
Autres informations / 24.10.2015
Comment godolphin est en train de pulvériser le record de victoires en angleterre
Habillage spécial Franco
RAIMONDISSIMO !
COMMENT
GODOLPHIN EST EN TRAIN DE PULVÉRISER LE RECORD DE VICTOIRES EN ANGLETERRE
Encadré (avec photo)
Italien et citoyen du monde, Franco Raimondi est l’un des plus célèbres journalistes
hippiques en activité. Grand voyageur et curieux de tout, il offre à plusieurs
gazettes de renom international ses connaissances encyclopédiques et ses analyses
décalées. Il vous donne rendez-vous chaque semaine dans Jour de Galop.
Fin encadré
Entre Son Altesse le cheikh Mohammed et le titre de tête de liste des
propriétaires outre-Manche, c’est une véritable histoire d’amour qui s’est
tissée. Cette idylle est née il y a trois décennies. Entre-temps, l’armada de Son
Altesse le cheikh Mohammed s’est réinventée plusieurs fois, empruntant parfois des
chemins de traverse, au cours d’une histoire aux multiples rebondissements.
Mais cette année, les Godolphin sont en train de réaliser un "truc de
fou". Un exploit de l’ordre de l’inédit. Embarquez calculatrices, tableurs
Excel et calepins, nous partons au pays des chiffres et de la démesure
hippique !
Vingt titres
en trente et une saisons
Il y a trente ans (en 1985), Son Altesse le cheikh Mohammed gagnait son premier
titre de Champion Owner en Angleterre.
Depuis lors, il n’a laissé filer que onze couronnes. Hamdan, son frère, l’a
décrochée à cinq reprises et son épouse, la princesse Haya, une fois. Khaled
Abdullah fut trois fois tête de liste. Son Altesse l’Aga Khan l’a été une fois,
comme l’association "Magnier & Tabor". Samedi à Ascot, Son
Altesse le cheikh Mohammed a été sacré
pour la vingtième fois.
Quand les
statistiques explosent
Ces vingt titres sont répartis en onze succès sous son nom et neuf sous la
bannière Godolphin. Ce label triomphait pour la première fois en 1996… devant Son
Altesse le cheikh Mohammed ! Depuis cette époque, le monde a changé. Les
courses aussi. Lors du premier titre de Son Altesse le cheikh Mohammed, ses 71 représentants
avaient accumulé 118 victoires et 1,082 million de livres sterling. À
cette époque, les pistes all-weather
n’existaient pas (inauguration de la première P.S.F. le 30 octobre 1989
à Lingfield). Ces surfaces fibrées n’ont cessé de prendre de l’importance,
ouvrant de nouvelles possibilités pour battre des records de victoires. Et
d’ailleurs, en parlant de record, Godolphin va en établir un époustouflant
d’ici à la fin de l’année. L’écurie vient de franchir la barre des 250 victoires,
ce mardi à Wolverhampton, avec le 2ans Archaic
(Acclamation), un pensionnaire de Charles Appleby qui était monté par William
Buick. La machine est devenue inarrêtable. Mercredi à Newmarket, la 251e victoire
a été acquise par Prize Money (ça ne
s’invente pas !)
Les règles
changent, mais pas le résultat !
Cette année, pour la première fois, le titre de Champion Owner a été calculé en prenant en compte les gains de la
période qui sépare la journée des 2.000 Guinées (2 mai) et celle des
Champions Stakes (17 octobre). Avant et après ces deux dates, le
"score Godolphin" est de 91 victoires en 267 courses pour
1,240 million de livres sterling. Pendant la période prise en compte pour le
titre, l’armada de Son Altesse le cheikh Mohammed a amassé 3,909 millions de
livres sterling avec 785 partants et 160 victoires. Cela correspond à
une solide avance sur Son Altesse le cheikh Hamdan, dont les 614 partants
ont remporté 3,133 millions et 112 victoires. Les chiffres tiennent
compte de toutes les courses, sur gazon et all-weather.
