Institution / Ventes - Élevage / 27.09.2016

Tour des haras - La Motteraye Consignment

LA MOTTERAYE

Lucie Lamotte & Gwenaël Monneraye

14140 Les Autels-Saint-Bazile

Lucie Lamotte et Gwenaël Monneraye se sont installés en décembre 2009, non loin de Lisieux, et dès leur première consignment à Arqana, en août de l’année suivante, les huit lots qu’ils présentaient étaient vendus, et trois sont devenus des chevaux de Groupe, dont Leaupartie (Stormy River), lauréate du Prix de Psyché (Gr3). Depuis, le couple a fait l’acquisition de sa propre structure, le nombre de yearlings présentés a augmenté, et environ vingt-cinq poulinières et leur descendance résident à l’année au haras.

1) TERRE D’ÉLEVAGE

Jour de Galop. - Êtes-vous plutôt étalon, poulinière ou yearling ?

Lucie Lamotte & Gwenaël Monneraye. - Forcément plus yearlings, puisque c’est notre cœur d’activité. Mais nous pourrions aussi répondre poulinières, car nous faisons aussi de l’élevage depuis quelque temps.

Barn ou paddock ?

Paddock. Nos expériences australiennes, irlandaises et néo-zélandaises nous ont marqués. Nous aimons travailler en extérieur au maximum, en essayant de trouver un bon équilibre. Les chevaux s’immunisent beaucoup mieux dehors. Mais évidemment, il faut des boxes pour pouvoir les rentrer au moindre problème.

Bai, alezan ou gris ?

Bai. Beaucoup de personnes ont dû vous répondre la même chose. Les bais vont dans le sens des acheteurs. Mais aucune couleur n’est rédhibitoire. (Gwenaël) Moi, quand j’étais jeune, j’étais roux avec des jambes blanches et je courais très vite ! (rires)

Pedigree ou modèle ?

Nous tenons compte du pedigree, bien sûr, mais le choix final se fait au modèle. Toujours. Le modèle pèse pour 75 % dans notre décision d’acheter. Nous voulons de beaux chevaux. Car il est rare qu’un cheval sans modèle coure vite ! Et c’est vrai pour nos chevaux de vente comme pour nos chevaux d’élevage. Nous préférons toujours vendre un beau cheval avec un pedigree un peu plus modeste que le contraire, car il a plus de chances de réussir aux courses.

Vitesse ou tenue ?

Notre rêve, ce sont les classiques. Mais un cheval a besoin de vitesse, quelle que soit la distance.

L’éleveur qui vous a le plus marqué ?

(Gwenaël) Au premier abord, je dirais Federico Tesio, à la fois pour les champions qu’il a créés et pour les livres qu’il a écrits. Il avait une vision très globale.

Le métier que vous auriez fait si vous n’aviez pas été éleveur ?

(Gwenaël) Nous aurions tenu un restaurant, une crêperie… (Lucie) Moi, j’aurais aimé être jockey.

Le conseil que vous donneriez à un ami souhaitant se lancer dans l’élevage ?

« Retourne-toi et cours vite ! » (rires). Non : être patient et savoir écouter les conseils. Souvent, ceux qui arrêtent rapidement sont ceux qui ont trop voulu faire à leur façon, sans succès. Évidemment, ce n’est pas facile d’écouter les autres quand on a envie de faire soi-même. Mais c’est nécessaire au début, avant de se forger sa propre opinion progressivement.

Votre première mesure si vous deveniez président du Syndicat des Éleveurs ?

(Gwenaël) J’aimerais plutôt être président de France Galop, mais je crois qu’il y a une question comme ça un peu plus loin ! Pour rester sur la question éleveurs, je ne suis pas contre les primes, mais quand j’entends parler de projets de primes liées aux étalons, je pense que nous devons veiller à ne pas devenir, comme d’autres secteurs agricoles, une filière qui repose uniquement sur des subventions. (Lucie) Moi, je ferais plus de communication, pour dynamiser le système et stimuler les échanges entre les membres du Syndicat.

Votre lieu préféré à Deauville ?

Le ring des ventes ! Escalier au fond à droite ! (rires)

Votre adresse secrète en Normandie ?

L’hôtel de la Marine à Arromanches. Pour la vue sur la mer et la qualité de la cuisine.

2) CHAMP DE COURSES

Turf ou P.S.F. ?

Turf. La P.S.F. est pratique, mais nous élevons des chevaux pour le turf. (Gwenaël) Élèvera-t-on un jour des chevaux pour la P.S.F. en France ? Je ne suis pas forcément pour.

Ligne droite ou parcours avec tournant ?

Nous aimons beaucoup les Guinées ; donc ligne droite. Cette année, les Poules se sont formidablement bien passées en ligne droite et nous avons eu la chance qu’il n’y ait pas deux pelotons, comme c’est parfois le cas en Angleterre. Aux courses, le meilleur doit gagner. La corde a trop d’importance en France.

Longchamp ou Deauville ?

(Lucie) Je suis plus Deauville aujourd’hui, mais j’attends avec impatience le nouveau Longchamp. J’espère que ce sera aussi bien qu’Ascot.

