
Autres informations / 14.10.2015
Bertrand bélinguier : un discours en testament
BERTRAND
BÉLINGUIER : UN DISCOURS EN TESTAMENT
Voici le texte complet de
l’intervention de Bertrand Bélinguier au Comité de France Galop du 13 octobre
2015.
« La mandature va s’achever dans deux mois, mais
puisque c’est aujourd’hui la dernière réunion du Comité, je voudrais en
quelques mots vous dire ce qui me semble avoir été important dans le cadre de
cette mandature, vous donner aussi ma vision de l’Institution des courses et de
France Galop. Je terminerai par des remarques qui seront plus personnelles.
Plusieurs réformes
capitales pour l’avenir
Lorsque notre mandat a commencé pour nous tous, à la toute fin de
l’année 2011, nous savions que c’était une période qui allait être difficile.
On voyait bien que la vie économique n’allait pas aider l’activité des courses,
on voyait bien que la concurrence découlant de la loi votée en 2010 allait
fortement bouleverser un certain nombre d’équilibres. Et puis, il y avait aussi
le fait que l’Institution des courses avait à traiter des problèmes qui
n’avaient pas été traités depuis vingt, trente, quarante ans. Ces problèmes-là,
il était indispensable de pouvoir les régler. C’est ce que nous avons fait avec
Le Trot. D’abord avec les retraites de l’Institution, problème posé depuis
quarante ans que nous avons réglé et qui dégage désormais l’horizon, à la fois
au plan financier et au plan des risques juridiques, c’était un problème
considérable.
Le deuxième dossier, c’est le P.M.H. Je connais bien le dossier du P.M.H.
parce que vous vous souviendrez qu’en 2001, après plusieurs réunions annulées,
celle du Grand Prix de Paris n’a pas pu avoir lieu. Jean-Luc Lagardère m’a
alors demandé de voir comment on pouvait régler le problème, j’étais à l’époque
président du PMU. Nous avonsétabli un projet, qui à vrai dire n’était pas très
différent de celui qui a abouti mais pour des raisons indépendantes de notre
volonté, ce projet n’a pas pu aboutir. Désormais, il a abouti.
Un jour peut-être, je raconterai dans quelles circonstances j’ai été
amené à prendre la décision de courir la réunion du Grand Steeple-Chase de
Paris. Un jour peut-être, je raconterai ce qu’avec le directeur général, nous
avons vécu pour que la réunion du Prix de Diane, voire celle du tout récent
Prix de l’Arc de Triomphe puisse avoir lieu dans de bonnes conditions. La volonté
de négociation de tous, y compris des représentants des salariés, nous a permis
d’aboutir, sur ce dossier comme sur celui des retraites de l’Institution.
Troisième dossier, la taxe affectée, qui n’était pas réglée, contestée
dans son principe par la Commission de Bruxelles alors même qu’elle avait été
votée par le Parlement. Et puis, il y avait quatrièmement l’augmentation de la
T.V.A. qui découlait d’une décision de la justice européenne et qui était une
menace directe.
C’est dans ce contexte que nous avons établi une vision stratégique
claire. Il fallait à la fois mettre en œuvre, sans délai, avec détermination,
un programme d’économie et un programme de développement.
Le programme d’économies nous a conduits à présenter à nos ministres de
tutelle une économie de quelques 50 M€ par an sur le fonctionnement de
l’ensemble de l’Institution. C’est ce que nous avons fait en assainissant les
grands dossiers de l’Institution et en décidant ces mesures d’économies.
Mais il fallait aussi avoir un volet développement parce que cela ne
suffit pas d’avoir uniquement des économies. Il faut avoir une stratégie de
développement. C’est en ce sens que nous avons décidé d’investir 140 M€
dans le réseau de points de vente du PMU, c’est-à-dire, au passage, plus que pour
rénover l’hippodrome de Longchamp.
Et puis, nous avons eu cette démarche, totalement nouvelle, de lancer le
marketing commun des courses, où pour la première fois, Galop, Trot, PMU,
Fédération, tout le monde travaille ensemble pour retrouver l’attractivité des
courses, pour que les générations qui vont venir aient envie d’aller aux
courses.
Il fallait aussi, c’était une orientation stratégique que nous voulions
mener, développer l’activité internationale, notamment par le PMU. C’est ce que
nous avons fait, puisqu’en trois ans, les ressources en provenance de
l’international ont doublé par rapport à ce qu’elles représentaient. C’est ce
qui a été fait en prenant le contrôle d’une entreprise de paris en Allemagne,
le German Tote, et ce qui a été fait aussi en passant un accord de coopération
avec le Brésil.
Voilà pour l’Institution.
Qu’en a-t-il été au niveau de France Galop ?
