Le pouls de la province

Courses / 11.10.2016

Le pouls de la province

 

À l’occasion du Prix André Baboin (Gr3), le Grand Prix des Provinces, qui change de cadre tous les ans, Jour de Galop a interrogé plusieurs présidents de sociétés de courses de province sur le futur des courses, de leur région, de leur relation avec France Galop et de l’évolution sportive locale. Nous vous proposons aujourd’hui les témoignages d’Alain Peltier, Lucien Matzinger et Philippe Bouchara avant de faire intervenir d’autres présidents dans nos éditions à venir.

Alain Peltier, président de l’hippodrome du Lion-d’Angers

« Faire revenir le public sur les hippodromes »

« Les courses et le cheval en général permettent de faire vivre des régions, entretiennent les milieux ruraux et développent l’emploi. Il faut que l’État comprenne cela. Nous sommes inquiets car nous sommes dans une sorte de nébuleuse. Nous redoutons des nouvelles moins réjouissantes avec l’obligation d’un retour à la baisse pour les propriétaires, éleveurs et bien sûr pour les sociétés de courses de province.

Mes craintes sont liées aux résultats du PMU qui sont en constante baisse. La perspective de l’avenir financier de la filière, qui est le nerf de la guerre, est inquiétante. Il y a aussi le problème de la fréquentation des hippodromes. Il faut faire revenir le public sur des hippodromes comme le nôtre, celui du Lion-d’Angers, qui est pédagogique. Auparavant, nous faisions 2.000 entrées en moyenne et nous en comptabilisons désormais 500, 550. Les horaires ne sont pas toujours favorables. Nous savons bien qu’il faut sacrifier des réunions, mais cela ne facilite pas la fréquentation de l’hippodrome. Un propriétaire bien connu m’a dit qu’étant donné certains horaires, il préférait suivre les courses de ses chevaux à la télévision. Ce n’est pas un encouragement pour le propriétariat ! L’an prochain, la réunion de l’Anjou-Loire Challenge (L), au cours de laquelle nous avons réuni 15.000 personnes cette année, est programmée à 16 h 45. C’est une heure très tardive, sachant que le public familial part à partir de 18 h 30. C’est le genre de réunions qui devrait être protégé pour faciliter la venue du public.

Nous avons toujours eu une très bonne relation avec France Galop. Lorsque nous avons des demandes, elles sont entendues. Avec la fermeture d’Enghien, nous avons cependant pensé que, sachant que 80 % des partants en obstacle viennent parfois du Grand Ouest, nous aurions pu avoir quelques réunions dans la région. Cela aurait pu être une forme de reconnaissance. Mais nous comprenons qu’il faille une cohérence du programme.

L’Ouest est une région dynamique avec un programme de qualité. Nous avons de grands entraîneurs, de bons centres d’entraînement, à l’image de celui de Senonnes, qui fonctionnent bien. De nombreuses choses ont été faites grâce à nos bénévoles qui sont de vrais passionnés et qui dynamisent l’hippodrome. »

Lucien Matzinger, président de la Société des courses de Strasbourg

« Les réunions premium nous ont beaucoup apporté »

« Je suis d’un naturel optimiste et je suis assez confiant concernant notre région. Grâce à l’apport des réunions premium, nous avons pu bénéficier d’infrastructures rénovées, tant pour les pistes de courses que d’entraînement. À Strasbourg, par exemple, nous aurons un salon des propriétaires pour l’année prochaine.

La situation est difficile au niveau national. Il faut faire des économies c’est sûr, mais il faut que le chiffre d’affaires du PMU augmente. Il faut trouver de nouveaux paris pour permettre que ce chiffre d’affaires reparte à la hausse. Dans l’Est, nous avons aussi un souci du fait du nombre de chevaux à l’entraînement. Il nous faudrait un, deux ou trois entraîneurs en plus, avec une cinquantaine de chevaux supplémentaires. Les infrastructures sont là.

L’évolution de notre région en une trentaine d’années est énorme. Nous avons eu beaucoup de réunions premium, ce qui nous a permis d’augmenter les allocations. Le contrecoup a été la venue de meilleurs chevaux et une concurrence plus forte. Concernant notre programme, nous avons une épreuve phare avec l’étape du Défi du Galop, et toutes les catégories sont représentées. Notre Grand Prix est d’un très bon niveau et cette année, nous avions d’ailleurs la chance d’avoir les quatre prétendants à la victoire finale. »

Philippe Bouchara, président de la Société des courses de Vichy

« Nous avons la base pour faire quelque chose qui fonctionne »

« En ce qui concerne Vichy, nous avons toujours du monde lors des grandes réunions et un peu moins en semaine. Nous avons du public, des partants et des enjeux. L’année a d’ailleurs été plutôt bonne sur le plan du jeu. Il y a bien sûr des choses à améliorer, mais si cela marche à Vichy, pourquoi cela ne marcherait-il pas ailleurs ?

Il faut diminuer le temps entre les courses car s’il y avait un entracte d’une demi-heure entre chaque chanson lors d’un concert, la salle serait vide à la fin. Il faut aussi veiller à l’amélioration du spectacle à la télévision et chercher de nouveaux clients. Nous avons la base pour faire quelque chose qui fonctionne. Nous avons donc des raisons d’espérer. Je suis positif si nous changeons les choses. Mais cela passe par exemple par le rajeunissement de notre image. Il faut remettre les courses dans la base des loisirs. Nous devons aussi trouver de nouveaux jeux qui soient moins compliqués et offrir des nouvelles technologies sur les hippodromes.

Nous avons un spectacle qui coûte cher à organiser. Le jeu finançant les allocations, s’il baisse, les allocations devront baisser un jour et le nombre de courses diminuera. Pendant très longtemps, nous avons vécu avec des courses un jour sur deux. Mais nous avons voulu faire des courses un jeu de grattage. Or ce n’est pas cela... Il va falloir inventer quelque chose de nouveau et très vite. Car si nous continuons avec la même voilure, j’ai peur qu’il n’y ait plus de courses dans cinq ans. Nous avons tout pour réussir, mais si nous continuons comme cela, nous allons dans le mur. »

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