
Autres informations / 18.05.2013
Jean-marie lapoujade, l’émotion en plus
Au
retour aux balances de Farlow des Mottes (Maresca Sorrento) après son succès
dans le Prix Murat (Gr2), un homme pleurait à chaudes larmes. « Quand ma
casaque passe le poteau en tête, c’est une partie de moi-même qui gagne »,
explique Jean-Marie Lapoujade, propriétaire de l’un des favoris du Gras Savoye
Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1). L’esprit de compétition qui anime le couple
Lapoujade colle parfaitement au challenge que va relever Farlow des Mottes dimanche,
l’un des deux 5ans au départ dela plus grande course d’obstacle française.
Responsable d’une entreprise spécialisée en charpente et couverture installée à
Lacour, dans le Tarn-et-Garonne, Jean-Marie Lapoujade est devenu propriétaire
un peu par hasard. « L’un de mes amis, qui nous livrait régulièrement du fuel,
m’a parlé un jour de son fils, premier garçon au haras d’Ayguemorte. Il m’a
proposé d’acheter la moitié d’un cheval avec lui. Il se trouve que c’était mon
anniversaire ! Avec Martine, ma femme, nous avions quelques chevaux de selle
pour faire des rallyes. Elle m’a conseillé de me faire plaisir et d’accepter la
proposition de notre ami. C’est ainsi que je suis devenu propriétaire de
chevaux de course. Au bout de quelques années, j’ai demandé et obtenu mes
couleurs.»
AU
DEPART, LES ANGLO-ARABES, PUIS UNE CERTAINE SOURISSETTE…
Les
premiers bons chevaux de Jean-Marie Lapoujade sont des anglo-arabes – une race
qui tient une place importante dans cette région de la France – et qu’il confie
à Thierry de Laurière, « le "Fabre des anglos" », comme il le
qualifie. « S’il n’y avait pas eu les "anglos", avec qui j’ai connu
rapidement une belle réussite, je ne pense pas que j’aurais investi dans les
pur-sang, et il n’y aurait peut-être pas eu "Farlow"… » Avant Farlow
des Mottes, il y a d’abord la rencontre entre deux hommes. « J’avais une jument
qui n’était pas très bonne en plat. Un ami, celui-là même qui m’avait proposé
un bout de cheval quelques années auparavant, m’a dit qu’avec son cadre, la
jument pourrait être orientée sur les obstacles. Et il m’a donné le numéro de
François Nicolle. Je suis allé le rencontrer chez lui, nous nous sommes vite
très bien entendus, et il a soutenu cette pouliche à bout de bras… Elle
s’appelait Sourissette… »
FARLOW
DES MOTTES, UNE PLAISANTERIE ?
L’histoire
de Farlow des Mottes, elle, ne débute pas sous les meilleurs auspices. «
François m’a appelé un jour pour me dire qu’il revenait de l’élevage des Mottes
et qu’un poulain lui plaisait. Comme les résultats étaient bons depuis
plusieurs années, j’avais un peu de budget pour en acheter un. Je lui ai donné
mon feu vert, car de toute façon je ne lui ai jamais rien refusé ! » Après
quelques semaines d’entraînement, le poulain en question se révèle quasiment
infirme. « François m’a appelé pour me dire que le cheval était inapte à la
compétition et qu’il allait le renvoyer à son éleveur. J’ai réfléchi et cinq
minutes plus tard, je l’ai rappelé pour lui dire que j’étais prêt à prendre un
autre poulain de l’élevage, même en remettant un peu d’argent… » C’est ainsi
qu’à tout juste 2ans, Farlow des Mottes débarque à Saint-Augustin, le petit
village à une dizaine de kilomètres de Royan où François Nicolle est installé.
« Je vais voir François une ou deux fois par an… Un jour où je lui rendais
visite, je lui ai demandé des nouvelles du poulain. Nous sommes allés le voir
au pré. Nous étions sur une petite butte, et lui, en contrebas. Nous nous
sommes regardé avec ma femme et nous lui avons demandé si c’était une
plaisanterie…On aurait dit un âne, avec la tête d’un 4ans et le corps d’un
2ans… À présent qu’il a accompli la carrière que l’on sait, nous le regardons
différemment ! »
« SI
NOUS N’ESSAYONS PAS, NOUS NE POUVONS PAS SAVOIR…»
Le
vilain petit canard se révèle plutôt doué dès le début de sa carrière. Il
dévoile sa qualité à Pau, lors du meeting 2011/2012, et confirme à Auteuil dans
la foulée. Mais pour son propriétaire, son vrai coup d’éclat intervient plus
tard, lors du Prix Orcada (Gr3), en octobre dernier. « Ce jour-là, il a vraiment fait quelque chose
d’exceptionnel. Fago avait pris beaucoup d’avance et jamais nous n'aurions
pensé, ni nous ni les grands professionnels d’ailleurs, que "Farlow"
pouvait gagner. Et pourtant, il s’est imposé, en étant encore capable
d’accélérer à la fin, alors que le terrain était défoncé. Nous avons regardé
cela de notre canapé, mais je peux vous dire que nous avons revu la course
quatre fois par jour pendant une semaine, et à chaque reprise avec la même
admiration. Nous avons croqué cela à pleines dents ! » Cette année, le cheval
s’est imposé avec la manière dans le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr3). «
À ce moment, nous parlions du "Grand Steeple" mais sans oser y croire
vraiment… Ce n’est qu’après le Prix Murat que le rêve est devenu réalité. »
Farlow des Mottes fait partie des benjamins de la course, puisqu’il n’a a que
5ans. Pourtant, la décision n’a pas été compliquée à prendre. « Comme le dit
François, si nous n’essayons pas, nous ne pouvons pas savoir… Et je sais aussi
qu’un cheval peut se blesser, se tuer aussi, bêtement, alors nous tentons notre
chance quand le cheval est en pleine forme. »
FRANÇOIS
NICOLLE : « DES GENS ADORABLES QUI MERITENT UNE TELLE REUSSITE »
La
relation entre les époux Lapoujade et François Nicolle vont au-delà du lien qui
unit un propriétaire et son entraîneur. François Nicolle l’explique : « Les
Lapoujade sont des gens adorables et de très bons propriétaires. Ils me
laissent travailler, gérer leurs chevaux et sont toujours d’accord avec mes
décisions ! Je les ai connus grâce à la fameuse Sourissette après qui je
courais parce qu’elle ne voulait pas prendre le départ… Jean-Marie est
quelqu’un d’extrêmement sensible, et même pour un "réclamer" en
province, son coeur "prend dur" ! Martine, elle, connaît bien les
chevaux, elle sait faire le "papier" et son oeil est très avisé. Bien
sûr, beaucoup de propriétaires méritent
une telle réussite, mais eux encore plus que d’autres ! » Samedi, veille du
"Grand Steeple", le propriétaire et l’entraîneur se retrouveront du
côté d’Orléans, avant de faire la route qui les mènera à Auteuil. Unis avant la course, il est certain qu’ils
le seront encore après, quel que soit le résultat. « L’essentiel, c’est que le
cheval et son jockey rentrent entiers », conclut Jean-Marie Lapoujade.
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