
Courses - International / 04.05.2018
KENTUCKY DERBY (GR1) - Mendelssohn, seul contre l’Amérique
CHURCHILL DOWNS (US), SAMEDI
Est-ce qu’un 3ans entraîné en Europe peut gagner le Kentucky Derby (Gr1) ? La réponse était non jusqu’à 15 h 30 (heure française) le samedi 31 mars. Deux minutes après la démonstration, en pur style Secretariat, de Mendelssohn (Scat Daddy), ce grand NON s’est transformé en pourquoi pas. Le show du poulain de Coolmore dans l’UAE Derby (Gr2) a été le moment fort de la réunion de la Dubai World Cup. Il a gagné de dix-huit longueurs et demie en affichant le record de la piste sur 1.900m (1’55”18). Les handicapeurs en Europe et aux États-Unis se sont cassé la tête pour juger correctement une performance folle. Avec l’aide de Bruno Barbereau, on est arrivé à un rating de 128, soit six livres au-dessus de celui assigné par le Racing Post. Timeform, qui utilise une échelle différente, a vu presque le même cheval que le Racing Post. Les handicapeurs officiels ont donné au poulain un rating de 122 dans les Longines World’s Best Racehorse Rankings. American Pharoah (Pioneerof The Nile) avait gagné le Kentucky Derby 2015 avec un rating international de 124.
Le risque des préliminaires. Le moment des calculs est terminé. Mendelssohn possède le talent pour gagner le Kentucky Derby mais il lui faut battre un adversaire plus dangereux que les dix-neuf autres candidats. Le Kentucky Derby n’est pas une course comme les autres et on le comprend déjà au moment du walk over, la promenade des écuries au rond de présentation, devant une foule de 160.000 spectateurs. Déjà, quand Mendelssohn prendra le tunnel qui passe à travers la tribune pour se rendre au rond, son destin peut être scellé. Plusieurs bons chevaux n’ont pas supporté la pression et ont perdu avant même d’entrer dans les boîtes.
Churchill Downs n’est pas Meydan. La course arrivera ensuite et les problèmes ne viendront pas de la surface. Mendelssohn est un demi-frère de la championne Beholder (Henny Hughes), il est né pour galoper sur le dirt. On ne peut pas savoir à l’avance, en revanche, s’il est né pour gagner le Kentucky Derby. Ce samedi, il va se retrouver dans une course qu’il n’a même pas dû imaginer dans ses pires cauchemars. À Meydan, il a fait ce qu’il a voulu ; à Churchill Downs, il trouve dix-neuf adversaires qui veulent faire la même chose… C’est cela qui rend le Kentucky Derby si particulier. On peut même parler de compétition sauvage.
Le scénario tactique. Le 14 dans les boîtes n’est pas un mauvais numéro mais Ryan Moore ne peut pas programmer un parcours à l’économie. Il faudra prendre un bon départ et croiser les doigts. Mendelssohn sera obligé de forcer un peu pour arriver au contact des animateurs. Le favori américain Justify (Scat Daddy) est à sa gauche, dans la boîte 7, et il aime courir tête et corde. Il peut être contré par les outsiders Promises Fulfilled (Shackleford) et Flameaway (Scat Daddy). Un autre des candidats majeurs, l’invaincu Magnum Moon (Malibu Moon), aime imposer son train et il est rangé à l’extérieur avec le 16.
Apollo, laisse-les tranquilles… La clé pour gagner le Kentucky Derby, mais aussi un petit handicap en province, c’est d’avoir un bon parcours. Mais c’est plus dur à Churchill Downs le premier samedi de mai qu’ailleurs… Cette édition comporte un point d’interrogation supplémentaire. Il s’agit de la malédiction d’Apollo, c’est-à-dire le mauvais sort qui a empêché de gagner depuis 1882 tous les poulains qui n’ont pas couru à 2ans. Or les deux qui montré le plus de classe, Justify et Magnum Moon, ont fait leurs débuts le 18 février et le 13 janvier respectivement.
Les autres candidats. Justify et Magnum Moon sont les gagnants du Santa Anita Derby (Gr1) et de l’Arkansas Derby (Gr1). Les autres courses de préparation nous ont donné des impressions moins inoubliables. Audible (Into Mischief) s’est promené dans le Florida Derby (Gr1) mais il a eu un parcours en or, tout comme le lauréat de la Breeders’ Cup Juvenile, Good Magic (Curlin), dans les Bluegrass Stakes (Gr2). Le Wood Memorial (Gr2) a proposé Vino Rosso (Curlin) mais le choix de John Velazquez, qui l’a préféré aux autres trois de Todd Pletcher (Audible, Magnum Moon et Noble Indy), a quelque peu surpris.
Des rêves et des records. C’est pour toutes ces raisons que les parieurs américains sont prêts à mettre leur argent sur des chevaux qui sont sortis battus des qualifications. C’est le cas de Bolt d’Oro (Medaglia d’Oro), qui doit refaire trois longueurs sur Justify, qui l’a battu dans le Santa Anita Derby, et de Hofburg (Tapit), qui avait terminé au même intervalle d’Audible dans le Florida Derby. Les deux sont les meilleures impressions de la dernière semaine à Churchill Downs. Ils n’ont rien à voir avec la malédiction d’Apollo ni avec celle de Storm Cat, qui attend encore qu’un représentant de sa lignée mâle porte la couronne de roses. Mick Ruis, un amateur, est l’entraîneur de Bolt d’Oro et il a déjà presque gagné son Derby en vendant la moitié du poulain à Spendthrift Farm. Bill Mott selle Hofburg et il a tout gagné sauf le Kentucky Derby. Il affiche dans la course un score de 0 sur 7 et il peut offrir le premier succès à la casaque du prince Abdullah. Un record va tomber : celui des partants pour les entraîneurs. Todd Pletcher et son maître D. Wayne Lukas sont à 48. L’élève en selle quatre samedi et il arrivera à 52, le vieux professeur en a un seul, Bravazo (Oxbow), mais, à 82 ans, il peut fêter son cinquième gagnant et reprendre l’avantage sur Bob Baffert. Il avait gagné son premier Derby il y a trente ans avec une pouliche, Winning Colors (Caro).
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