Un peu
d’histoire…
Le colosse Godolphin a beaucoup changé son approche des courses depuis ses
premiers pas en 1994. Vous connaissez certainement l’histoire, mais nous allons
tout de même vous rafraîchir la mémoire. Au début, c’était un peu le centre de
formation des chevaux de la famille Maktoum. Ces derniers, après avoir développé
leurs talents sous la férule des meilleurs entraîneurs en Europe, rentraient
dans le "grand projet". Le premier titre de Godolphin fut celui de la
saison 1996, avec 39 victoires (dont 15 Groupes) acquises en 123 courses.
Mark of Esteem et Halling (2), Classic Cliche et Medaaly apportèrent
la cerise sur le gâteau, c’est-à-dire six Grs1. Les chevaux qui couraient sous
le nom de Son Altesse le cheikh Mohammed himself
terminèrent la saison avec 89 victoires remportées en 507 courses. Au
classement par les gains, "l’Académie Godolphin" devançait Son
Altesse le cheikh Mohammed, avec 1,824 million contre 1,349.
Le tournant de
la fin des années 1990
Les titres suivants, en 1998 et en 1999, furent acquis avec des chiffres
similaires : 38 victoires en 115 courses et 40 en 120. Le premier gros
changement chez Godolphin arriva en 1999 avec l’ouverture d’une antenne à Évry,
où David Loder s’occupait des 2 ans. Après cette courte expérience française,
Loder est rentré à Newmarket. Mais l’étape suivante était déjà programmée. En
2003, on voit apparaître le nom Saeed bin Suroor avec des 2 ans. Lors de
la saison suivante, celle du quatrième titre de Godolphin, la casaque bleue a
remporté 115 victoires en 455 courses. Entre-temps, Son Altesse le cheikh
Mohammed a mis plusieurs fois les "mains dans le moteur"… Les titres
de 2006 et 2007 sont arrivés avec des statistiques moins
stratosphériques : 70 et 72 victoires en 247 et 285 courses.
La chasse aux
victoires est lancée
Rebelote, en 2009 le nombre de partants explose à nouveau, pour atteindre
la barre des 530. Grâce aux 148 victoires, les protégés de Son Altesse le
cheikh Mohammed avaient alors sécurisé 384.000 livres sterling d’avance
sur ceux de Son Altesse le cheikh Hamdan.
À partir de 2010, Godolphin augmente encore sa présence sur les hippodromes
et l’effectif est réparti entre Saeed bin Suroor et Mahmoud al Zarooni. Le
nombre de partants grimpe à 687 puis à 784. Mais Khaled Abdullah, avec ses
champions Frankel, Workforce et Midday en première ligne, était impossible à battre en 2010 et en 2011. Godolphin doit se
contenter de la deuxième place.
L’impulsion est donnée. La cavalerie des Blues est lancée à toute allure dans une chasse aux victoires, dans
les bonnes et les mauvaises courses, dans les grands meetings et les petites journées
en province, là où Sir Henry Cecil n’envoyait qu’accidentellement un cheval,
pour lui faire gagner son maiden.
Un changement
peut en cacher un autre
Si vous avez eu la patience de nous suivre dans ce petit voyage au pays des
chiffres, sachez que nous allons bientôt arriver au record de 2015 !
Godolphin s’est encore une fois métamorphosé, presque un an après le scandale
de dopage qui l’a frappé, le 22 avril 2013. Charles Appleby remplace
Mahmoud al Zarooni dans l’écurie de Moulton Paddock. Le racing manager Simon Crisford quitte son
poste pendant l’hiver 2014, avant d’entamer une nouvelle carrière en tant
qu’entraîneur. John Ferguson devient l’homme de référence pour tous les entraîneurs
de Godolphin hors d’Angleterre, sauf en Australie.
