Courses / 27.09.2016

Gold Fun, le pionnier

Gold Fun, le pionnier

C’est l’attraction du week-end deauvillais. Gold Fun (Le Vie dei Colori) poursuit sa campagne européenne et s’attaque au LARC Prix Maurice de Gheest (Gr1). Il sera le premier cheval hongkongais à courir sur notre sol. Il est entraîné par un homme bien connu en France, Richard Gibson, installé à Hongkong depuis quatre ans.

Jour de Galop. – Comment avez-vous jugé la performance de Gold Fun, deuxième des Diamond Jubilee Stakes ?

Richard Gibson. – Quand on va courir à l’étranger, on espère surtout que le cheval fournisse son rating. C’est ce qui s’est passé et nous étions très contents. C’était la première fois qu’il courait en ligne droite et sur un terrain aussi souple. Mais en vieillissant, les pistes de Hongkong sont sûrement devenues trop fermes pour lui.

Pourquoi ne pas avoir couru le July Cup ?

C’est un cheval qui court bien frais, et je voulais donc lui laisser du temps après Royal Ascot. Le Gr1 de Deauville arrive au bon moment.

Comment le cheval s’est-il adapté à son nouvel environnement ?

Très bien ! Il ne faut pas oublier que Gold Fun est un hongre de 7ans. Il est très facile et gentil, et ne pose aucun problème le matin… Il a découvert un nouvel environnement le matin, beaucoup plus calme que ce qu’il connaît à Sha Tin.

Qu’a-t-il fait depuis Royal Ascot ?

Après la course, il a bénéficié de dix jours de repos dans un centre de préentraînement, chez Ed Peate, qui est installé à côté de Newmarket. C’est une très bonne adresse ! Ensuite, il est allé chez Robert Cowell, qui a été assistant de John Hammond du temps de Suave Dancer. Il est installé dans un centre privé à quelques miles de Newmarket. Il arrivera à Deauville samedi et sera monté par Christophe Soumillon, qui le connaît parfaitement.

Gold Fun a d’abord été un top miler avant que vous ne le spécialisiez sur le sprint. Pourquoi ce changement de distance ?

Il a même été battu de peu dans le Hong Kong Derby, sur 2.000m, en début de carrière… En prenant de l’âge, le cheval s’est fait en vrai sprinter, notamment dans son physique. Il est devenu très massif. Il pèse près de 575 kilos ! Je pense que c’est un vrai cheval de 1.400m. Les 1.200m de Royal Ascot étaient donc un peu courts, et il devrait être encore mieux sur les 1.300m du Prix Maurice de Gheest.

Cette expérience réussie à Ascot vous a-t-elle donné envie de renouveler l’expérience avec d’autres chevaux ?

Il faut se rappeler que beaucoup d’entraîneurs européens viennent courir à Hongkong en raison de nos allocations très élevées… Il est assez rare que les chevaux hongkongais voyagent, même si certains se produisent à Dubaï par exemple. En ce qui concerne Gold Fun, c’est un peu différent. Il n’a plus beaucoup de courses pour lui à Hongkong, les 1.200m de Sha Tin devenant un peu trop rapides pour lui. Et Gigaset, l’entreprise de son propriétaire, Pan Sutong, est l’un des gros sponsors du meeting de Royal Ascot, avec Qipco. Cela a aussi joué dans notre décision.

Un défi rare

Les chevaux hongkongais ne sont pas nombreux à être venus courir en Europe. Avant Gold Fun, Cape of Good Hope (Inchinor) était venu deux fois à Royal Ascot, en 2004 et 2005, et avait gagné les Golden Jubilee Stakes (Gr1) la seconde année. Little Bridge (Faltaat) a quant à lui remporté les King’s Stand Stakes (Gr1) en 2012.

Avoir un partant dans un Gr1 à Deauville, quatre ans après votre départ, ce doit être un sentiment spécial ?

C’est en effet un grand moment de plaisir de revenir dans ces conditions dans mon premier pays d’adoption, avec un super cheval…

Allez-vous rester quelque temps à Deauville, notamment pour les ventes ?

Non, je dois retourner à Hongkong. Après un mois de repos, les chevaux commencent à retravailler sérieusement pour la reprise des courses.

Vous avez rapidement trouvé vos marques en tant qu’entraîneur dans ce nouveau pays. C’était pourtant un drôle de pari ?

Le bilan est en effet très positif, puisque depuis mon installation, lors de la saison 2011/2012, nous avons gagné sept Grs1, dont le Hong Kong Derby ou le Hong Kong Cup, la meilleure course du pays. Quand je suis arrivé, il a fallu tout reprendre à zéro. Dans ce genre de challenge, il faut savoir se montrer ouvert, humble et flexible pour écouter, regarder, analyser et comprendre comment il faut entraîner pour réussir. Nous entraînons sur l’hippodrome, sur une piste plate donc, et beaucoup avec le chronomètre. Mon expérience aux États-Unis m’a beaucoup servie. C’était très excitant de se lancer dans une telle entreprise.

Votre travail consiste aussi à trouver des nouveaux chevaux…

Je dirais même que le recrutement de nouveaux chevaux est la partie la plus importante de mon travail. Mais c’est commun à tous les entraîneurs. En Europe aussi, sans le bon matériel, on ne peut pas réussir. La différence, c’est qu’ici, nous n’avons pas d’élevage. Il faut trouver d’autres sources d’approvisionnement, aussi bien en Europe qu’en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Chaque entraîneur travaille avec une équipe de courtage chargée de repérer les chevaux intéressants pour Hongkong. Car un cheval qui a gagné en terrain lourd sur les 2.000m de Maisons-Laffitte, même de loin, ne s’adaptera sûrement pas chez nous !

Le recrutement de propriétaires est-il moins compliqué ?

Il ne pose pas de problème : quand on a le bon produit, c’est-à-dire le bon cheval, on trouve un propriétaire. Il existe un pool important de propriétaires à Hongkong, et nous sommes limités dans nos effectifs à 60 chevaux.

Cela vous permet donc de vous concentrer uniquement sur votre métier d’entraîneur ?

Oui, et d’autant plus qu’ici, contrairement à l’Europe, la communauté des courses et le pays ont une totale confiance dans l’organisation et la gestion des courses. Le club fonctionne très bien, et nous, professionnels, n’avons pas à nous mêler de questions politiques. On peut se focaliser sur notre objectif, c’est-à-dire de gagner des courses.

 

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