
International / 18.04.2018
MON CARNET DE VOYAGE EN AUSTRALIE - Deuxième épisode : un peu de France à l’autre bout du monde
Par Charlotte Rimaud
Les voyages forment la jeunesse : Charlotte Rimaud, l’une de nos plus jeunes recrues, est partie à la découverte de l’Australie. Pas ses plages ou ses déserts, non ! Ses courses, ses ventes de yearlings, ses haras démesurés… Dans ce deuxième épisode, elle raconte une journée de ventes à Inglis et son passage à Arrowfield Stud.
Le soleil brillait fort pour l’inspection des yearlings proposés à l’Easter Yearling Sale d’Inglis. Arrowfield, l’un des leaders du marché, présentait quatre pouliches issues de juments Aga Khan et, selon les bruits, l’une d’entre elles serait la star de la vente… Une autre "star" Aga Khan fait beaucoup parler d’elle en Australie. C’est Siyouni ! Ils rêvent tous de le voir venir faire la monte ici. Les succès de son fils Aylemerton ne sont pas étrangers à cet engouement. Siyouni en Australie ? Ce n’est pas d’actualité. Georges Rimaud, manager des Aga Khan Studs nous a expliqué : « Le succès d'Aylmerton en Australie a effectivement fait tourner bien des têtes et la pression pour l'exporter pour la saison australienne était importante la semaine dernière, lors des ventes à Sydney. C'est un cheval qui a pris énormément de valeur ces derniers temps et les Australiens ne s'y sont pas trompés, mais nous pensons qu'avec le nombre de juments qu'il va saillir cette année, ce pourrait être un risque de lui rajouter un nombre substantiel de juments australiennes. Ce grand voyage auquel les chevaux, effectivement, s'habituent bien, n'est pas non plus sans risque sanitaire, et nous devons respecter nos porteurs de parts. Nous préférons lui faire saillir des juments en Europe sur la même période que la saison australienne, et ainsi exporter ce courant de sang devenu très influent et améliorateur. »
Miser sur l’hospitalité. Quant au nouveau complexe des ventes dont nous avons déjà parlé, il est tout simplement grandiose ! Les différents haras vous accueillent comme des rois, dans une ambiance de fête. Groupe de musique, animations de réalité augmentée, cocktails, champagne à volonté… une chose est sûre : les Australiens savent recevoir !
L’hôtel sur place, le William Inglis, est vraiment très pratique. Chris Messara, la femme de John Messara, manager d’Arrowfield Stud, m’a raconté : « Si tu veux monter dans ta chambre, te couper du monde un petit moment, tu peux le faire. La piscine sur le toit est magnifique, tu as une vue sur les différentes cours de yearlings et le champ de course attenant. C’est juste un petit peu loin du centre-ville… »
Un vrai spectacle. À 14 heures, les commissaires-priseurs sont en place, les spotters également, il est temps de faire entrer le premier lot sur le ring. Les spotters sont spectaculaires, de vrais chauffeurs de salle. Non seulement ils crient comme en France pour placer une enchère, mais ils accompagnent ces enchères de positions des plus originales, en pointant du doigt les enchérisseurs. Les acheteurs ne peuvent pas rester anonymes. Chaque fois qu’un cheval est vendu, on demande le nom de l’acheteur et il est annoncé tout haut au public. Les achats se finalisent aussi via une tablette électronique. Autre particularité, les acheteurs connaissent le prix de réserve des chevaux passant sur le ring, ce qui permet de négocier une vente à l’amiable si le produit n’est pas vendu.
Un aller-retour à Arrowfield Stud. À 275 kilomètres de Sydney se trouve Arrowfield Stud, la maison des champions tels que Redoute’s Choice, Snitzel ou encore Maurice. Plus de 3 heures de route nous séparent du haras. Aussi, pour être plus efficaces et pouvoir aller voir quelques chevaux avant notre retour en France, nous y sommes allés en hélicoptère. Expérience réussie ! Après être sortis de Sydney, des kilomètres de forêts ou plutôt de bush se sont offerts à nous avant d’entrer dans la Hunter Valley. La région est riche en haras mais aussi en mines de charbon. Vus du ciel, les deux panoramas sont assez différents et étonnants. Des hectares de terres sont détruits pour l’économie du pays et d’autres hectares sont irrigués et très bien entretenus pour un autre revenu économique, celui des pur-sang. Après avoir survolé Newgate Farm, Darley, Coolmore et Yarraman Stud, nous nous posons après 1 h 20 de vol devant la maison de John Messara, à Arrowfield. Je comprends l’utilité d’avoir survolé le haras de cette façon : il ne compte pas moins de 2.500 ha !
Matt Hill, directeur du haras, m’a expliqué : « Sur le haras, nous fonctionnons dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. À 3 heures, ce sont les foals et les boxes de poulinages. Ici, ce sont les poulains que nous venons de sevrer. L’herbe est très riche dans ces paddocks car ils sont situés sur une rivière. Et là-haut, dans les collines, nous avons tendance à placer les chevaux qui pourraient avoir des problèmes de pieds, de jambes, ou autres. Et nous avons construit de tout nouveaux barns pour la préparation des yearlings. »
Tant de surface, vous imaginez bien que cela demande de l’entretien et du personnel. « Nous avons environ 80 à 90 personnes travaillant sur le haras. Il dispose du centre d’entraînement de Paul Messara, qui n’a plus beaucoup de chevaux à l’entraînement mais fait pas mal de débourrage. Il a une très belle piste d’entraînement. Nous avons aussi un acquasizer et une piscine. » Plus loin, les écuries des étalons auxquelles nous n’aurons pas accès aujourd’hui par manque de temps, et les manèges de monte : « Vous pouvez aussi voir deux manèges de monte. Pourquoi ? Car nous faisons saillir nos juments dans l’un et les juments de l’extérieur dans l’autre. Ce sont pour des raisons uniquement sanitaires. »
Les kangourous destructeurs. Les kangourous, ces animaux qui nous semblent mignons et inoffensifs, peuvent en fait poser de réels problèmes sur le haras. Matt m’a expliqué : « Ils ruinent nos barrières et nos clôtures, mais surtout ils viennent manger notre herbe. » Or l’herbe demande énormément d’irrigation : « Nous avons la chance d’avoir accès au lac à côté du haras. Mais avons tout de même un quota de mètres cubes d’eau à respecter à l’année. » Et oui, en Australie, on élève même dans des régions sèches !
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