Mais au fond, le véritable changement est tout autre. Il est stratégique. Son
Altesse le cheikh Mohammed a fixé deux objectifs majeurs pour son contingent
britannique : le Dubai Carnival et la saison anglaise. Pour le premier, il
y a une véritable armée, fournie en vieux chevaux, que l’on garde spécialement
pour le meeting hivernal. C’est de ses rangs que sont sortis les Prince Bishop, African Story, Hunter’s
Light et maints autres. Pour partir à la conquête de la saison anglaise,
Godolphin compte sur ses bataillons de jeunes recrues produits par le système
Darley. Leur entraînement, qui était autrefois externalisé, est maintenant assuré
"à la maison". Ce travail est effectué en premier lieu par Appleby.
Une annonce
qui était pourtant passée inaperçue…
Au début de l’automne 2014, une annonce est passée presque inaperçue.
Godolphin affiche alors sa volonté de garder beaucoup de chevaux en Angleterre
pendant l’hiver. Les petits entraîneurs, ceux qui font de la saison sur le all-weather une source importante de
leurs revenus, ont rapidement compris que quelque chose avait changé, en pire
pour eux. Les blues ont fait une véritable
razzia pendant l’hiver. 14 victoires en décembre, avant de démarrer l’année
2015 avec 21 succès en janvier, 13 en février et 24 en mars. Le total du
premier trimestre sur le all-weather était
donc de 58 victoires sur 155 partants, soit un taux de réussite de
37,41 %.
Quand Archaic a permis à l’écurie de franchir la barre des 250 victoires,
les succès sur sable fibré étaient de 116 pour 354 partants (32,76 %).
Dans le même temps, la réussite sur le gazon restait bonne, mais pas aussi exceptionnelle,
avec 135 gagnants issus de 698 partants (19,34 %).
La chasse à la victoire est devenue presque une obsession. Godolphin a eu
des partants sur 35 hippodromes différents et ils ont gagné sur 25 d’entre
eux.
Le terrain de chasse de prédilection fut celui de Lingfield, avec 36 victoires
(dont 33 sur le all-weather) alors
que, pour une raison ou une autre – faut-il y voir l’intervention directe de
Robin des Bois, qui n’habitait pas loin… – son score à Nottingham est bloqué à 0
en 23 tentatives.
Un autre
changement majeur dans la politique de Godolphin
Godolphin a utilisé 332 chevaux différents et 159 ont gagné au moins
une course. Chaque cheval a apporté sa propre contribution à ce record, les homebred comme ceux achetés aux ventes. Logiquement,
à l’issue d’une saison très chargée, on trouve très peu de Godolphin dans le
catalogue des Tattersalls Horse in
Training. Charles Appleby a sellé 81 gagnants différents pour 139 courses
alors que Saeed bin Suroor a contribué à hauteur de 84 victoires pour 55 lauréats
individuels. Mathématiquement parlant, 139 plus 84 donnent 223. Pour arriver aux
251 victoires évoquées précédemment, il nous manque 28 victoires…
Ce n’est pas une faute de notre "calculette", mais une ramification de la nouvelle
politique Godolphin. Par le passé, les bons chevaux "clés en main" achetés
à l’extérieur étaient presque tous accueillis par la maison-mère. À présent Son
Altesse le cheikh Mohammed a décidé qu’ils resteraient chez leur entraîneur.
C’est le cas de Night of Thunder, Jack Hobbs, Toormore, Pleascach, Buratino, Ribchester et Birchwood,
tous gagnants de Groupe sous une casaque bleue, mais sans changer de mentor.
Godolphin a gagné cette année 18 courses de Groupe en Angleterre. La majorité
de ces succès (10) ont été acquis par des chevaux entraînés par des professionnels
autres que Appleby et Saeed bin Suroor. La contribution de ces chevaux extérieurs
a été décisive pour le titre – les seuls gagnants de Gr1 en Angleterre sont Night of Thunder (Hannon) et Pleascach (Bolger) –, mais aussi pour
le résultat final. Sans leurs gains, il y aurait eu photo, même pour le titre
de Champion Owner.
