
Institution / Ventes - International / 09.05.2018
ARQANA BREEZE UP - Longways Stables franchit un cap
Par Adrien Cugnasse
Royal Ascot, c’est le mot magique pour les propriétaires anglo-irlandais. Lors de l’édition 2017 de ce meeting, Le Brivido a offert une nouvelle victoire de prestige à Longways Stables. La structure de Mick Murphy et Sarah O'Connell est en passe de prendre une nouvelle dimension.
On dit des Irlandais qu’ils sont durs à la tâche, accueillants, et de véritables hommes de chevaux. Pour beaucoup de ruraux de ce pays, le pur-sang est bien sûr une passion. Mais c’est aussi le véhicule de leur réussite professionnelle. Parfois les clichés ne sont pas infondés car cette brève définition convient parfaitement à Mick Murphy et Sarah O'Connell. Leurs installations, à Longways Stables, sont simples. Mais leurs chevaux sont impeccables et grâce à plusieurs bonnes ventes, ils vont bientôt pouvoir déménager dans une structure plus confortable, près de Waterford.
Un porte-drapeau, Le Brivido. Le Brivido (Siyouni), lauréat des Jersey Stakes (Gr3) à Royal Ascot, s’est aussi classé deuxième l’Abu Dhabi Poule d'Essai des Poulains (Gr1). Il a ainsi offert une belle publicité à ses consignataires, Longways Stables, qui l’ont vendu 105.000 € lors de l’édition 2016 de la breeze up Arqana. Mick Murphy nous a confié : « Nous l’avions acheté avec Paul Basquin, en octobre 2015 à Arqana. Sa page de catalogue n’était pas exceptionnelle et nous l’avions payé 42.000 €. En l’espace de sept mois, il s’est beaucoup amélioré. Nous essayons d’acheter des "FR" comme Le Brivido, mais ils sont chers. » Mick Murphy et Sarah O'Connell sont des inconditionnels de l’étalon du haras de Bonneval : « Les dernières générations de Siyouni sont issues de mères de meilleure qualité. La production de cet étalon breeze souvent de manière exceptionnelle. Il apporte de la vitesse. Ceux que nous avons eus étaient faciles. C’était le cas de Le Brivido. Concernant Salsa Bella (Siyouni), nous l’avions rachetée 44.000 € lors de la breeze up 2017. Après une victoire à Bordeaux, elle est passée à la vente de l’Arc où Nicolas de Watrigant l’a achetée pour 180.000 €. Exportée aux États-Unis, elle s’est classée deuxième des Sweetest Chant Stakes (Gr3), sa première sortie outre-Atlantique. »
Deauville a beaucoup changé. Mick Murphy et Sarah O'Connell ont connu de bons résultats lors de la vente de 2ans montés d’Arqana. Outre Salsa Bella et Le Brivido, ils y ont en effet présenté Tierra del Fuego (Champs Élysées), troisième du Prix La Camargo (L) avant de tenter sa chance au niveau classique. Mick Murphy nous a confié : « Cela fait au moins une décennie que je viens à Arqana. Cette agence fait vraiment très bien son travail. Certains chevaux que nous présentons sont éligibles aux primes françaises, d’autres non. Y avoir accès est un plus, mais la qualité du cheval fait la différence. Le marché de Deauville, qui était très français au départ, est à présent vraiment international. Tous les grands acheteurs sont là mais dans un même temps, la demande locale semble être moins forte. L’an dernier, nous avons acheté sept yearlings en France. »
Face à une demande de plus en plus sélective, il faut s’adapter et prendre des risques : « Acheter des yearlings, c’est difficile. Ceux que nous voulons sont de plus en plus chers. C’est une prise de risque pour nous, et neuf fois sur dix, elle est élevée. Lorsque la famille a fait des chevaux qui ont duré dans le temps, c’est un signe positif. Nous essayons de nous concentrer sur des pedigrees de distance intermédiaire. » Longways Stables présente neuf 2ans lors de l’édition 2018 de la breeze up Arqana.
Les breeze up, un premier filtre. Un certain nombre de préjugés circule au sujet des ventes de 2ans montés. Ils sont souvent nourris par l’exemple américain : « Les breeze up européennes sont très différentes de leur équivalent outre-Atlantique. Là-bas, il y a un chronométrage officiel et cet élément a une importance capitale. Je me demande comment leurs 2ans de grande taille peuvent galoper aussi vite. En Europe, c’est beaucoup moins le cas. » Mick Murphy et Sarah O'Connell perçoivent donc ces ventes comme plus avantageuses pour les acheteurs : « Les chiffres prouvent que la préparation aux breeze up n’a pas d’influence négative. Les poulains ont la même fréquence de sortie et la même marge de progression au niveau du rating que ceux acquis lors des vacations réservées aux yearlings. Je pense que la principale différence se situe au niveau de la position de l’acheteur. Lors des breeze up, il voit beaucoup plus de choses, même si un galop décevant ne signifie pas que le poulain ne deviendra pas un futur bon cheval de course. Un certain nombre de sujets ont été écartés pendant la phase de préparation pour des causes difficilement prévisibles lorsqu’ils étaient yearlings. Il y a donc un premier filtre. Le fait qu’ils prennent part à une vente de 2ans montés atteste déjà d’une certaine solidité : ils sont capables d’encaisser un entraînement. C’est la raison pour laquelle les radios sont aussi importantes, et il est simple de comprendre pourquoi, lors des achats de yearlings. En effet, à ce stade, l’incertitude est bien plus grande. »
Atouts et faiblesses de l’Irlande. Chez les différents consignataires que nous avons pu rencontrer, le niveau des cavaliers était très bon et certainement supérieur à ce que l’on voit souvent en France. Mick Murphy et Sarah O'Connell ont une explication à ce phénomène : « Nous vivons dans une région où les point-to-point sont nombreux. Ils représentent un marché très important. Beaucoup de gens qui sont en selle chez les préparateurs de chevaux de breeze up le matin, montent en course d’obstacle l’après-midi. » Dans la région de Cork, la concurrence est forte pour les meilleurs cavaliers. Dès lors les consignataires ont plusieurs solutions pour recruter et fidéliser : distribuer des participations dans les chevaux à vendre et/ou faire appel à des étrangers. « En Irlande, nous avons un réel manque de personnel. C’est la même chose en Grande-Bretagne. La filière hippique doit réagir sur ce point. Beaucoup de consignataires irlandais font appel à des jockeys brésiliens. Ils montent bien mais ont parfois des problèmes de visa. » Deux jeunes français, Charline Renée et Nicolas Martineau sont récemment venus se former à Longways Stables. Nicolas Martineau a un projet d’installation dans la région d’Alençon.
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Pour occuper leur personnel tout au long de l’année et répartir les risques, les consignataires misent sur la diversification. Mick Murphy nous a dit : « Après une carrière de jockey, j’ai été l’assistant d’Edward O'Grady, qui dominait la scène irlandaise sur les obstacles, avant l’explosion de Mullins. Nous commençons à acheter des foals d’obstacle, surtout des mâles, et en partie en France. Nous faisons également du débourrage et du préentraînement pour Willie Mullins. C’est un grand professionnel et nous avons vraiment de la chance de travailler avec lui. Parmi nos employés, certains sont vraiment passionnés par le dressage des sauteurs.» Sarah O'Connell a précisé : « J’ai travaillé pour Coolmore dans plusieurs pays, mais également pour John O’Connor. Nous élevons quelques chevaux de plat, avec trois poulinières. Mais ce n’est vraiment pas facile. Enfin, en 2017, nous avons préparé dix yearlings pour les ventes. »
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