Ils ont élevé un participant au kentucky derby 2015 : jean-pierre garçon : " tant qu'on investit, on reste jeune

Autres informations / 30.04.2015

Ils ont élevé un participant au kentucky derby 2015 : jean-pierre garçon : " tant qu'on investit, on reste jeune

ILS ONT ÉLEVÉ UN PARTICIPANT AU KENTUCKY DERBY 2015

JEAN-PIERRE GARÇON : " TANT QU'ON INVESTIT, ON RESTE JEUNE "

L'événement est considérable. La participation de Mubtaahij (Dubawi) au Kentucky Derby (Gr1), avec Christophe Soumillon en selle, fera souffler un vent français samedi sur l'hippodrome de Churchill Downs.

C'est au haras de l'Hôtellerie qu'une des plus belles pages de la saison de plat trouve son inspiration et son geste créateur. La toute jeune structure créée par la famille Garçon, avec en première ligne le père, Jean-Pierre, et le fils, Guillaume, est en effet littéralement propulsée sur le devant de la scène depuis la victoire de Mubtaahij (Dubawi) dans l'UAE Derby (Gr2), le 28 mars dernier, sur le dirt de Meydan. Ce samedi, le même Mubtaahij va devenir le premier participant élevé en France, depuis des lustres, à participer au grand Derby américain, la fameuse course aux roses. De statut irlandais, le poulain est assimilé "FR" et a grandi en Normandie, à Les Champeaux, dans l'Orne, entre Vimoutiers et Trun. À quelques jours de l'événement, Jean-Pierre

Garçon nous a expliqué son parcours.

JDG. Avant de parler de vous, pouvons-nous nous attarder sur Mubtaahij ? Qui sont ses éleveurs ? Pour le compte de qui avez-vous travaillé ?

Jean-Pierre Garçon. Il s'agit de propriétaires français qui ont créé la société irlandaise Dunmore Stud Ltd. Ils vivent en Belgique et ont été clients du haras de la Reboursière et de Montaigu. C'est là que je les avais rencontrés puisque j'ai été stud-groom à la "Reboursière" pendant presque trente ans. Dunmore Stud avait déjà connu de beaux succès grâce à Calbuco (Ken-

dor) et Lily of The Valley (Galileo), deux produits de leur même poulinière, Pennegale (Pennekamp). Aujourd'hui j'ai trois poulinières de Dunmore Stud à l'année.

Comment était Mubtaahij dans sa jeunesse ?

C'était un joli poulain qui avait de la prestance. Il était relativement grand pour son âge sachant qu'il est né tard, le 28 avril, et qu'il est quand même passé en août à Deauville. Il faisait partie de notre première promotion puisque nous nous sommes installés au début de l'année 2012.

Parlons donc de vous. Qu'est-ce-qui vous a incité à vous lancer à votre compte à votre âge ? À quel âge si cela n'est pas indiscret ?

J'avais 52 ans en 2012 quand nous avons fait le grand saut, ma femme, mon fils et moi. En fait, c'est surtout la passion de mon fils qui nous a poussés. Il a toujours évolué dans le milieu puisque j'ai été vingt-six ans à la Reboursière et Montaigu, comme stud-groom. ?

Mon fils Guillaume s'est passionné pour les courses et en particulier l'élevage et la préparation des yearlings. Il a beaucoup voyagé pour se forger une expérience dans ces domaines et a travaillé notamment en Irlande, en Australie et aux États-Unis. En 2011, il a voulu revenir s'installer en France. C'est alors que nous avons décidé d'investir dans une ferme qui accueillait une exploitation laitière.

Ce choix d'un établissement vierge de chevaux était un choix délibéré ou une contrainte économique ?

C'est une décision parfaitement assumée. Nous voulions des terres neuves. Le domaine faisait 90 hectares et il a fallu tout aménager rapidement. On a tout fait en quelques mois. La bonne nouvelle est que nous allons disposer très bientôt de 70 hectares supplémentaires. En termes de structures, nous disposons de 55 boxes et de trois boxes de poulinage avec video-surveillance.

Comment se compose votre clientèle ?

La grande majorité de nos clients est étrangère. Nous avons des Norvégiens, des Allemands, des Suisses, des Irlandais, des Anglais, des Danois, des Espagnols. Mon fils Guillaume joue un rôle important avec eux car il est parfaitement bilingue.

Combien gérez-vous de juments aujourd'hui ?

Nous avons presque cinquante poulinières à l'année. Une dizaine nous appartient et 35 nous sont confiées par nos clients. Cela fait longtemps que nous élevons ma femme et moi. À la base, nous sommes éleveurs de chevaux d'obstacle. ?

Nous avons élevé Samansonnienne (Mansonnien) qui s'est imposée deux fois à Enghien sous l'entraînement de Guillaume Macaire. Nous sommes également éleveurs de Saintejoie (Poliglote) qui vient de gagner à Enghien.

Que pensez-vous du parc d'étalons français ?

Je trouve qu'il s'améliore. Avec des étalons comme Siyouni, Makfi, Kendargent ou Le Havre, l'offre est intéressante. Mes clients n'ont pas de juments suffisamment dans le top du marché pour aller aux meilleurs étalons étrangers. Nous envoyons entre dix et quinze juments à l'étranger, mais plutôt dans le marché intermédiaire.

