
Courses - Institution / Ventes / 13.05.2018
La loi des séries
La journée avait plutôt bien commencé. Un temps frais, mais sans pluie. Une belle lutte chez les 2ans du Prix du Cherche Midi, une victoire éblouissante de City Light ** (Siyouni) dans le Prix de Saint-Georges (Gr3), de quoi rêver déjà à Royal Ascot. Puis l’heure de The Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1) est arrivée.
Onze poulains lancés sur les 1.600m de la moyenne piste. Avec le numéro 11 dans les boîtes, Ryan Moore fait le forcing pour prendre la tête avec US Navy Flag (War Front). Le poulain déroule devant. Aux deux tiers du tournant, il trébuche. Ryan Moore le reprend, créant une bousculade derrière lui. Plusieurs poulains, dont Wootton ** (Wootton Bassett), sont malheureux. Belle lutte à l’arrivée : Olmedo ** (Declaration of War) tient son Gr1, Cristian Demuro et Jean-Claude Rouget conservent leur titre.
C’est au tour des pouliches. Elles font leur arrivée au rond, suivies par leurs jockeys, accompagnés des porteurs de panneaux aux couleurs des propriétaires. Mais certains jockeys manquent à l’appel ! Sous l’impulsion de Christophe Soumillon, très remonté suite à l’incident survenu dans la course précédente, ils demandent le transfert de la Poule d’Essai des Pouliches sur la grande piste. Moment de confusion. Il est 16 h 20 (soit cinq minutes après le départ officiellement prévu de la Poule) quand une annonce au micro de l’hippodrome appelle tous les entraîneurs ayant des partants dans le bureau des commissaires. En moins de dix minutes, la décision est prise : la course est transférée sur la grande piste.
À 16 h 35, les pouliches reviennent dans le rond, les jockeys se mettent en selle, et le départ de l’épreuve (support du Quinté) est donné à 16 h 45. Teppal (Camacho), qui effectuait sa rentrée et n’avait jamais couru sur plus long que 1.400m, s’impose devant Cœur de Beauté (Dabirsim), venue dans l’open-stretch, et Wind Chimes (Mastercraftsman), qui a progressé à l’extérieur.
Une guerre larvée entre les jockeys et les entraîneurs et/ou propriétaires ? Le résultat sur la piste ne souffre d’aucune discussion, mais les questions sur la décision du transfert demeurent. France Galop a-t-elle cédé sous la pression des jockeys ? Une guerre larvée s’est-elle installée entre les jockeys et les entraîneurs et/ou propriétaires ? Il faut d’abord resituer le contexte dans lequel cette décision a été prise. Jeudi dernier, le Quinté de Lyon a été marqué par quatre chutes, et deux jockeys ont été sévèrement touchés : Ronan Thomas (fracture de la clavicule) et Théo Bachelot, qu’une douleur au genou a empêché de monter ce dimanche. Le 25 avril, ce sont les parcours corde à droite de Maisons-Laffitte qui ont posé problème, avec plusieurs glissades survenues dans différentes courses. Samedi 28 avril, plusieurs jockeys refusent de monter les dernières courses à Toulouse, jugeant la piste dangereuse. Les courses se disputent tout de même, mais sans eux…
Édouard de Rothschild, président de France Galop, nous a expliqué : « Cette accumulation d’incidents a provoqué un certain émoi chez les jockeys. À partir du moment où le transfert sur la grande piste pouvait être effectué rapidement, et que ce changement apportait plus de sérénité aux jockeys, c’était la moins mauvaise des décisions. » Dans la gestion de cette crise, France Galop a eu le mérite de réagir rapidement, ce qui a permis à la Poule d’Essai des Pouliches de se courir dans le timing imparti.
« Il n'est pas normal qu'une personne décide pour toutes les autres ! »
Reste que la tension entre les jockeys et les entraîneurs ne cesse de s’accroître. Les uns ne se sentent pas considérés, ou alors comme simples "prestataires de service", les autres ont l’impression de ne plus être les donneurs d’ordre. Difficile pour les chefs d’entreprise qu’ils sont. Mauricio Delcher Sanchez faisait partie des plus remontés. Il nous a dit : « On ne peut pas changer la donne au dernier moment. Il n'est pas normal qu'une personne décide pour toutes les autres. Ce n'est pas à la convenance d'un seul jockey. C'est dommage. Un mauvais numéro sur la moyenne piste et la grande piste, ce n'est pas la même chose. On ne sait pas ce qui aurait pu se passer sur l'autre piste… » Jean-Claude Rouget était plus mesuré : « Il est difficile de savoir tant qu'on ne monte pas. Pour moi, c'est plus une faute du cheval de Ryan Moore qu'une glissade. Je crois qu'il a fait une faute de jambes à un endroit pas stratégique du parcours. Le boulot n'a pas été fait à Longchamp comme il aurait dû l'être pendant deux ans. Ce n'est pas normal, mais c'est compliqué. (…) Moyenne ou grande piste ? Je faisais partie de la commission technique qui a validé le retour sur la moyenne piste. Il y avait aussi Yann Lerner, qui a été jockey. Le vote avait été 5 voix pour et 0 contre… » Fabrice Vermeulen a commenté : « Je n’ai pas d’opinion tranchée sur la question. On ne nous a pas demandé notre avis, ce sont les jockeys et les commissaires qui ont pris la décision. Avant le coup, cela pouvait paraître désavantageux, mais finalement il y a des pouliches avec un numéro à l’extérieur qui sont à l’arrivée. La sécurité des chevaux et des jockeys prime avant tout et l’essentiel est que tout le monde rentre bien. »
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