Château Bouscaut en
1930 et Duplex en 1934, tous trois élevés par Henri Corbière, le grand-père
d’Olivier Corbière, détenteur actuel du haras. Situé des deux côtés de la route
à la sortie du bourg – qui défraie l’actualité avec un projet de création d’une
déchetterie– en direction d’Argentan au pied du Haras de Montaigu, le Haras de
Nonant-le-Pin est l’oeuvre d’Henri Corbière qui, après avoir étudié
l’agriculture à Grignon, consacra au tout début du XXe siècle une propriété
familiale à l’élevage du pur sang. En 1901, il accueillit l’étalon de Maurice
Caillault, Perth, le champion de sa génération (Poule d’Essai, Jockey Club,
Grand Prix de Paris, Royal Oak, Cadran), et en 1902 il présenta ses premiers
yearlings aux ventes de Deauville. Mais c’est surtout après la Première Guerre
mondiale que le Haras de Nonant-le-Pin se rendit célèbre en devenant le
réservoir le plus qualiteux pour les acheteurs sur le marché de Deauville.
Faisant provision de poulinières à Newmarket, Henri Corbière fit naître à
Nonant-le-Pin en 1922 Belfonds (Jockey Club), en 1923 la pouliche Mackwiller
(Poule d’Essai), en 1925 Rovigo (Prix Ganay), en 1927 Château Bouscaut (Jockey
Club), en 1928 Barneveldt (Grand Prix de Paris, Grand Prix de Saint-Cloud), en
1930 Rodosto (2.000 Guineas, Poule d’Essai), Assuerus (Grand Prix de
Saint-Cloud) et Yakoba (Grand Prix de Vichy). À partir de 1932, à cause de la
crise économique, la famille Corbière se retire du marché de Deauville. Nés à
Nonant, en 1931, Duplex (Jockey Club), en 1933, Gong (Prix de la Forêt) sont
vendus à l’amiable par Henri Corbière, alors que son fils Pierre donne en
location à Pierre Wertheimer la pouliche Mésa qui s’adjuge les 1.000 Guineas en
1935. À la veille de la guerre, en 1936, Henri Corbière vend outre-Manche sa
poulinière Ponteba (fille de Belfonds) pleine de Barneveldt. Le produit né en
Angleterre en 1937, issu de deux élèves de Nonant-le-Pin, portera le nom de
Pont l’Évêque et gagnera en 1940 le Derby anglais disputé à Newmarket. Lors des
combats de la Libération, le domaine de Nonant-le-Pin voit son château détruit
– ne subsiste que sa vieille chapelle – mais le haras se distingue en
produisant cette année-là, 1944, une pouliche, Imprudence, qui, sous les
couleurs de Mme Pierre Corbière, deviendra la championne de sa génération,
remportant à Longchamp la «Poule d’Essai», à Newmarket les 1.000 Guineas et à
Epsom les Oaks. L’année 1955 voit le décès d’Henri Corbière âgé de quatre-vingt-six
ans et le partage du haras entre ses deux fils Pierre et Jean. À Pierre, les
herbages et quelques boxes de la partie droite de la route ; à Jean le haras et
les quelque 100hectares de la partie gauche. Alors que Pierre va vendre son
héritage, Jean va continuer l’élevage avec son fils Olivier, né en 1950, qui
épousera plus tard la fille de Philippe Martin, président de la Société des
courses de Bordeaux. En 1952 est né à Nonant-le-Pin un poulain nommé Burgos,
par Maurepas et Bella II – issue de la famille de Barneveldt. Présenté yearling
à Deauville par Jean Corbière, il est acheté par René Bédel, acquéreur, deux
décennies plus tôt, de Yakoba qui lui avait permis de gagner le Grand Prix de
Vichy. Avec Burgos René Bédel gagnera non seulement le Grand Prix de Vichy mais
aussi sept autres courses dont le Grand Prix de Saint-Cloud (dead-heat). Ainsi
se crée un lien entre le Haras de Nonant-le-Pin et Saint-Cyr-les-Vignes,
propriété de René Bédel où sont entraînés ses chevaux. Ancien jockey de Jacques
Bédel – héritier de son père René – Jean-Pierre Gauvin, quand il s’est installé
entraîneur à Saint-Cyr-les-Vignes, a gardé le contact avec Olivier Corbière,
actuel responsable du Haras de Nonant-le-Pin. C’est ainsi qu’il a pris
yearling, avec une option d’achat, un certain Saônois, né en 2009, fils de
Chichicastenango et de Saônoise (1998), par Homme de Loi et Sa Majesté (1991),
par Garde Royale et Scamandre (1983), par Labus et Scalène (1973), par
Jefferson et Skira (1954), par Relic et Saghala (1946), par Hiéroclès et La
Saga (1932), par Pondoland et La Sagaie (1924) par Sardanapale et La Lance
(1915) par Badajoz et Hallebarde (1909). Cette Hallebarde est célèbre pour être
devenue la mère de la poulinière Canalette (1922) d’où sont issus une pléiade
de grands vainqueurs tels Canot, Nica, Montenica, Djebellica, Bon Mot (Arc de
Triomphe) et Good Luck (Jockey Club 1949) qui portait bien son patronyme quand
il a précédé le favori Ambiorix. Mais «bad luck» pour les éleveurs français qui
ont révélé leur désunion en laissant partir pour le Japon Chichicastenango
(deuxième en 2001 du Jockey Club, puis gagnant du Grand Prix de Paris en temps
record), ayant engendré deux vainqueurs du Prix du Jockey Club, Vision d’État
(2008) ayant précédé Saônois. Ce faisant Chichicastenango rejoint le club très
fermé des étalons ayant produit plusieurs lauréats du Prix du Jockey Club,
après Hernando (1993) père de Holding Court (2000) et de Sulamani (2002) ;
Tourbillon (1931) père de Cillas (1938) et de Coaraze (1945) ; Pharis (1939)
père d’Ardan (1944), de Scratch (1950) et de Philius (1956) ; Ksar (1921) père
de Tourbillon (1931) et de Thor (1933) ; Consul (1869) père de Kilt (1876) et
d’Albion (1881) ; et Monarque (1855) père de Patricien (1867) et de Consul
(1869).
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