Je voudrais souligner d’abord l’importance de la démarche sans précédent
qui a été conduite par le directeur général. La démarche Galop 2020 a réuni
quinze associations et syndicats qui ont travaillé sur les sujets de l’ensemble
de l’Institution. Après que tous les dossiers ont été mis sur la table, tous
les éléments étaient mis à disposition sur internet. Chacun peut les retrouver.
Le travail a été fait à la fois sur le programme, le calendrier, sur les
courses, sur l’action de propriétariat. Il n’y a pas eu de solution miracle
pour régler tous les problèmes, mais du moins y a-t-il eu une très forte
participation qui a donné des résultats positifs.
À France Galop, nous avons conduit, en direction des propriétaires, une
action extrêmement importante. J’étais convaincu que compte tenu de ce que
représente le coût d’un cheval à l’entraînement, il était fondamental de
pouvoir développer le concept de propriété partagée. Nous avons donc doublé le
nombre des associés autorisés, nous avons créé des sociétés en participation.
Il y a eu depuis trois ans 295 sociétés agréées comme propriétaires. Et les
élections à venir me permettent de constater qu’il y a un peu plus de
propriétaires électeurs qu’il y en avait il y a quatre ans. C’est donc un
élément encourageant pour l’avenir.
Nous avons, de plus, lancé un plan marketing. Quand je me suis présenté
devant vous, je vous ai dit qu’il me paraissait indispensable d’avoir une
politique marketing et de communication offensive. Vous avez vu tout ce qui a
été fait en ce qui concerne la digitalisation au niveau des propriétaires et au
niveau de la billetterie. Nous avons un vrai plan marketing et de communication
dont nous venons de voir, tant pour le meeting de Deauville que pour le
week-end de l’Arc qu’il commence à porter ses fruits. Naturellement, il va
falloir aller beaucoup plus loin mais l’action a bien commencé.
Au-delà de ce plan marketing et communication, il y a eu aussi un
travail important qui a été fait dans le cadre des différents conseils et
commissions. Et je remercie très sincèrement tous ceux qui ont participé dans
tous les conseils et commissions qui, sous la direction de leur président, ont
effectué un travail d’amélioration de l’activité des courses dans tous les
domaines.
Et puis nous avons aussi livré bataille pour défendre Saint-Cloud, et
nous avons gagné, puisque désormais nous savons qu’il n’est plus question
définitivement qu’il y ait des logements sur l’hippodrome de Saint-Cloud.
Dès le début de la mandature, nous avons marqué notre solidarité avec la
sauvegarde des terres de Nonant-le-Pin.
Enfin, nous avons fait aboutir le projet Longchamp. Là aussi, je vous
avais dit en me présentant devant vous que c’était un projet majeur. Mais,
quand je dis le projet Longchamp, je devrais en fait dire le projet Longchamp
et Auteuil. Parce que nous avons pu renégocier avec la Ville de Paris, certes au prix d’un loyer élevé, mais nous
avons une garantie de pouvoir courir à Longchamp et à Auteuil, nos deux
hippodromes phares, jusqu’en 2056 alors que la précédente convention devait
s’arrêter en 2026.
Voilà un certain nombre de points non-exhaustifs qui ont été faits au
cours de cette mandature.
Ne jamais négliger la
démarche d’entreprise…
Je voudrais maintenant vous donner quelques impressions sur France Galop
et sur l’Institution.
Quelques mots sur France Galop d’abord. France Galop est une maison qui
a un savoir-faire reconnu. Une maison où l’on travaille beaucoup. J’en porte
témoignage car j’ai été là tous les jours et je peux par conséquent le
constater. Il faut que vous ayez présent à l’esprit qu’en trois ans, le nombre
de réunions de courses gérées par France Galop a augmenté de 10 % et que
d’ici à la fin de cette année 2015 ou dans les semaines qui suivront, les
effectifs de collaborateurs de France Galop auront diminué de 8 %. France
Galop travaille 7 jours sur 7 et doit répondre à des demandes qui sont
extrêmement importantes et diverses. Je suis heureux que nous ayons aujourd’hui
à France Galop un directeur général solide dont la compétence est reconnue, une
équipe de responsables qui a été renforcée et je puis vous assurer que tous les
collaborateurs de France Galop, qu’ils soient ici au siège ou qu’ils soient sur
les sites, ont un attachement remarquable à leur travail et à ce que représente
France Galop.
Au niveau de l’Institution, je voudrais citer des éléments clés :
Le premier, c’est que le décret de 1997 a donné deux éléments
essentiels, sur lesquels, à l’époque, Jean-Luc Lagardère, Paul Essartial et moi
avions beaucoup insisté. Le premier, c’est que chaque société-mère ait la
responsabilité de sa politique sur tout le territoire.
Le deuxième c’est que le PMU soit véritablement sous le contrôle
effectif des deux sociétés-mères.
