
Autres informations / 16.01.2015
Grippe à pau : situation stabilisée, mais vigilance indispensable
GRIPPE À PAU
SITUATION STABILISÉE, MAIS VIGILANCE INDISPENSABLE
France Galop a récemment alerté les professionnels sur deux foyers de grippe équine s'étant déclarés à Pompadour et à Pau. Le Docteur Paul-Marie Gadot, responsable du Département Llivret et contrôles de France Galop, a fait le point sur la situation à Pau, la plus inquiétante étant donné que près de mille galopeurs sont en ce moment rassemblés sur ce site d'une dizaine d'hectares.
Le point sur la situation à Pau
" L'épidémie sur le centre d'entraînement de Pau a débuté fin décembre, avec l'apparition d'un ou deux cas de grippe, confirme le Docteur Gadot. Dans ce genre de situation, la première chose à faire est de s'assurer que nous avons bien affaire au virus de la grippe. Des prélèvements sont donc réalisés sur les chevaux malades, et pour que le prix du prélèvement ne soit pas un frein, France Galop prend en charge le coût des premiers prélèvements destinés à déterminer s'il s'agit bien de la grippe. Ensuite, il faut savoir si le vaccin est efficace sur le virus concerné. Aujourd'hui, cela semble être le cas, car la situation est stabilisée. Je suis en contact tous les jours avec les vétérinaires exerçant à Pau et les responsables du centre, et ils ont le sentiment que la situation s'améliore. La maladie a touché des zones bien précises sur le centre. Sur les zones concernées par la grippe, nous estimons qu'actuellement, il y a environ 10 % des chevaux touchés. Au total, on peut estimer que 5 % des chevaux stationnés sur le centre sont touchés. "
Les symptômes
La grippe se manifeste par des pics de température très élevés, qui peuvent aller jusqu'à 39,5-41 °C. Le cheval se met ensuite à tousser. Il ne faut pas confondre la grippe avec les rhinoviroses, l'équivalent des simples rhumes chez les humains, où le cheval ne développe pas de forte fièvre. Le temps doux qui caractérise le début de cet hiver est propice au développement des maladies comme la grippe. Pour le Docteur Gadot, l'épidémie qui touche Pau est en effet plutôt une situation "habituelle" : " Il n'est pas rare que les sites de rassemblement de chevaux soient touchés par la grippe ou la rhinopneumonie, qui a frappé à Pau en novembre. En France, comme en Grande-Bretagne, des cas se déclarent régulièrement. Mais grâce à notre réseau d'épidémio-surveillance, le Respe, nous avons les moyens de réagir de façon efficace et très rapide. " ?
QU'EST-CE QUE LE RESPE ?
Le Respe (réseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine) est actif depuis 1999. En 2008, France Galop et Le Trot ont rejoint cette structure à la base purement vétérinaire, et font partie de son conseil d'administration. Le Respe a un quadruple objectif :
Assurer une veille sanitaire des maladies équines, en particulier celles présentant une contagiosité importante, occasionnant des pertes économiques majeures ou présentant un risque en santé publique.
Développer un réseau de compétences vétérinaires permettant une collecte rapide d'informations épidémiologiques et leur diffusion à l'ensemble de la filière.
Alerter les autorités sanitaires, les socioprofessionnels, et les pouvoirs publics le cas échéant.
Gérer les crises sanitaires hors maladies réglementées grâce à un réseau d'alerte et la constitution d'une cellule de crise.
Le fonctionnement du réseau sur le terrain est assuré par plus de 500 vétérinaires sentinelles qui sont des vétérinaires praticiens et volontaires répartis sur plus de 92 départements. Leur rôle principal au quotidien est de remonter vers le Respe les suspicions de maladies, suivies par l'un des sous-réseaux, rencontrées sur le terrain. Lors de suspicion, le vétérinaire sentinelle effectue les prélèvements requis, définis dans un protocole clairement établi et diffusé pour chacun des sous-réseaux. Ceux-ci sont ensuite adressés à un laboratoire partenaire avec une fiche standardisée imprimable à la fin de la déclaration en ligne, réalisée par le vétérinaire sentinelle via le site internet du Respe. Les résultats des analyses parviennent ensuite au Respe ainsi qu'aux vétérinaires sentinelles ; en cas de positif, le Respe est prévenu dans les meilleurs délais par téléphone ou par mail. Le réseau diffuse alors une alerte "anonymée" à l'ensemble de ses contacts pour informer, appeler à la vigilance et éventuellement proposer certaines mesures sanitaires. Lors d'épizooties, le Respe assure alors un suivi renforcé du ou des foyers, informe régulièrement la filière, peut mener des enquêtes sur le terrain et déclenche dans les cas extrêmes, une cellule de crise qui coordonne l'ensemble des mesures. Le Respe est également une plateforme relayant les informations sur les maladies réglementées et est, à ce titre, le relais officiel de la D.G.A.L. et des D.D.P.P./D.D.C.S.P.P.