Sprinter, miler, classique ou stayer ?

Quand on a les moyens, c’est génial d’élever pour les courses classiques. Ce sont les plus belles épreuves.

Arc de Triomphe ou Morny ?

L’Arc de Triomphe. C’est le Tourmalet ou l’Alpe d’Huez des courses !

Votre pur-sang favori dans l’histoire des courses ?

(Gwenaël) Zarkava. (Lucie) Frankel.

Entraîneur ?

(Gwenaël) Même si je ne lui ai jamais parlé, j’admire André Fabre. Dans quel sport une personne a-t-elle tout gagné dans toutes les disciplines ? (Lucie) Et Sir Henry Cecil, pour toute l’histoire avec Frankel, qui lui a donné de l’énergie à la fin de sa vie.

Jockey ?

Olivier Peslier : il est cool et répond toujours présent au plus haut niveau.

Casaque ?

(Lucie) Pour la beauté, celle de High Heels Racing ! [Une écurie féminine, dont Lucie est associée, NDLR] Pour le sport, celle de l’Aga Khan. (Gwenaël) Moi, ça serait la casaque de Khalid Abdullah.

La dernière émotion que vous avez ressentie sur un champ de courses ?

Le Prix de Diane Longines a été très fort pour nous, puisque The Juliet Rose, que nous avons vendue à Deauville, était au départ. Cela ne s’est pas très bien passé pour elle, mais nous étions tellement contents pour Volta… (rires) et puis, comme nous sommes aussi un peu liés à Le Havre, la victoire de La Cressonnière nous a fait plaisir.

Votre première mesure si vous deveniez président de France Galop ?

(Gwenaël) Ah ! On y vient ! (rires) Ce n’est pas une mesure, mais j’essaierais de me fixer l’objectif d’amener les courses au niveau d’un sport très populaire. Les chevaux, c’est réel, c’est palpable, c’est beau. L’hippodrome est à la fois un zoo, un stade, un parc de loisirs, un bar, un restaurant… C’est tellement complet et dans l’air du temps. C’est aussi un endroit où on se sent bien en famille et un poumon vert dans les villes. Tout est réuni pour que les courses deviennent un grand, grand sport. Si j’étais président de France Galop, je me battrais à fond pour ça. Je suis sûr que cela peut arriver un jour. Et c’est un sport très télévisuel en plus.

3) JARDIN SECRET

Votre mot préféré dans la langue française ?

(Gwenaël) Lucie ! Et je n’en ai pas d’autre ! C’est le mot que je dis le plus souvent. Il y a deux mots que je dis souvent, c’est "Lucie" et "Eliot"… Eliot, c’est notre chien. (rires)

Le rêve que vous n’avez pas encore accompli ?

(Lucie) Dans les courses, élever un gagnant de Groupe 1. Et hors des courses, faire le tour du monde. Nous avons déjà beaucoup voyagé, mais pas encore assez !

Votre plus grande qualité ?

(Gwenaël) Les plus grandes qualités de Lucie, ce sont la minutie, le souci du détail et la persévérance. Peut-être plus la persévérance encore.

(Lucie) La plus grande qualité de Gwenaël, c’est… la persévérance aussi !

Votre plus grand défaut ?

Trop de perfectionnisme, parce que ça devient un peu maladif. Ce n’est pas facile pour les autres. On a parfois du mal à doser.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

L’honnêteté.

Votre devise ou citation préférée ?

« Never fear, Gwen is here ! » [N’ayez jamais peur, Gwenaël est là, NDLR]

« You’ve tried the rest, now try the best ! » [Vous avez essayé le reste, maintenant essayez le meilleur.]

Votre plat ou vin favori ?

(Gwenaël) Moi, la galette bretonne, et toi, la ficelle picarde ! (rires)

(Lucie) Nous sommes très gourmands et nous mangeons vraiment de tout.

(Gwenaël) La galette au lait ribot. Le lait ribot est le petit lait que l’on récupère après avoir fait le beurre. On fait chauffer la galette, on la coupe en petits morceaux et on la met dans une assiette remplie de lait ribot à température. C’est une forme de soupe que l’on sert en entrée. Personne n’aime ça, sauf ceux qui ont été élevés à ça… et Lucie ! (Lucie) C’est très amer quand même.

Votre porte-bonheur ou objet fétiche ?

Nous ne sommes pas du tout gri-gri. (Gwenaël) Au contraire, je n’ai aucune superstition et je lutte contre ça.

Vacances : mer, montagne ou campagne ?

(Lucie) J’aime beaucoup les sports d’hiver. Cela lave l’esprit. C’est plus dépaysant et apaisant.

Votre peintre, chanteur ou écrivain favori ?

(Gwenaël) Georges Brassens. (Lucie) Cat Stevens.

En quel animal/végétal aimeriez-vous vous réincarner ?

(Lucie) Faut-il croire en la réincarnation pour vous répondre ? Non ? Alors je réponds : un chat.

(Gwenaël) Un pic-vert. Et je répéterais à longueur de journée, en tapant du bec contre un tronc d’arbre : "Eh, Lucie ! Lucie ! Lucie !" C’est déjà ce que je fais aujourd’hui ! (rires)