Un nouveau décret a été publié cette année. Ce décret donne une
meilleure représentation régionale ; et c’est vrai qu’on avait fait le
reproche à France Galop d’être moins régionale. Alors nous allons avoir un
Comité de 56 membres, avec une meilleure représentation régionale qui fera de
notre maison la France du galop.
Dans le fonctionnement de France Galop, je crois qu’il est extrêmement
important que ce soit le Conseil d’administration, avec ses douze membres, qui
conduise la politique de la maison. Le Comité doit être informé, doit
participer, doit élire, mais on ne peut pas en fait décider à 50 ou à 56. Ce
qui implique, pour que les choses fonctionnent bien, qu’il puisse y avoir une
très grande solidarité au sein du Conseil d’administration. C’est un élément
clé.
Aujourd’hui nous sommes dans une période qui change beaucoup, qui va
très vite. C’est une interpellation pour nous tous, que ce soient les membres associés,
que ce soient les membres élus, que ce soient les collaborateurs de France
Galop. Dans ce monde qui change, il faut pouvoir anticiper, vivre, décider,
préparer les changements. En un mot, je résumerai cela en disant :
« La vie associative oui, parce qu’elle est fondamentale, mais il faut, dans
la conduite des affaires, une démarche d’entreprise ». Et vous me l’avez
entendu dire à bien des reprises.
Ayez confiance dans les
courses !
Je voudrais terminer par quelques remarques plus personnelles.
Il y a quelque cinquante ans, j’ai commencé à avoir des fonctions dans
les courses, très jeune. D’abord pour défendre les intérêts des propriétaires.
Ensuite dans une société régionale. Puis dans une société-mère. J’ai été
commissaire des courses, j’ai été commissaire de société, j’ai été aussi président
du PMU, vice-président de France Galop et président enfin ; ça donne quand
même une vision assez large de ce que représente le fonctionnement de
l’Institution des courses.
Dans la fonction de président que vous avez bien voulu me confier, je me
suis efforcé de vous faire partager tout ce que je vivais, en présentant d’une
réunion à l’autre, au cours de ces dix-huit réunions de Comité, ce que j’avais
fait, quels étaient mes soucis, quels étaient mes objectifs, de telle manière
que le Comité soit le plus possible associé à ce qui se faisait à France Galop.
Et naturellement j’ai fait la même chose au niveau du Conseil d’Administration.
J’ai consacré tout mon temps, toute ma disponibilité,
comme je m’y étais engagé, pour travailler au mieux des intérêts de France
Galop. Oh ! J’ai fait des erreurs … Je me suis présenté devant vous, il y
a quatre ans, en utilisant deux mots qui étaient « humilité » et
« détermination ». Alors comme je ne suis pas de ceux qui pensent
qu’ils ont tout fait bien, je suis tout à fait conscient des erreurs que j’ai
commises et des limites de mon action. Mais j’ai toujours eu, dans tout ce que
j’ai fait dans les courses, une idée directrice : si je travaillais dans les
courses, c’était pour que les courses aient le plus de moyens possible pour
assurer leur avenir auprès des générations futures.
C’est cela qui m’a paru vraiment le plus important, et c’est ce à quoi
j’ai consacré tout mon temps et toute mon énergie. J’ai un message final à vous
donner. Ce message final vient de ce que j’ai vécu. Quand Jean-Luc Lagardère et
Paul Essartial m’ont demandé de prendre la présidence du PMU, il y a plusieurs
amis qui m’ont dit : « Tu es complètement fou de prendre la présidence
du PMU, les courses c’est du passé, le succès du PMU date des années 1960,
c’est complètement terminé ! Quelle idée de quitter l’assurance pour aller
dans les courses alors qu’en fait l’avenir des courses est derrière
elles. » J’ai toujours pensé le contraire ! J’ai toujours pensé
que les courses avaient un avenir ! Et c’est pour ça que quand on m’a posé
souvent la question : « Qu’est ce qui a été le plus difficile au
cours de toutes ces années ? », je répondais toujours « le
doute ». Oui le doute, partagé par tous ceux qui pensaient que les
courses auraient des problèmes qu’on n’arriverait jamais à résoudre, etc.
Mais c’est ce qui me permet de vous dire, à vous toutes et
à vous tous : ayez confiance dans les courses ! Nous avons un sport
magnifique, certes nous traversons une période difficile mais soyez optimiste,
nous sommes tous dans les courses des passionnés. Et bien portons cette
passion.
À chacune, à chacun de vous, je souhaite tout le meilleur, je souhaite à
mon successeur, à l’équipe dirigeante, le maximum de succès possible dans
l’intérêt de France Galop.
Quand vous m’avez élu, le premier mot que j’ai prononcé c’est merci. Ce
sera aussi le dernier. Merci ! La séance est levée. »
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