Saxon Warrior fait trembler les bookmakers

Courses - International / 23.05.2018

Saxon Warrior fait trembler les bookmakers

Il assez difficile d’expliquer dans un pays comme la France, où le pari mutuel fait référence, le fonctionnement du betting anglais. Une traduction littérale d’odds-on favourite pourrait être "grand favori". Mais dans les faits, c’est beaucoup plus que cela. Cette expression anglaise signifie que si vous jouez un gagnant odds-on, en cas de victoire le bookmaker devra vous donner votre mise et une fraction de cette dernière.

Le samedi 2 juin, Saxon Warrior (Deep Impact) sera le 33e odds-on favourite au départ du Derby. Il prendra part à la 239e édition de ce classique. Sa cote, après les forfaits de mardi, est de 4/6 (1,66/1). Si vous jouez 100 € et qu’il gagne, le bookmaker devra vous reverser 166 €.

Ceux qui ont gagné. Un Derby avec un favori odds-on, ce n’est pas courant. Dans l’histoire de la course, cela n'arrive qu'une fois toutes les 7,24 années ! Saxon Warrior sera le septième depuis 1968. Les six qu’ils l’ont précédé affichent une réussite de 50 % à la gagne. Camelot (Montjeu) a gagné à 8/13, Shergar (Great Nephew) avait perdu en route ses rivaux à 10/11 et Sir Ivor (Sir Gaylord) avait coûté aux bookmakers beaucoup plus que sa cote de 4/5. En effet, pendant l’hiver, les fins observateurs et les parieurs aux grandes oreilles avaient misé sur le pensionnaire de Vincent O’Brien grâce à l’ante post betting.

Ceux qui ont perdu. Dans la même période, trois favoris odds-on ont échoué. En 1997, Entrepreneur (Sadler’s Wells) avait provoqué une hallucination collective en remportant les 2.000 Guinées. Il s’était élancé dans le Derby à 4/6 (1,66/1). Le pensionnaire de Sir Michael Stoute était un miler et il n’a pas tenu, se classant quatrième. Quatre ans plus tard, Tenby (Caerleon), lauréat du Grand Critérium (Gr1) et des Dante Stakes (Gr2), faisait figure d’imbattable à 4/5 (1,80/1). C’était sans compter sur le fait que Sir Henry Cecil ne courait jamais deux chevaux dans la même course pour le plaisir de se promener avec deux selles. Tenby n’a pas tenu alors que son deuxième candidat, Commander in Chief (Dancing Brave) s’est imposé en invaincu et a ensuite remporté le Derby d’Irlande.  En 1984, El Gran Senor (Northern Dancer), à 8/11, était venu comme un gagnant sûr. Mais tout à la fin, il s’était fait terrasser par Secreto (Northern Dancer), entraîné par David O’Brien, le fils de Vincent.

LES SIX DERNIERS ODDS-ON FAVOURITE DU DERBY D’EPSOM

Année Favori Cote Entraîneur Classement Gagnant (cote) Partants
2012 Camelot 8/13 Aidan O'Brien 1 9
1997 Entrepreneur 2/3 Sir Michael Stoute 4 Benny the Dip (11/1) 13
1993 Tenby 4/5 Henry Cecil 10 Commande in Chief (15/2) 16
1984 El Gran Senor 8/11 Vincent O'Brien 2 Secreto (14/1) 17
1981 Shergar 10/11 Sir Michael Stoute 1 18
1968 Sir Ivor 4/5 Vincent O'Brien 1 13

Cracks mais pas grands favoris. Le bilan des odds-on favourite dans la longue histoire du Derby est positif (18 gagnants sur 32). Mais pas besoin d’être un Prix Nobel d’économie pour comprendre qu’un parieur qui aurait joué tous ces chevaux serait perdant. Chaque Derby a son histoire et il est amusant de découvrir que des champions de la taille de Sea the Stars (Cape Cross) n’étaient même pas favoris : à ce dernier, on a préféré Fame and Glory (Montjeu). Le grand Galileo (Sadler’s Wells) était cofavori mais à 11/4, la même cote de Golan (Spectrum).

Nashwan gagnant, Dancing Brave battu. La performance qui a fait fondre la cote de Saxon Warrior, c’est sa victoire dans les 2.000 Guinées. On peut le comparer à trois gagnants des Guinées – outre El Gran Senor – qui furent tout aussi impressionnants que le japonais de Ballydoyle. Nashwan (Blushing Groom), en 1989, s’était imposé à Newmarket face à un lot qui comprenait un certain Danehill (Danzig), avec la manière d’un poulain qui était sur une distance trop courte. Il est parti à 5/4 et a gagné son Derby en invaincu. En 1986, Dancing Brave (Lyphard) n’était même pas sorti du canter pour dominer Green Desert (Danzig). Le grand jour à Epsom, il est parti à 2/1, suite à quelques doutes sur sa tenue. Il a trouvé deux rivaux, Shahrastani (Nijinsky) et son jockey, Greville Starkey, sur son passage. Résultat de la course : deuxième. Dancing Brave a ensuite remporté les Eclipse Stakes (Gr1), les King George VI and Queen Elizabeth Stakes et un Arc de Triomphe d’anthologie.

Nijinsky et les français. Dans les mois à venir, le nom de Saxon Warrior sera de plus en plus souvent associé à celui de Nijinsky (Northern Dancer). En 1970, ce dernier avait ridiculisé ses adversaires dans les Guinées alors qu’il était à 4/7. Il est arrivé au Derby invaincu, en champion des 2ans, mais les parieurs anglais ne lui ont pas fait confiance. Il est parti favori mais à 11/8, avec quelques doutes, et un fort soutien aux deux français, Gyr (Sea-Bird II) et Stintino (Sheshoon). Le premier avait remporté le Prix Hocquart, l’autre s’était promené dans le Prix Lupin. Ces deux derniers étaient de vrais chevaux de Gr1, avec des garanties de tenue, mais les bookmakers n’avaient pas compris que Nijinsky était un crack, le dernier lauréat de la Triple couronne anglaise.

Il était favori… avant les Guinées ! D’ici au Derby Day, la cote de Saxon Warrior ne changera pas beaucoup, même si quelques bookmakers offrent 8/11. La plupart d’entre eux ont cadenassé le betting sur deux chevaux, le favori et Roaring Lion (Kitten’s Joy). Pour les bookies, c’est une course déjà courue d’avance. Les outsiders feront la différence, mais ce n’est qu’un détail. La bataille du Derby était planifiée bien avant les Guinées, quand une masse énorme d’argent est arrivée sur Saxon Warrion à 4/1.

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