La gestion de crise
Dès les premiers cas signalés, France Galop met en place une cellule de gestion de crise, avec des procédés bien déterminés. Le Docteur Gadot ajoute : " Au départ, nous ne pouvons pas savoir si l'épizootie va être sévère ou pas. Mais nous faisons comme si nous nous trouvions dans une situation critique, étant donné la contagiosité de la grippe. Nous avons donc immédiatement alerté les professionnels, en leur rappelant les précautions à prendre. Ensuite, selon la propagation de la maladie, nous nous adaptons. "
Les mesures de précaution
Même si la situation est actuellement stabilisée, il est primordial que les professionnels suivent les recommandations des vétérinaires pour ne pas que l'épidémie gagne du terrain. Ces recommandations sont les suivantes :
isoler les chevaux présentant des signes respiratoires
isoler en quarantaine tout nouvel arrivant
faire procéder à des prélèvements pour recherche du virus par écouvillon naso-pharyngé sur les chevaux présentant des symptômes
prendre la température des chevaux et ne transporter que les animaux en bonne santé après avoir vérifié que leur température est normale
effectuer un rappel de vaccin si la dernière injection date de plus de six mois.
faire preuve d'une grande prudence vis-à-vis des déplacements des chevaux et des personnes s'en occupant.
Sur ce dernier point, le Docteur Gadot explique : " La contagion de la grippe équine peut se faire par le personnel des écuries. Il faut donc particulièrement faire attention de ce côté-là. J'avais même dit, moitié sur le ton de plaisanterie, moitié sérieusement, qu'il faudrait fermer la cafeteria du centre ! "
La vaccination : une arme obligatoire et indispensable, mais pas infaillible
Les chevaux de course sont contraints à un protocole de vaccination très strict, notamment en ce qui concerne la grippe. Si ce protocole n'est pas respecté (vaccins non effectués, rappels trop espacés), des sanctions allant de l'amende à l'interdiction de courir sont prises respectivement à l'encontre des entraîneurs fautifs et des chevaux. Le protocole rend obligatoire un rappel annuel après les trois premières injections, mais un rappel tous les six mois est recommandé. En effet, comme l'explique le Docteur Gadot :
" Les rappels doivent être faits tous les ans. Mais en pratique, on sait que si le dernier rappel a eu lieu il y huit ou neuf mois, le cheval est moins bien protégé. Certains vétérinaires recommandent donc de vacciner les chevaux tous les six mois, voire d'effectuer un rappel un mois avant un meeting, qui représente une forte concentration de chevaux, donc un risque accru. Dans le
cadre d'une épizootie comme celle de Pau, nous demandons que les chevaux en bonne santé qui n'ont pas reçu de rappel dans les six mois qui précèdent soient revaccinés. "
Si les vaccins contre la rage ou le tétanos ont une efficacité proche de 100 %, ce n'est pas le cas de celui de la grippe, sachant que, comme chez l'homme, le virus peut muter. Néanmoins, depuis quelques années, les souches contenues dans certains vaccins sont mises à jour en fonction des souches rencontrées sur le terrain, ce qui améliore l'efficacité du vaccin.
La multiplication des courses et des transports des chevaux, facteurs de risques
La grippe s'est déclarée sur le centre de Pau, en plein meeting. Mais les chevaux de course sont pour certains partis à Cagnes, ou bien retournés dans leurs écuries d'origine. S'ils sont porteurs sains (c'est-à-dire non malades, mais pouvant transmettre le virus), ils peuvent donc contaminer d'autres centres. C'est pour cette raison que France Galop demande aux professionnels la plus grande prudence. " J'ai bien entendu averti les directeurs des autres centres d'entraînement, explique le Docteur Gadot. Il faut rester vigilant, car les effets rebond de la maladie sont assez délétères. De manière générale, l'idéal serait d'isoler tout cheval venant de l'extérieur pendant une petite semaine. Malheureusement, tous les établissements ne le permettent pas. "
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