
Institution / Ventes / 01.12.2016
HISTOIRE, HISTOIRES… Cinquante-quatre ans de ventes d’élevage à Deauville
Xavier Bougon a consacré toute sa vie aux courses, cultivant sa passion pour l’histoire de notre sport, en complément de ses activités professionnelles dans le cadre de l’Institution. Cette semaine, il revient sur l’histoire des ventes d’élevage en France, à quelques jours du coup d’envoi de la vente de décembre Arqana.
Nous sommes le vendredi 30 novembre 1962 et il est vraisemblable que, dans quelque temps, on se souviendra de cette année sur le plan de l’élevage comme étant la date de la première vente hivernale aux enchères à Deauville et de la création d’un marché français de poulinières. Il était nécessaire d’adjoindre à la vente de yearlings un marché de poulinières puisque ce sont elles qui donnent naissance aux yearlings.
Une lacune qu’il fallait combler impérativement. On se demande même comment on n’y avait pas pensé plus tôt ! La France a créé son marché de yearlings à la fin du XIXe siècle (1887) et il a fallu attendre 1962 pour qu’elle fonde un marché de poulinières. Il le fut à Deauville malgré les hésitations, les divisions et un certain scepticisme. Le secteur économique du pur-sang en France était mal organisé ; il y avait bien quelques ventes en fin de saison à Paris (Neuilly, Longchamp ou Polo de Bagatelle) mais elles n’avaient jamais été groupées, à l’inverse de Newmarket où, depuis près d’un siècle, se tient chaque année les December Sales, un grand marché de sujets d’élevage qui réunit près de 1.200 animaux.
Le ministère de l’Agriculture avait toujours, sans en avoir eu l’idée, souhaité le regroupement à Deauville afin de bénéficier du prestige des lieux. Ce coup d’envoi était satisfaisant. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître ; il n’y avait plus qu’à continuer. C’est ainsi que l’année 2016 fête les cinquante-quatre ans d’existence des ventes d’élevage.
Avant ou après Newmarket ? L’initiative est grandement facilitée par les heureux aménagements réalisés par la Société d’encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France. En mars 1962, elle acquiert les anciens établissements Chéri qu’elle renomme établissement de ventes de Deauville (rebaptisé Élie de Brignac après le décès, en juin 1985, du président de l’Agence française de ventes du pur-sang).
C’est pour répondre aux vœux des éleveurs (dont le syndicat est présidé par Paul Duboscq) qu’elle met ces établissement à la disposition de l’Office du pur-sang et de l’Adecs (Association des éleveurs de chevaux de sang), afin d’organiser des ventes de pur-sang et notamment de poulinières en novembre 1962. Le nombre des inscriptions ayant dépassé les prévisions, les deux journées de ventes retenues s’avérèrent insuffisantes. Une troisième journée est déjà envisagée.
Les dates sont fixées avant les ventes de Newmarket ; la raison principale était la crainte que les éleveurs français, acheteurs habituellement en Angleterre, réservent leurs efforts pour le marché anglais et s’abstiennent à Deauville. Mais la présence des acheteurs étrangers est si faible qu’il semble y avoir plus de chance d’obtenir leur participation après Newmarket qu’avant. Les dates vont donc évoluer.
Walter Haefner, premier acheteur étranger. Le 30 novembre 1962, la vente débute à 9 h 30, avec un répit de deux heures au moment du déjeuner. Au catalogue sont inscrits 420 animaux : 220 poulinières, 42 pouliches, 28 foals, 68 yearlings et 62 chevaux à l’entraînement ; 247 seront vendus, parmi lesquels une jument de 10ans pleine d’Aggressor, Spice (Norseman), appartenant au baron Guy de Rothschild. Elle atteint le prix record de 138.000 F (191.000 € d’aujourd’hui), montant payé par l’un des seuls étrangers présents autour du ring, un nouveau venu, Walter Haefner (décédé en 2012 à 101 ans). Cet éleveur suisse vient de fonder Moyglare Stud en Irlande.
La création de la vente d’octobre. En marge du marché hivernal, certains éleveurs, inquiets de la quantité de yearlings invendus en août à Deauville et de la croissance des naissances, prennent en 1965 la décision d’étaler les ventes de yearlings. Ainsi, le 19 octobre 1965, de 11 h 30 à 18 heures, sont présentés 153 yearlings. Innovation à Deauville, la vacation a lieu sans interruption, l’arrêt traditionnel pour le déjeuner étant remplacé par l’ouverture permanente d’un bar-restaurant. Malgré le résultat plutôt décevant de l’expérience (42,5 % de sujets vendus), la nécessité d’une vente automnale est reconnue et, après deux détours, l’un par les Grandes Écuries de Chantilly en 1966, l’autre par les écuries de La Fouilleuse en 1967, une telle vente retrouvera sa place en 1972.
Entre-temps, au printemps 1968, est créée l’Agence française de vente du pur-sang.
Les records s’enchaînent. En 2006, la vente d’élevage enregistre l’enchère record du XXIe siècle en France. Présentée par le haras des Capucines, Mandalara (Lahib), pleine d’un étalon turc, Dinyeper, et déjà mère de Mandesha, est achetée par un courtier japonais, Nobutaka Tada, pour 1.700.000 €. La jument avait été achetée par un propriétaire turc, par l'intermédiaire de FBA, pour 16.000 €, en 2004, alors que Mandesha était yearling…
L’année suivante, la sœur de Daylami et Dalakhani, Dalataya (Sadler’s Wells), pleine de Cape Cross, est rachetée par son propriétaire, les Aga Khan Studs pour 1.200.000 €.
En 2012, Wild Wind (Danehill Dancer), issue de la famille de Miesque, est présentée par le haras des Capucines. Pleine de Galileo, elle est achetée par Three Chimneys, pour le propriétaire brésilien Borges Torrealba, moyennant 1.175.000 €. Naîtra une pouliche, qui, à ce jour, n’a pas débuté. Son propriétaire-éleveur a tenté de la céder aux dernières ventes de Keeneland, mais a préféré la garder pour 210.000 $.
En 2014, le haras des Capucines est le consignataire de Martin Schwartz pour l’ancienne pouliche d’Hervé Morin, Altérité (Literato). Sortant de l’entraînement, elle partira pour le Japon après son achat par Narvick International (Emmanuel de Seroux) pour Teruya Yoshida pour 1.100.000 €.
Dix numéros plus tard, c’est au tour de Samba Brazil (Teofilo) de fouler le ring. Elle est pleine de Dubawi et est présentée par le haras du Mézeray pour le compte du Gestüt Karlshof. C’est la famille de Samum, Schiaparelli, Sea the Moon… Rachetée dans un premier temps pour 1.500.000 €, elle a été vendue à l’amiable à un acheteur restée anonyme. Les deux poulains qu’elle a eus depuis cette vente sont tous deux élevés par Al Shahania Stud.
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