
Autres informations / 08.02.2016
"un chameau, c'est un cheval qui a été dessiné par un comité
ACA
Tribune libre
"UN CHAMEAU, C'EST UN CHEVAL QUI A ÉTÉ DESSINÉ PAR UN COMITÉ"
Par David Powell, éleveur
« Je lis toujours avec beaucoup d'intérêt les articles très documentés de Raimondissimo, qui sont un régal. Sa démonstration de l'absurdité de prendre en compte le "rating" du quatrième d'une course pour déterminer son niveau, est magistrale.
Une de vos journalistes, Anne-Louise Echevin, a eu raison, le lendemain, de souligner les conséquences parfois néfastes d'utiliser ces "ratings" pour classer les courses du programme international. La solution proposée par Jacques Sorriaux paraît plus raisonnable que la méthode actuelle.
Je vais donc écrire ici, une nouvelle fois, que le système des ratings est une perte de temps et d'argent pour les institutions hippiques mondiales. Pour paraphraser Tesio, c'est le poteau d'arrivée qui compte, et non l'avis des hommes. C'est bien grâce à ce critère – objectif, absolu, sans appel – que nous avons réussi en moins de quatre siècles à forger cette superbe race d'athlètes au physique et au mental admirables. C'est bien ce critère qui amène aux courses les personnes prêtes à être jugées sur leurs résultats.
Si l'on avait sélectionné pour la reproduction des lauréats de concours de modèles et allures, ou même les "top prices" des ventes (où l'avis émis n'est quand même pas gratuit), on n'aurait jamais eu le même résultat. Encore, lorsque le Handicap Optional (en France), le Free Handicap (en Angleterre) ou l'Experimental (en Amérique) se couraient, même si les meilleurs ne le disputaient pas, au moins ceux qui les établissaient pouvaient être sanctionnés pour une erreur manifeste.
Les experts de Timeform ou autres services privés sont aussi sanctionnés si leurs valeurs n'aident pas leurs clients à dénicher assez de gagnants. Alors que pour les ratings, l'opinion est gratuite. Et l'on sait bien qu'autour de la table, les négociations sont âpres entre les diverses représentations internationales pour défendre leurs ressortissants. Comme on dit : "Un chameau, c'est un cheval qui a été dessiné par un comité."
D'ailleurs, le "rating" donné pour une performance n'est qu'un instantané, un "compte-rendu" de ce qui s'est passé un jour donné, dans des circonstances bien précises, et il n'y a aucune garantie que cela se reproduira. Pour chaque course évaluée, comment savons-nous que, si elle avait été courue une semaine plus tôt ou plus tard, sur un autre terrain, et avec chaque participant dans un degré de forme très légèrement autre, le résultat aurait été le même ? Nous savons tous que non, et que c'est cela qui fait la beauté des courses, leur intérêt, et le sens du pari : s'il suffisait de mettre les chevaux dans leur ordre de rating, cela n'aurait aucun sens de courir l'épreuve, ni de jouer sur le résultat.
Pourquoi donc vouloir "figer" une appréciation par nature volatile, changeante, évolutive ?
De surcroît, je ne comprends pas bien comment on compare un sprinter australien avec un stayer européen, ce genre de classement "transversal" me rappelle ce que l'on nous disait en classe de maths, "you can't add apples and oranges" (en français, l’expression comparable est : on ne peut additionner les choux et les carottes)...
"Money is how you keep score" (c'est quand même avec l'argent que l'on compte les points), disait feu Nelson Bunker Hunt (quand il en avait). Alors pourquoi ne pas laisser la loi du marché fixer la valeur des courses ?
Cela ne serait pas plus simple, et moins discutable ? Un barème d'allocations correspondrait à chaque catégorie de groupe, l'argent attirant globalement les meilleurs chevaux. Le système en place - très dirigiste, un peu colbertiste, voire soviétique – a quand même des airs d'économie planifiée, et on a bien vu où cela mène.
On pourrait ainsi nous laisser apprécier tranquillement chaque crack à sa juste valeur, sans vouloir déterminer si Black Caviar aurait battu Ribot, ou si Frankel était meilleur qu'American Pharoah ... Et décider chacun pour soi si le Prix de l'Arc de Triomphe est plus important que l'Indiana Derby, et faire l'économie du "passe-temps pour vieux garçons" dont parle notre ami italien ! »
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