Et la
France ?
Son Altesse le cheikh Mohammed a-t-il trouvé la formule magique, après 21 années
de travail autour de son projet, pour que son écurie soit capable de gagner aux
quatre coins du monde ? L’Australie a généré 18 victoires de Groupe –
dont quatre Grs1 – et l’Amérique huit (3 Grs1). La France est une destination de
plus en plus en vue chez Godolphin. Henri-Alex Pantall a, comme d’habitude,
atteint son objectif, c’est-à-dire de faire gagner des pouliches, tout en
remportant une Listed avec Momayyaz
(Elusive Quality). André Fabre, lui, a "sorti" deux gagnants de Gr1, Territories et le prometteur Ultra. Il compte sept victoires de Groupe
en 2015. C’est un bilan satisfaisant pour le professionnel cantilien. Mardi
matin, selon le site de France Galop, il avait sous ses ordres 63 Godolphin,
dont une grande majorité de deux ans (49). Parmi eux, on compte 35 inédits,
dont 6 Dubawi, 8 Medaglia d’Oro, 4 Shamardal et 3 Street Cry, pour ne citer que les références
les plus à la mode. Ce jeudi à Deauville, la pouliche Come Alive (Dansili) nous a séduits en devançant 15 adversaires
dans le Prix d’Hotot-en-Auge. Les professionnels français n’ont pas à se faire
de souci. André Fabre est un entraîneur classique et il ne partira pas avec ses
Godolphin à la chasse des petites courses d’hiver sur les fibrées de France et
Navarre. Un vieux proverbe milanais dit « ofele fa el to meste » c’est-à-dire :
« pâtissier, fais ton métier ». Le métier d’André Fabre est de gagner
les meilleures courses avec les meilleurs chevaux…
LES TÊTES DE
LISTE DES PROPRIÉTAIRES EN ANGLETERRE DEPUIS 1985 (*)
Année Tête
de liste des propriétaires en Angleterre Vic-Part. Gains (£)
2015 Godolphin 251-1052 5 149 864
2014 Hamdan Al Maktoum 136–670 3 653 741
2013 Godolphin 170–843 4 197 745
2012 Godolphin 149–805 3 180 680
2011 Khaled Abdullah 63–325 3 470 859
2010 Khaled Abdullah 74–341 3 860 917
2009 Hamdan Al Maktoum 134–678 3 149 091
2008 Son Altesse la Prince Haya 38–217 2 168 102
2007 Godolphin 72–285 1 680 865
2006 Godolphin 70–247 1 610 204
2005 Hamdan Al Maktoum 96–544 1 786 506
2004 Godolphin 115–455 4 319 646
2003 Khaled Abdullah 78–357 1 796 464
2002 Hamdan Al Maktoum 96–495 2 265 975
2001 John Magnier & Michael Tabor 16–70 2 372 453
2000 Son Altesse l’Aga Khan 25–92 1 694 280
1999 Godolphin 40–120 2 702 476
1998 Godolphin 38–115 2 287 368
1997 Cheikh Mohammed 87–477 1 461 681
1996 Godolphin 39–123 1 857 359
1995 Hamdan Al Maktoum 166–828 2 567 231
1994 Cheikh Mohammed 125–653 2 683 154
1993 Cheikh Mohammed 143–772 2 601 272
1992 Cheikh Mohammed 185–833 1 916 125
1991 Cheikh Mohammed 138–761 1 822 595
1990 Cheikh Mohammed 175–774 2 240 756
1989 Cheikh Mohammed 129–560 2 091 253
1988 Cheikh Mohammed 123–521 1 721 103
1987 Cheikh Mohammed 126 1 232 255
1986 Cheikh Mohammed 77 830 532
1985 Cheikh Mohammed 118 1 082 189
(*) Ces chiffres correspondent au décompte annuel et non
pas à la période utilisée pour déterminer le titre de Champion Owner
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