
14.05.2018
EN RUSSIE, L’INFLUENCE FRANÇAISE NE FAIBLIT PAS
La Russie a beaucoup influencé l’élevage de pur-sang arabes à travers le monde. Dans cette fédération, les reproducteurs importés de France ont joué un grand rôle par le passé et dominent encore actuellement la scène hippique locale.
L’élevage russe a été créé à partir d’une majorité de sujets importés de Pologne, d’Angleterre et de France. Peu de chevaux sont directement passés des pays arabes à la Fédération de Russie. En 1930, six juments et un étalon, Kann (Denouste), sont importés depuis la France jusqu’au haras de Tersk, dans le Caucase, soit l’extrémité sud-est de ce qui était alors l’Union des républiques socialistes soviétiques. Leur influence fut considérable et Kann a d’ailleurs fondé une lignée mâle qui existe encore de nos jours. Yves Plantin nous a confié à ce sujet : « Les Russes comme les Polonais ont importé des chevaux français à cette époque. Au fil du temps, les éleveurs russes ont pérennisé ce sang dans les pedigrees. Alors qu’en Pologne, il a progressivement été mis de côté. »
LA DEUXIÈME VAGUE D’IMPORTATIONS FRANÇAISES
À partir du tournant des années 1990 et 2000, le français de naissance Nougatin (Dormane) a profondément marqué le stud-book russe. C’est la deuxième vague d’influence française. Kai Sagemueller, de Kavkaz Bloodstock, nous a expliqué : « Cet étalon a été utilisé au haras de Tersk en 1999 et 2000. Il est désormais présent dans la plupart des pedigrees autres que purs russes. Nougatin s’est révélé considérablement améliorateur sur le plan des courses hippiques. Il a apporté beaucoup de vitesse. Après Nougatin, en deuxième position en termes d’influence, on peut citer Marwan (Manganate). Il a été utilisé en insémination artificielle et n’a pas eu une production numériquement très importante. Mais il a connu beaucoup de succès en tant qu’étalon, père de père et père de mère. Il faut également noter la réussite d’autres étalons importés de France comme Benedick (Dormane), Karmel de Faust (Akbar) et Grand Écran (Dormane) qui sont sur la montante. Dubai Heros (Amer) va avoir ses premiers 3 ans en piste cette année. Zakbar (Akbar) a déjà donné, dans sa première production, le meilleur poulain de sa génération en Russie. Parmi les importations récentes, il y a Dhobiani Al Mels (Akbar) et Folastello Py (Njewman). »
L’HISTOIRE DE NOUGATIN
Bien né puisqu’issu de Dormane (Manganate) et de la mère de Spaghetti (placé du Derby du Qatar), Nougatin a vu le jour chez Françoise Blondel et Yves Plantin. Ce petit-fils de Nefta (Saint Laurent) n’a couru que deux fois et sans résultat à l’automne de ses 3 ans. C’est donc nanti d’un palmarès des plus modestes qu’il a quitté la France. Yves Plantin, son coéleveur, se souvient : « Il avait eu un problème de tendon et c’est la raison pour laquelle je l’avais vendu à l’exportation. Nougatin est parti chez monsieur Den Hartog, aux Pays-Bas. Ce dernier a toujours beaucoup travaillé avec la Russie. Les lignées françaises sont souvent associées à la tenue. Mais dans le cas de Nougatin, il faut savoir que sa mère a produit des chevaux ayant de la vitesse, avec des étalons différents. » Pour le compte de son importateur, il a produit Poulain Kossack (Nougatin) aux Pays-Bas. Ce dernier fit sensation dans l’Hexagone en s’imposant dans la Qatar Cup - Prix Dragon (Gr. II PA). Dans cette préparatoire à la Qatar Arabian World Cup, il était monté par Jadey Pietrasiewicz. Il s’agit de la première victoire d’une femme dans un Groupe en France. En Russie, Nougatin a été tête de liste des pères de gagnants. Il a notamment donné les lauréats de Groupe I PA Valensia (Oaks), Nonius (Derby et St Leger, à deux reprises), Neron (Great Cup)…
LA RÉUSSITE DU SANG DE MARIFA
La lignée du haras de Mandore est représentée par deux étalons en Russie, issus d’une même jument, Marifa (Chéri Bibi). Marwan (Manganate et Marifa) fut le premier des quatre black types de sa mère. Né chez Jean-Marc de Watrigant, il a remporté la Coupe d’Europe du Cheval Arabe qui est aujourd’hui un Groupe I PA. À l’international, le produit le plus célèbre de Marwan est certainement Periander, né aux Pays-Bas et qui avait notamment remporté l’International Ifahr Trophy (Gr. II PA) en Turquie. Il s’était aussi classé deuxième de l’Emirates Championship (Gr. I PA). En Russie, le meilleur produit de Marwan est la multiple gagnante de Groupe I PA Vestfalia (Derby de Moscou, Ministry of Agriculture Cup, Naseem Stakes, Derby et Oaks).
