Son Altesse l’Aga Khan : « Harzand n’a pas cessé de progresser tout au long de l’année »

Courses - Élevage / 29.09.2016

Son Altesse l’Aga Khan : « Harzand n’a pas cessé de progresser tout au long de l’année »

France Galop édite pour le Prix de l’Arc de Triomphe un magazine bilingue riche de nombreuses interviews exclusives des acteurs majeurs de ce week-end de sport. Ce magazine sera disponible sur l’hippodrome de Chantilly, mais nous vous en offrons un avant-goût en publiant des extraits de l’interview de Son Altesse l’Aga Khan, réalisée par Mike Gallemore.

Pour lire le magazine en intégralité, cliquez ici : http://urlz.fr/49iM

 

Vous avez remporté l’Arc quatre fois. Harzand vous offrirait-il le cadeau d’anniversaire idéal pour vos 80 ans, en apportant un cinquième Arc à votre casaque ?

Oui, comme tout propriétaire passé, présent ou futur, nous sommes toujours intéressés par les records. Étant donné mon intérêt pour l’avenir de Chantilly comme hippodrome mais aussi comme centre culturel, cela me ferait particulièrement plaisir de gagner l’Arc à Chantilly. J’espère que la tenue de la course à Chantilly sera un grand succès et qu’elle montrera aux visiteurs que la ville est l’un des plus beaux endroits à visiter en France.

À Epsom et au Curragh, Harzand a montré qu’il possédait toutes les caractéristiques d'un grand champion en se montrant très déterminé à la lutte. Dermot Weld vous avait-il laissé entendre, plus tôt dans l’année, que Harzand pourrait être un cheval à part ?

Dermot Weld a toujours tenu ce poulain en haute estime et quand Harzand a remporté sa première course cette année de 16 longueurs, le style de ce succès indiquait que le cheval sortait de l’ordinaire. Il a enchaîné avec une victoire de Gr3 dans les Ballysax Stakes, montrant qu’il avait effectué des progrès significatifs depuis sa première course de la saison. Il n’a pas cessé de progresser tout au long de l’année.

Le fait que Harzand soit un fils du gagnant d’Arc Sea the Stars, qui fait la monte dans votre haras irlandais de Gilltown Stud, doit vous procurer un immense plaisir ?

Oui, cela m’apporte un grand plaisir dans la mesure où les succès de Harzand cette année ont légitimé le soutien que nous avons apporté à Sea the Stars dans mon haras de Gilltown.

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Harzand est votre cinquième élève à réussir le doublé Derby d’Epsom-Derby d’Irlande. Quand vous l’avez vu franchir la ligne en tête, au Curragh, votre première pensée fut-elle qu’il pourrait imiter Sinndar et vous apporter un nouveau succès dans l’Arc ?

J’évite de comparer les chevaux entre eux parce que je trouve ces comparaisons le plus souvent sans intérêt et vides de sens. Mais évidemment, quand j’ai vu ce qu’il était capable de faire dans les Derby d’Epsom et d’Irlande, j’ai pensé que le prochain grand objectif de Harzand pouvait être l’Arc.

Quand Akiyda vous a offert votre premier Arc en 1982, comment vous sentiez-vous de remporter cette grande course assez jeune ?

J’étais très heureux de gagner l'Arc avec Akiyda. La pouliche possédait une forte aptitude au terrain souple et l'Arc qu'elle a gagné s’est précisément déroulé dans des conditions où elle pouvait donner le meilleur d’elle-même. Ensuite, Yves Saint-Martin a monté une course modèle, et il s’est imposé d’une tête, en devançant le talentueux stayer Ardross.

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À quel point l'achat des effectifs de François Dupré et de Marcel Boussac à la fin des années 1970 a-t-il pesé sur votre opération d’élevage ?

Après ces deux achats, ma jumenterie a été multipliée par deux et j’avais aussi ajouté des familles qui avaient excellé dans les grandes courses européennes au cours des 50 années précédentes. Je pense que ces deux achats ont joué un grand rôle dans le succès continu que j’ai connu. Acheter ce nombre de poulinières m'a procuré la plus forte probabilité de succès pour les années qui allaient suivre. La question clé, dans l’élevage et en course, est la prévisibilité et, dans les cas à la fois de l’élevage Dupré et de l’élevage Boussac, j’en savais assez sur eux pour comprendre les causes du déclin de leurs performances. Cette connaissance a été encore renforcée par le fait que François Mathet entraînait pour madame Dupré. Apporter les changements nécessaires à l'élevage et à la gestion des opérations n’était qu’une question de temps et alors, comme je l’espérais, j’inverserais la tendance. Dans le cas de Marcel Boussac à la fin de sa vie, son entreprise industrielle était en récession et il n’avait plus la possibilité de soutenir son écurie. Il a donc envoyé toutes ses juments à ses propres étalons, qui n’étaient pas très bons, donc quand j'ai acheté l'opération Boussac, j’ai arrêté d'utiliser ces étalons immédiatement.

[…]

Des experts de l’élevage ont suggéré que si on étudiait en détail le pedigree de n’importe quel pur-sang, on y trouverait un lien avec une des familles de l’élevage Aga Khan. Cela doit vous rendre très fier ?

Tout d'abord, cela m’inspire un profond respect vis à vis de mon grand-père et de mon père, qui ont dirigé cette activité au cours de leur vie. Ils ont jeté des bases si solides que j’ai été en mesure de construire sur ces fondations, tout en ajoutant de nouvelles lignées issues des élevages Dupré et Boussac que je considérais comme étant précieuses pour l'avenir de notre élevage. Nasrullah a été très influent comme étalon et il est présent dans les pedigrees de nombreux gagnants. Il a été élevé par mon grand-père. J’ai toujours cherché à avoir une bonne variété de courants de sang dans mon élevage, que ce soit à travers les étalons ou les femelles. Même si nous avons d'excellents étalons au haras, nous n’enverrons jamais plus de 50 % à 60 % de mes poulinières à nos propres étalons, afin de maintenir la variété.

À votre avis, qu’est-ce qui fait que l’Arc est LA grande course ?

Je pense que l'Arc est considéré par beaucoup comme la "compétition ultime", qui réunit chaque année les meilleurs mâles et femelles de 3ans et plus en Europe et au-delà.

Sous un angle d’élevage, considérez-vous aussi l'Arc comme la course la plus importante et la plus influente dans le monde ?

Non, car l’Arc se déroule souvent dans des conditions climatiques peu clémentes, en particulier lorsque le terrain est souple. Il a également lieu à une période de l’année où quelques-uns des meilleurs chevaux sont passés de forme ou bien ont été blessés. Par conséquent, l'Arc se déroule parfois quand quelques-uns des meilleurs poulains ou pouliches de l'année ne courent plus au meilleur de leur capacité, voire ont arrêté de courir.

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Vous avez contribué à sauver l'hippodrome de Chantilly de la fermeture, puis aux travaux de rénovation qui ont suivi. Que signifie, pour vous, le fait que l'Arc se tienne ici ?

Je suis très heureux que Chantilly ait été choisi comme la meilleure alternative à Longchamp pour accueillir l’Arc 2016. La plupart des partants de l'Arc 2016 aura eu l'occasion de participer à des galops d'entraînement sur l’hippodrome de Chantilly, qui est différent de

Longchamp. Ces parcours de reconnaissance leur auront permis de mieux appréhender la piste. J'espère aussi que l’organisation de l’Arc à Chantilly amènera un nouveau public international à découvrir la beauté de Chantilly.

[Ce texte est un extrait du Magazine officiel du 95e Prix de l’Arc de Triomphe édité par France Galop]