Institution / Ventes - Élevage / 27.09.2016
Le tour des haras – haras d’Etreham
LE TOUR DES HARAS
Haras d’Etreham
Nicolas de Chambure
14400 Etreham
Le haras d’Etreham est situé dans le Bessin, près de Bayeux. Depuis plus d’un siècle, cette terre d'élevage produit au meilleur niveau, avec par exemple les remarquables Maximova, Urban Sea, Septième Ciel, Anabaa Blue, King’s Best, Almanzor… Le haras appartient à la famille Chambure depuis les années 1940. Nicolas de Chambure représente ainsi la quatrième génération à la tête de cette structure historique de l’élevage français. Etreham compte 250 hectares et plus de 200 boxes. La cour des étalons accueille des reproducteurs confirmés comme Poliglote, Saint des Saints, Elusive City et Wootton Bassett. Le haras propose également deux jeunes étalons, Masked Marvel et Scissor Kick.
1) TERRE D'ÉLEVAGE
Êtes-vous plutôt étalon, poulinière ou yearling ?
Ce n’est pas très facile de choisir puisque nous avons les trois à Etreham… Mais je vais opter pour les yearlings. Nous passons beaucoup de temps avec eux et ils représentent l’avenir, le rêve.
Barn ou paddock ?
Paddock… Surtout en cette période de l’année où la nuit ne dure que cinq heures et où le temps est clément. Permettre aux chevaux de passer la nuit dehors, au paddock, est à la fois naturel et logique dans une optique d’élevage. C’est un vrai plus pour leur comportement et pour leur évolution physique.
Bai, alezan ou gris ?
Bai.
Pedigree ou modèle ?
Quand nous achetons une jument, nous privilégions toujours le pedigree et pardonnons plus volontiers un défaut dans le modèle. Les belles souches ressortent toujours. J’allais vous donner l’exemple de Steip Amach que nous avons achetée à l’amiable et qui vient de finir troisième du Prix Rothschild (Gr1) : son pedigree nous intéressait en raison de sa solidité du côté paternel aussi bien que maternel et parce qu’il est quasiment exempt du sang de Northern Dancer, ce qui offre beaucoup de possibilités de croisement… Mais en y repensant, nous l’avons aussi achetée pour son physique ! (rires)
Vitesse ou tenue ?
Ni l’un ni l’autre car les extrêmes sont peu significatifs. Il faut un peu de vitesse bien sûr, mais nous essayons de ne pas élever des chevaux qui ne peuvent pas aller au-delà de 1.400m.
L'éleveur qui vous a le plus marqué ?
Plus que des éleveurs, ce sont des lieux qui m’ont marqué. En élevage, le lieu est presque plus important que l’homme. J’ai deux endroits en tête, dans lesquels j’ai eu la chance de me rendre. Le premier est Mill Park Stud en Australie, à l’ouest d’Adélaïde. Là-bas, il y a vingt hectares par cheval ! Le haras est situé près de la mer et la terre est très sableuse, il n’y a pas beaucoup d’herbe mais les chevaux sont magnifiques, ils ont des pieds incroyables. Le second est Etzean en Allemagne, un haras très vallonné, en pleine forêt, où les chevaux vivent dehors.
Le métier que vous auriez fait si vous n'aviez pas été éleveur ?
J’aurais adoré être vigneron. Autour de chez David Hayes, où je travaillais en Australie, il y avait beaucoup de vignes… J’ai visité de nombreux domaines. Ce sont de grands souvenirs. Je trouve qu’il y a beaucoup de similitudes entre l’élevage de chevaux et la vigne : la patience, la notion de génération ou de millésime, la terre, le climat, les aléas d’une matière vivante, etc.
Le conseil que vous donneriez à un ami souhaitant se lancer dans l'élevage ?
Préférer la qualité à la quantité. Essayer de se procurer des souches. Varier un peu les courants de sang pour répartir les risques.
Votre première mesure si vous deveniez président du Syndicat des éleveurs ?
Établir une vraie politique de limitation des étalons.
Votre lieu préféré à Deauville ?
Le champ de course. J’aime la proximité qui existe avec le public sur l’hippodrome de Deauville. C’est un lieu chaleureux et à taille humaine.
Votre adresse secrète en Normandie ?
La Marée à Grandcamp-Maisy.
2) CHAMP DE COURSE
Turf ou P.S.F. ?