Quelle est votre approche de l'élevage ? Plutôt pedigree ou modèle ?

Je privilégie assez clairement le pedigree. Mais je crois aussi à l'instinct. Il faut avoir du "nez" en élevage. Nous ne sommes pas dans des sciences exactes comme les mathématiques. Et je fais également une différence entre l'élevage pour le plat et celui pour l'obstacle. Dans le premier, il faut prendre en compte le marché. On est obligé d'y faire attention. Ce n'est pas le cas en obstacle où il y une plus grande liberté.

Comment vivez-vous l'aventure "Mubtaahij" ?

C'est un rêve, surtout pour nous qui ne sommes pas encore très connus. Évidemment, nous ne pourrons pas être présents dans le Kentucky samedi car, en cette saison, nous n'avons pas de disponibilité. J'espère que la course sera retransmise en direct sur Equidia... En tout cas, ce sera un Kentucky Derby riche en "premières". Une première pour Christophe Soumillon évidemment. Ce sera aussi le premier partant de Mike de Kock dans la course, sachant que Mubtaahij est son premier gagnant de l'UAE Derby né dans l'hémisphère nord.

Comment s'annonce cette saison pour vous, dans le registre des ventes publiques ?

Nous devrions présenter une quinzaine de yearlings en août à Deauville. Ensuite, nous serons présents à la vente de yearlings d'Osarus, à celle de Baden-Baden (pour la première fois) et à celle d'octobre d'Arqana. L'activité de préparation aux ventes est évidemment importante dans notre modèle d'activité. Nous préparons la plupart des yearlings de nos clients d'élevage à l'année, qui sont en grande majorité vendeurs, et des éléments qu'on nous envoie spécifiquement pour les présenter en vente.

 

PENNEGALE EST PLEINE DE SIYOUNI

Mère de Mubtaahij, Pennegale s'était déjà fait connaître au haras grâce à Calbuco (Kendor) et Lily of the Valley K (Galileo). La seconde compte sept succès dont le Prix de l'Opéra (Gr1) et les Prix de la Nonette (Gr3) et Chloé (Gr3). Elle était entraînée par Jean-Claude Rouget. Quant à Calbuco, c'est un sprinter inoxydable qui s'est imposé cette année pour sa dixième saison de compétition ! Ses titres de gloire sont ses succès dans les Prix Cor de Chasse et Servanne (Ls).

Après Mubtaahij, elle a donné un mâle d'Acclamation (Royal Applause). Âgé de 2ans, il est à l'entraînement chez Henri-Alex Pantall.

Non saillie en 2013, elle est revenue vide d'Intello K (Galileo) l'an dernier. Cette année, elle a été confirmée pleine de Siyouni K (Pivotal).

 

LES DERNIÈRES TRACES FRANÇAISES ET EUROPÉENNES DANS LE KENTUCKY DERBY

La dernière et seule citation française sur la plus haute marche du Kentucky Derby est celle de Jean Cruguet, en 1977. Le Français, qui a effectué la plus grande partie de sa carrière outre-Atlantique, a signé ce fait d'armes associé au crack Seattle Slew (Bold Reasonning) avant de rendre une copie de nouveau parfaite dans les Preakness Stakes et Belmont Stakes (Grs1). Le couple est devenu le dixième détenteur de la Triple couronne US, seul Affirmed (Exclusive Native) ayant réussi à compléter cette liste ensuite.

 

Une rareté pour la France

Depuis 1992, la présence hexagonale dans le Kentucky Derby se résume à quatre noms : Arazi, Biancone, Blanc et Leparoux. En 1992, le champion des 2ans Arazi (Blushing Groom), entraîné par François Boutin, se lance dans le pari fou du Kentucky. Son succès d'anthologie l'année précédente dans la Breeders' Cup Juvenile (Gr1) en fait un prétendant sérieux. La presse américaine déplace en nombre des observateurs à Saint-Cloud, lors de la rentrée victorieuse du phénomène dans le Prix Omnium II (L). À Louisville, Arazi trouvera la distance des 2.000m trop longue pour lui et conclura huitième. Dans les années 2000, Patrick Biancone, alors résident américain, selle un partants dans la course aux roses en 2003, 2004 et 2005. Il passe près du rêve avec Lion Heart (Tale of the Cat), deuxième de Smarty Jones (Elusive Quality) en 2004. Jockey français expatrié aux USA en 1993, Brice Blanc participe à deux éditions, en 2000 et 2005. Enfin, encore plus près de nous, Julien Leparoux, qui a également mené toute sa carrière outre-Atlantique, a pris part aux éditions 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011.

Les Anglais et Irlandais également discrets

Face à nos voisins de l'autre côté de la Manche, aucun complexe français ne doit être développé. Depuis 1992, seuls trois pur-sang élevés en Irlande apparaissent en effet sur les programmes du Kentucky Derby (The Deputy 2000, Hanuman Highway 1998, Hello 1997). Quant aux entraîneurs, seuls Aidan O'Brien (en 2013 avec Helene Super

Star 7e) et Sir Henry Cecil (en 1995 avec Eltish 6e) peuvent être cités. 

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