
Autres informations / 23.01.2017
Ma première Route des étalons
Par Franco Raimondi
Criquette dédicaçant des photos de Trêve à une quarantaine d’éleveurs venus en bus de République Tchèque. Deux jeunes éleveurs de la Martinique en voyage-découverte, avec le but de déplacer leur activité en métropole. La curiosité des garçons et des filles d’Aux courses les Jeunes. Et encore des dizaines et des dizaines de petits éleveurs à la recherche du coup de cœur, de l’idée de la toute dernière minute pour leur croisement ou d’une inspiration pour rêver. Voici quelques cartes postales de la Route des étalons 2017, un voyage qu’il faut faire pour découvrir la force et l’évolution de l’élevage français.
Un haras qui pèse autant que la moitié de l’Italie… En petit Italien très humble que je suis, récemment expatrié en France, j’ai eu la chance de découvrir sur le terrain – givré, c’est vrai – et sous le beau soleil de Normandie, les raisons du succès de la France comme pays d’élevage. C’est en discutant avec mon compatriote Niccolo Riva que j’ai touché du doigt la différence entre mon pays en récession et un autre en plein développement. En 2016, les étalons du haras de Thenney ont sailli 500 juments. C’est plus de la moitié des poulinières qui résident en Italie !
Grands et petits sur la même route. La France ne risque pas de s’effondrer comme les pays voisins pour une raison très simple : la culture de l’élevage est profondément enracinée et à tous les niveaux. Chez les grands éleveurs, comme chez les petits. Et la Route des étalons permet à tous de participer. L’éleveur qui n’a que deux petites poulinières et un budget limité, parcourt la Normandie en long et en large pour trouver chaussure à son pied. Mais il ne veut pas rater l’occasion de voir Le Havre (Noverre) et Siyouni (Pivotal). Il admire Intello (Galileo) ou Woottoon Bassett (Iffraaj) alors qu’il lui faut quelque chose de moins cher. Approcher ces très bons chevaux, c’est en quelque sorte caresser du bout des doigts le sport des rois, en étant acteur d’un événement qui fait marcher sur la même route des éleveurs de toutes conditions. Et parfois, être acteur, ne serait-ce que le temps d’un week-end, c’est suffisant pour sentir éclore en soi un peu de royauté…
L’effet Siyouni. La Route des étalons est aussi le moyen de découvrir les différentes politiques commerciales des étalonniers. Le succès de Siyouni, sa syndication qui a produit de la richesse pour ses porteurs de parts en a entraîné une autre, celle de Dariyan. Les 24 parts (c’est-à-dire 48 % du cheval) proposées sur le marché ont trouvé preneur en une semaine. C’était difficile à imaginer il y a dix ans. Forcément, tous les étalons n’offrent pas une réussite assurée. Il faudra aussi essuyer des échecs. Mais la syndication offre une chance énorme pour valoriser un cheval qui aurait pu être condamné par la jalousie.
Un cheval change la vie. À La Cauvinière, j’ai apprécié l’approche commerciale de Mathieu Alex et ses propos pleins de sagesse au sujet de Le Havre, le cheval qui a changé la vie –disons le destin hippique – de tous ceux qui sont entrés en contact avec lui. Ce jeune étalon, qui n’a que 11ans mais déjà une expression de vieux sage, pourra vous le confirmer si vous arrivez à comprendre son langage.
Imaginez-vous il y 10 ans… Shalaa (Invincible Spirit), le nouveau venu de Bouquetot, est splendide, prêt à entamer sa nouvelle carrière. Il attend Trêve (Motivator) de pied ferme, l’une de ses 150 premières promises. Il était impossible il y a dix ans d’imaginer avoir en France un étalon avec ce palmarès, son étiquette "meilleur 2ans de vitesse en Europe" et son prix de saillie (27.500 €). Et pourtant en 2017, tout cela est bien réel. Le cheval est déjà "plein", comme nous l’a confirmé Sébastien Desmontils d’Al Shaqab, une force nouvelle de l’étalonnage. Les poulinières de haut niveau qui restent à la saillie en France sont de plus en plus nombreuses. Des juments étrangères sont attendues.
Un rendez-vous pour tous. La Route des étalons, c’est aussi le plaisir de se revoir, un vrai coup d’envoi de la saison pour les éleveurs et tous ceux qui sont impliqués dans notre Foire des Rêves. Refaire les courses, l’élevage et son histoire, c’est un plaisir inaccessibles aux fans des autres sports. C’est le débat mais aussi l’échange d’informations, un bouche-à-oreille indispensable. Sur les routes de Normandie, on explique, on apprend et on rêve : c’est un autre des atouts majeurs du milieu.
Une route aux multiples facettes. C’est aussi – en principe et il ne faut pas l’oublier – l’occasion de montrer les nouveaux étalons et de vendre des saillies. Avec les années, le marché a beaucoup changé. La publicité est devenue plus importante et plus agressive. Les outils d’étude pour les éleveurs sont beaucoup plus précis. Mais la découverte de l’animal, l’appréciation de son modèle, le jugement de ses qualités et de ses défauts, cela ne peut se faire que sur le terrain ! Oui, même les champions ont des défauts, au point que les vieux maquignons dans la campagne italienne disent "caval senza difetti non val niente " (un cheval sans défauts ne vaut rien !).
Le futur. La Route des étalons, c’est un peu le retour à la tradition, au vivant. Mais c’est aussi un chantier à ciel ouvert. Un point de départ, un horizon qui se dessine et des frontières à franchir. Le tour de Normandie est un rendez-vous à ne pas rater. Pourquoi, dès lors, ne pas le prolonger en créant aussi un Salon de l’étalon, adossé à la vente d’élevage de décembre. Cette exposition serait réservée aux jeunes chevaux qui vont débuter leur carrière ou peuvent devenir des sire prospects comme disent les Anglais. On pourrait aussi lancer une Route des haras, à organiser en juillet. Ce week-end portes ouvertes pourrait faire découvrir aux néophytes et aux turfistes d’où viennent les chevaux qui galopent avec leurs paris sur le dos. Cela pourrait aussi créer un petit courant commercial, en incitant de nouveaux venus à s’associer sur des sujets d’élevage. Deux idées parmi d’autres, qui nous ont été soufflées par un étalonnier (Pascal Noue, pour ne pas citer de nom…)
Une réponse a la crise. Le marché des étalons – c’est une règle en économie hippique – est toujours le dernier à bénéficier des effets de la bonne santé de la filière. Mais c’est aussi le dernier à accuser les signes de la crise. Alors que les allocations stagnent, en attente d’une baisse, le marché des saillies est plus fort que jamais, avec de nouvelles vocations, des offres et des formules différentes. La grande et magique complexité de la filière – la figure de l’étalonnier n’existait presque pas il y a 20 ans – nous donnera la force de passer à travers la crise.
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