Turf. La P.S.F. accueille déjà quelques Listeds pour récompenser ses spécialistes, mais il n’y a pas de raison d’en faire plus. Si France Galop décidait de bâtir un programme de sélection sur P.S.F., le risque serait de créer deux races de chevaux, comme aux États-Unis avec le dirt et le turf. Je ne crois pas que ce soit bon pour notre pays.
Ligne droite ou parcours avec tournant ?
En général, je préfère les parcours avec tournant. Mais la ligne droite a du sens quand elle peut permettre de suppléer un mauvais parcours avec tournant, notamment lorsque les numéros à la corde jouent un trop grand rôle, comme pour les Poules d’Essai.
Longchamp ou Deauville ?
Deauville. Pour un éleveur normand, c’est logique, non ?
Sprinter, miler, classique ou stayer ?
Miler et classique.
Arc de Triomphe ou Morny ?
L’"Arc de Triomphe" parce que c’est un accomplissement. J’aime les chevaux qui font carrière. Et puis on "vole" moins un Prix de l'Arc de Triomphe qu’un Prix Morny.
Votre pur-sang favori dans l'histoire des courses ?
Urban Sea. Sa victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe est mon premier très gros souvenir aux courses. C’est aussi une grande histoire d’élevage. Nous avons encore quatre femelles de sa famille.
Entraîneur ?
Je choisis Colin Hayes. Je ne l’ai pas connu personnellement, mais quand j’ai travaillé chez son fils David, j’ai été impressionné en découvrant tout ce que Colin Hayes avait apporté aux techniques d’entraînement. C’est par exemple le premier à avoir construit un centre d’entraînement privé, entraîné en montée, passé les chevaux en piscine, mis les chevaux au paddock toute l’après-midi, réfléchi à l’exposition de ses paddocks, à l’alimentation… Et tout cela, c’était il y a plus de quarante ans.
Jockey ?
Cash Asmussen. Comme pour Urban Sea, ce sont des souvenirs de jeunesse. J’aimais l’exotisme et la starification du personnage.
Casaque ?
Écurie Aland [association entre Alec Head, d’où le "al", et Roland de Chambure, grand-père de Nicolas, d’où le "and", ndlr] ! Le rouge de la casaque… Encore un souvenir d’enfance très marquant. Alec Head et mon grand-père étaient tellement amis, comme deux frères, qu’ils ont adoré l’idée d’élever et de courir ensemble. Non seulement ils s’entendaient très bien, mais je pense aussi qu’ils se complétaient parfaitement.
La dernière émotion que vous avez ressentie sur un champ de course ?
La plus belle émotion de ma vie, aux courses, c’est la victoire d’Almanzor dans le Prix du Jockey Club. Élever un gagnant de Gr1 ici, c’est déjà très fort. Mais de plus, il est issu d’un étalon que nous avons choisi [Wootton Bassett, acheté par Nicolas de Chambure à la fin de sa carrière de course et désormais étalon au haras d’Etreham, ndlr] et d’une jument que nous avons spécialement achetée pour lui. Une victoire comme celle-ci, ce sont des idées qui se concrétisent, qui confirment leur validité…
Votre première mesure si vous deveniez président de France Galop ?
J’intégrerais la prime propriétaire dans l’allocation, pour faire encore plus rêver les propriétaires.
3) JARDIN SECRET
Votre mot préféré dans la langue française ?
Joker
Le rêve que vous n'avez pas encore accompli ?
Avoir des enfants !
Votre plus grande qualité ?
La sensibilité.
Votre plus grand défaut ?
La sensibilité.
La qualité que vous préférez que chez les autres ?
L’altruisme. Je pense qu’il y a de l’altruisme chez beaucoup de gens de cheval. Pour moi, le goût de la compétition n’entre pas en contradiction avec l’altruisme.
Votre devise ou citation préférée ?
Never too much of a good thing !
Votre plat ou vin favori ?
La côte rôtie.
Votre porte-bonheur ou objet-fétiche ?
Je ne suis pas superstitieux… même si avant le Prix Rothschild [où Nicolas était représenté par Steip Amach, qui a fini troisième, ndlr], j’ai cherché partout la cravate que je portais le jour où Almanzor a gagné le "Jockey Club". Mais je ne l’ai jamais retrouvée ! (rires)
Vacances : mer, montagne ou campagne ?
Montagne, été comme hiver.
Votre peintre, chanteur ou écrivain favori ?
Milan Kundera, notamment pour L’insoutenable légèreté de l’être.
En quel animal /végétal aimeriez-vous vous réincarner ?
Un bouquetin, toujours par amour pour la montagne.
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