Marifa fut vendue pleine d’Akbar (Djelfor) au haras de Saint-Faust, où elle a donné le jour à Karmel de Faust (Akbar). Vendu 72 000 euros à la vacation organisée par Arqana et l’Afac à Saint-Cloud, ce dernier a pris la direction de la Russie. Dans son pays d’adoption, il a remporté plusieurs Groupes I PA (Russian President Cup, Moscow Derby, Great Cup) à 3 ans et 4 ans. À son tour, Karmel de Faust a donné des gagnants au niveau Groupe PA avec Karmelina (Tatarstan Star Cup), Pancer Faust (Great Russian Cup), Tukan (Naseem Stakes), Gaskonia (Great Prize for Fillies)…
GRAND ÉCRAN MONTE EN PUISSANCE
Élevé à la jumenterie de Pompadour, Grand Écran (Dormane) fut vendu 40 000 euros à la vacation organisée par Arqana et l’Afac à Saint-Cloud. En France, ce petit-fils de Gora (Manganate) avait décroché trois places en trois sorties. Et ses statistiques sont impressionnantes : en 2017, avec seulement quatre partants, il a remporté trois Groupes I PA ! Il est notamment le père du cheval de l’année en Russie Kavaler Kavkaz (deuxième du Derby et gagnant du St Leger). On lui doit aussi Pressa Kavkaz (St Leger, Oaks), également élevé par Kai Sagemueller de Kavkaz Bloodstock, ainsi que Tudor (Derby). Autre jeune étalon né en France et sur la montante, Zakbar (Akbar), issu de l’élevage Biraben, n’avait que trois produits en piste avec sa première production. Il a malgré tout réussi à donner un lauréat de Groupe I PA.
BENEDICK, LE POIDS LOURD
Élevé en France par la famille Niarchos, Benedick (Dormane) est l’un des trois fils de Dormane (Manganate) à avoir profondément influencé le stud-book russe. Après avoir couru en France, il a remporté le Moscow Derby et la Russian Cup (Grs I PA). De 1990 à nos jours, il est possible d’établir un palmarès des pères les plus influents. En effet, le Syndicat des éleveurs russes a un système de points en fonction du nombre et du niveau des courses gagnées par la production d’un étalon. Et sur ces vingt-huit années de compétition, Benedick est deuxième au classement des sires. Il est connu pour apporter vitesse et précocité. On lui doit notamment les gagnants de Groupe I PA Gubernator (Great Cup), Sabbita (Great Cup), Vesenniy Grom (St Leger, Naseem Stakes), Kemchug River (Great Cup), Basya (Oaks), Al Bakir (Great Cup, Kazanian Favorite Cup), Arsenta (Oaks), Akros (Great Kazanian Cup), Sablya (Great Cup), Dobrotnaya (Great Cup), Gobelen (Great Cup)…
LES PARTICULARITÉS DU PROGRAMME RUSSE
Dans ce pays, les pur-sang arabes courent à 2 ans. Le programme local offre un peu plus de cent-quarante courses par an, dont une vingtaine de Groupes I PA. Plusieurs chevaux importés de France ont brillé ces dernières années. C’est le cas de Faucon du Loup (Darwesh). Cet élève de Jean-Marc Saphores a notamment remporté cinq Groupes I PA, dont l’épreuve la plus prestigieuse de Russie, les Naseem Stakes (Gr. I PA). Exporté, il s’est imposé dans le Maktoum Challenge Round II (Gr. I PA) à Meydan. Deux chevaux élevés au haras du Berlais, Mascate (Munjiz) et Avonmouth (Cambrydge), le premier gagnant d’un Groupe I PA et le second de deux Groupes I PA, se sont distingués ces dernières années. Ces trois chevaux sont passés par la vente de Saint-Cloud.
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