Rodolphe Brisset, le rêve américain version entraîneur

International / 19.04.2018

Rodolphe Brisset, le rêve américain version entraîneur

Par Adeline Gombaud

Rodolphe Brisset, c’est le rêve américain version entraîneur. On a beaucoup parlé de Julien Leparoux et de Florent Geroux qui ont quitté la France quasi anonymes et sont devenus des stars outre-Atlantique. Leur "pote" Rodolphe Brisset n’a pas encore ce statut, mais tout de même. Moins d’un an après son installation, il pourrait avoir un partant dans le Kentucky Derby !

 

La photo a un peu vieilli, mais on y reconnaît Christophe Soumillon, en selle sur Dalakhani, après leur succès dans le Prix du Jockey Club. C’était en 2003. Le jockey est félicité par un jeune homme qui s’était mis sur son trente et un pour ce grand jour. Son nom ? Rodolphe Brisset. Il n’était alors "que" cavalier d’entraînement chez Alain de Royer Dupré, et grand ami du top-jockey. Et il avait envie de voir autre chose… Quinze ans après, Rodolphe Brisset n’a pas tellement changé. L’accent peut-être… Le costume, il le porte toujours les jours de courses, mais avec l’étiquette d’entraîneur. Treize ans qu’il a fait ses valises pour les États-Unis. « J’ai été apprenti chez David Smaga et j’étais très ami avec Christophe Soumillon. Quand il a signé pour Son Altesse l’Aga Khan, il m’a demandé de le suivre chez Alain de Royer Dupré. Je pense que c’est la meilleure chose qui me soit arrivé lorsque j’étais en France ! Je n’étais pas un bon jockey, mais j’ai pris goût à l’entraînement en côtoyant Alain de Royer Dupré. C’est un vrai homme de cheval, soucieux du détail. C’est grâce à lui que j’ai acquis des bases solides. »

Pour apprendre l’anglais… Rodolphe Brisset jouera aussi le rôle d’agent de Christophe Soumillon pendant un an, avant de vouloir découvrir autre chose. « Je ne parlais pas bien anglais et je pensais que c’était important dans ce milieu. Au début, je pensais à l’Australie. Mais la sœur de Julien Leparoux, Virginie, a parlé à son frère, et Patrick Biancone, pour lequel il travaillait, m’a appelé. Je suis parti pour les États-Unis en 2005. J’avais 21 ans. Je suis resté quelques mois cavalier d’entraînement pour lui, puis je suis devenu son assistant. Deux ans plus tard, je rejoignais l’équipe de Bill Mott. » Rodolphe Brisset côtoie une foule de champions, dont Royal Delta (Empire Maker), celle qui l'a le plus marqué. Mais surtout, il apprend, mûrit, se forge un réseau. L’idée de s’installer commence à germer… « Bill Mott m’a beaucoup appris, notamment dans les soins aux chevaux. Mais il m’a aussi permis de grandir. Aux États-Unis, le poste d’assistant vous donne beaucoup de responsabilités, puisqu’il s’agit de gérer un barn. J’ai beaucoup voyagé avec les chevaux, ce qui m’a permis de découvrir les réglementations de chaque État, de nouer des relations avec des futurs propriétaires. Puis je lui ai annoncé, en août 2016, que je souhaitais m’installer en avril 2017. Ce n’était pas facile au début, mais il m’a soutenu. » Restait à franchir le cap. Et pour le jeune homme, pas de doute, c’est plus facile aux États-Unis qu’en France : « Ici, peu importe votre nom de famille, si vous avez fait vos preuves, on vous donne votre chance. Mes années d’assistant m’ont permis d’acquérir une certaine notoriété, si bien que je n’étais pas inconnu quand j’ai décidé de me lancer. Je ne pense pas que cela aurait été possible en France… »

Le Kentucky Derby ? Possible ! Rodolphe Brisset est actuellement basé à Keeneland, avec une antenne à Churchill Downs. L’hiver, cap sur la Floride et la Nouvelle-Orléans. L’ex-homme de l’ombre a dû lui-même recruter deux assistants pour lui permettre cette organisation d’écurie "itinérante", si caractéristique des États-Unis. Il compte déjà vingt-cinq pensionnaires, des chevaux d’âge, auxquels ne vont pas tarder à s’ajouter une vingtaine de 2ans.

Quip (Distorted Humor), son fer de lance actuel, a acquis suffisamment de points pour courir le Kentucky Derby. Il vient de se classer deuxième de l’Arkansas Derby (Gr1), le week-end dernier. « Quip a très bien couru. Il allait vraiment facilement à 600m du poteau, mais le gagnant nous a un peu surpris en venant lancé sur nous. Le cheval s’est bien ressaisi à 200m du but et a fait preuve de courage. Il a 90 points, donc il peut courir le Kentucky Derby. Nous nous laissons une semaine pour décider. Il faut juger de son état de récupération. Nous lui avons beaucoup demandé depuis le début de l’année. Si nous ne le sentons pas à 100 %, nous pourrions attendre les Preakness. » Il faut dire aussi que Quip appartient à une association entre WinStar Farm, le China Horse Club et SF Racing, qui ont d’autres cartouches pour Churchill Downs.

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