
Autres informations / 11.07.2012
Debat sur les primes : quand les pyromanes crient "au feu !
Le
Syndicat des éleveurs de chevaux de sang réagit au débat sur les primes, dans
ce texte que nous reproduisons dans son intégralité. « Il y a quelques mois le
Syndicat des éleveurs a initié une réflexion sur deux thèmes majeurs :
1.
Comment assurer une meilleure rentabilité des chevaux dans leurs premières
années de compétition afin de réduire les pertes des propriétaires.
2.
Quelles mesures pourraient tendre vers une amélioration du parc étalon français
et enrayer ainsi l'exode sans cesse grandissant de nos juments vers l'étranger
(ou comment adapter et faire évoluer une exception devenue coutume).
Le
premier objectif consiste à permettre aux générations de 3 et 4ans de couvrir
leurs frais à 70 % au lieu de 50 % actuellement, sachant que c'est plus
difficile pour les 2ans dont un grand nombre n'a pas la maturité suffisante
pour affronter la compétition. Évidemment cela suppose un déplacement d'une
partie des allocations offertes actuellement aux 6ans et plus vers ces chevaux
de 3 et 4ans, sans modifier profondément l'enveloppe des 5ans. Soulignons aussi
que l'objectif est bien de mieux rentabiliser les chevaux de valeur moyenne se
situant dans la tranche de 30 à 45. Tout le monde y a intérêt : les
propriétaires qui assureront une meilleure couverture de leurs jeunes chevaux
et qui auront ainsi naturellement envie de renouveler leur cheptel avant qu'il
ne devienne vieillissant et trop déficitaire ; les éleveurs qui verront une
demande accrue pour leurs produits et bien sûr les entraîneurs qui recevront
dans leurs boxes de jeunes espoirs mais aussi l’ensemble des acteurs indirects
que sont les agences de ventes, les débourreurs, les pré-entraîneurs, les
courtiers…Bien sûr, il y a des exceptions et certains chevaux sont de grands
tardifs : pour ceux-là, les bonnes épreuves seront toujours ouvertes. Mais
n'oublions pas que les chevaux ne naissent pas à 6ans (!) et qu'auparavant, ils
ont 3 et 4ans, alors autant assurer leur rentabilité au début de leur carrière.
Et c'est logiquement à la quasi-unanimité que le comité du Syndicat des
éleveurs s'est rallié à cet objectif dans sa séance du 21 mars 2012. Les
récentes décisions du conseil d'administration de France Galop vont dans ce
sens en augmentant la prime au propriétaire des 4ans de 48 à 64 % et en
diminuant celle des 5ans et plus de 48 à 43 %. À nos yeux, c'est un premier pas
que nous aurions souhaité plus marqué (notre demande était 70 % pour les 2, 3
et 4ans et 30 % au-delà) et il doit être accompagné d'un programme de courses
révisé qui offre à ces chevaux de valeur 30 à 45 davantage d'occasions de
gains. Le deuxième objectif, restaurer un parc étalon français de haut de
gamme, est beaucoup plus complexe. Les mesures adoptées jusqu'à présent à la demande
du Syndicat des éleveurs n'ont pas été déterminantes : rappelons qu'elles
consistent essentiellement en une aide à l'achat de juments black type à
condition qu'elles soient saillies en France les deux premières années, en une
aide à l'achat de parts d'étalon destinés à faire la saillie en France, et en
une prime à l'éleveur à 21 % pour les produits issus de juments black type
saillies par de jeunes étalons stationnés en France. Ces mesures ont le mérite
d'avoir été essayées et montrent la préoccupation et le dynamisme du Syndicat
sur la question. C'est dans ce contexte que nous avons assisté au cours et
après les élections de France Galop à une montée de contestations contre les
assimilés mettant en cause la trop grande facilité à obtenir cette qualification
et la récompense trop forte de leurs mérites … et de leurs échecs (un
"Galileo" mérite-t-il des primes dans un "réclamer" ?),
etc. Et cette vague contestataire a abouti à des propositions rigides et
franchement protectionnistes telles que réserver les primes aux seuls produits
nés en France de père français ou encore de n'autoriser l'assimilation que d'un
produit sur deux. Le Syndicat des éleveurs a ce que les autres mouvements n'ont
pas : il réunit 2.200 éleveurs de taille et de motivations très diverses : les
éleveurs avec sol, les éleveurs sans sol, les étalonniers, les
éleveurs-vendeurs, les éleveurs non-commerciaux. C'est indéniablement sa force,
c'est aussi la responsabilité de trouver une voie qui donne satisfaction à tout
le monde. Après de multiples réunions de la commission ad hoc et de multiples
consultations, le comité du Syndicat, dans sa séance du mois de mars, a rejeté
les mesures trop protectionnistes et s'est rallié à une très forte majorité
(plus de 80 %) à demander que les primes ne soient données qu'aux produits nés
en France, quel que soit le pays de stationnement du père. Ceci avait deux
avantages : contrôles grandement facilités. Tous les produits de l'élevage
français auraient le sigle "FR", contribuant ainsi à notre promotion
internationale et à améliorer la compétitivité de nos élevages. À l’issue de ce
vote démocratique, certains grands haras ont pris la décision de défendre leur
position directement auprès du président de France Galop. Une intervention
déconnectée de l’action du Syndicat dont l’une des conséquences a été la
décision prise par le conseil d'administration de France Galop d’instaurer une
différenciation entre les chevaux "conçus" (de pères stationnés en
France) et les "non conçus" tout en durcissant, ce qui est une bonne
chose, les conditions d'assimilation. Les décisions prises ne feront en réalité
ni réels bénéficiaires, ni martyrs. Ce qui, en revanche, est totalement
regrettable, c'est la démission de certains grands élevages alors qu'une
véritable force pyramidale est nécessaire pour imposer les vues de l'élevage
réel. Enfin, par leur réaction outrancière, ils alertent indument l'opinion
internationale sur les effets soi-disant désastreux de cette mesure, allumant
ainsi eux-mêmes le feu qu'ils disent redouter ! Finalement, de quelle mesure
parlons-nous ? D’une mesure qui n’impacte en aucun cas les primes propriétaires
en fonction du lieu de naissance ou du pays de conception. D’un différentiel de
1 point pour les primes à l’éleveur en faveur des utilisateurs d’étalons
stationnés sur notre sol et de - 4 points pour les éleveurs qui vont chercher
des courants de sang à l’étranger. D’une mesure qui vise à récompenser les
produits des juments stationnées au moins 7 mois par an sur notre sol (contre 2 mois précédemment). D’un rééquilibrage de la répartition des
encouragements versés sous forme de primes propriétaires à 2, 3 et 4ans, qui, à
terme, permettra à nos propriétaires de réinvestir plus et plus vite dans notre
production. Ça ne vaut pas une révolution, ni même un printemps haras(be) ! »
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