Ioritz mendizabal : « le soutien de ma famille fait ma force »

Autres informations / 17.07.2014

Ioritz mendizabal : « le soutien de ma famille fait ma force »

Après les propriétaires, Jour de Galop vous propose une série sur les jockeys. C’est avec Ioritz Mendizabal que nous commençons cette série d’interviews.

Né au pays basque espagnol, Ioritz Mendizabal a quitté sa famille et son pays à quatorze ans pour entrer à l'Afasec de Mont-de-Marsan, sans parler un seul mot de français. Et vingt-six ans plus tard, à quarante ans, il fait partie des meilleurs pilotes officiant en France. Il nous raconte sa passion pour son métier.

Jour de Galop. – VOUS ENTREZ A L'AFASEC A QUATORZE ANS, SANS COMPRENDRE NI PARLER LE FRANÇAIS. L'AVEZ- VOUS RESSENTI COMME UN FREIN A VOTRE APPRENTISSAGE ?

ioritz mendizabal. – Non, je ne dirais pas cela. Je n'ai pas réellement été freiné. Enfant, on s'adapte plus facilement, je pense, aux différentes situations et la passion l'a emporté littéralement sur tout le reste. J'étais jeune, loin de ma famille. Il n’y avait pas de portable à cette époque-là, et je ne parlais pas un mot de français. Pourtant j'étais bien, sûr d'être à la place à laquelle je voulais être.

VOUS DITES SOUVENT QU'EN INTEGRANT L'ECURIE DE MICHEL LABORDE POUR VOTRE APPRENTISSAGE, VOUS ETES BIEN TOMBE. QUE RETENEZ-VOUS DE LUI, DE SA FORMATION ?

Il nous faisait beaucoup confiance. Quand je rentrais à l'école le soir et que j'entendais les autres parler de leur journée, je me rendais bien compte qu'ils étaient parfois un peu surprotégés. Ce n'était pas notre cas chez Michel Laborde. Nous étions parfois livrés à nous-même, nous travaillions très dur et c'est comme cela que nous avons appris énormément de choses. Ce qui m'a beaucoup aidé aussi, c'était d'avoir tout le soutien de mes parents et de mes sœurs. C'est vraiment primordial pour moi, c'est ce qui fait ma force.

EN 1991, VOUS INTEGREZ L'ECURIE DE JEAN-CLAUDE ROUGET, VOUS NE VOUS ETES PLUS QUITTES DEPUIS, OU PRESQUE (IORITZ MENDIZABAL A DU FAIRE SON SERVICE MILITAIRE)... QUEL EST LE SECRET D'UNE RELATION QUI DURE ? Dès le début, c'était très clair pour moi : je voulais entrer chez lui et y rester car c'était la personne adéquate. Je n'ai jamais changé d'idée, j'ai suivi ma ligne directrice et je suis très heureux aujourd'hui d'avoir fait ce choix.

A QUOI ATTACHEZ-VOUS LE PLUS D'IMPORTANCE DANS L'EXERCICE DE VOTRE METIER ?

La régularité. Le plus dur n'est pas d'arriver en haut, mais bien d'y rester.

UNE COURSE QUE VOUS AIMERIEZ REMPORTER ?

l'“Arc”, évidemment, sans hésiter ! C'est le championnat du monde des pur-sang. Tous les jockeys rêvent de la remporter.

AUJOURD'HUI ET AUX YEUX DE LA LOI, LES JOCKEYS NE SONT PAS CONSIDERES COMME DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU. EST-CE QUE CELA VOUS GENE ?

Il est vrai qu'au Japon par exemple, on se rend compte que les jockeys sont réellement considérés comme des sportifs de haut niveau et la différence avec la France m'interpelle parfois. Je trouve en effet cela un peu injuste de ne pas avoir le statut de sportif de haut niveau.

Ce n'est pas que je coure après la notoriété. C'est simplement que, comme tout sportif de haut niveau, nous devons faire certains sacrifices, surtout au niveau de notre vie de famille. Et rien que pour cela, obtenir ce statut serait une forme de reconnaissance.

ETRE JOCKEY IMPLIQUE DE GAGNER PARFOIS D'IMPORTANTES SOMMES D'ARGENT. EST-CE UN SUJET TABOU ENTRE JOCKEYS ?

Il nous arrive parfois de parler d'argent, ce n'est pas un sujet tabou. J'ai la chance d'avoir eu mes parents derrière moi qui m'ont bien épaulé pour gérer au mieux cette phase où, en effet, on peut gagner des sommes importantes du jour au lendemain. Mais grâce à ma famille, je n'ai jamais eu aucun souci avec cela.

COMMENT TROUVE-T-ON SA PLACE AUX VESTIAIRES ?

Par les résultats, uniquement. Le reste n'est que littérature.

ET DANS LE PELOTON, EXISTE-T-IL UNE HIERARCHIE ?

Non, c'est le cheval qu'on monte qui détermine "notre place" dans un peloton et si nous sommes à l'aise ou pas.

SI VOUS DEVIEZ PARTIR MONTER A L'ANNEE DANS UN PAYS ETRANGER, LEQUEL CHOISIRIEZ-VOUS ?

Le Japon peut-être. Ils ont des bons chevaux et il y a beaucoup de monde sur les hippodromes.

J'aime beaucoup l'ambiance en Angleterre aussi évidemment. C'est fantastique. En tant que jockey, ressentir la ferveur d'un public sur un hippodrome, c'est aussi ce qui nous porte, ce qui nous procure notre adrénaline. En France, c'est un peu notre défaut.

EST-CE CELA QUE VOUS AIMERIEZ CHANGER DANS LES COURSES FRANÇAISES ?

Oui, c'est une chose sur laquelle il faudrait continuer de travailler. Mais de manière générale, je constate que le système des courses françaises est envié, chez nos voisins européens notamment. Des Espagnols, des Allemands, des Italiens viennent régulièrement courir chez nous parce que nous avons tout de même un système bien huilé avec de belles allocations de courses.

QUE PEUT-ON VOUS SOUHAITER ?

Ça va. Tout va bien... Ah si : un "Arc", un jour !

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